Kangouroad movie d’A.D.G., c’est le miracle littéraire du printemps 2003.
Salué par Le Figaro mais aussi par Libération (en attendant Le Monde des Livres ?), le retour d’A.D.G. chez Gallimard, dans la série noire, est un événement.
Car, quel que soit son talent, il est rare qu’un auteur revienne en grâce après 15 ans de bannissement de la République des lettres pour crime de mauvaise pensance (et de Minute à Rivarol en passant par les anti-indépendantistes de Nouvelle-Calédonie, le dossier d’A.D.G. était lourd).
A.D.G. était si conscient de cette gageure qu’il avait imaginé une supercherie littéraire : présenter son nouveau livre comme la traduction d’une œuvre d’un improbable écrivain du bush australien…
L’éditeur a finalement renoncé à utiliser la mystification, mais celle-ci a contraint A.D.G. à une œuvre plus affinée que ses précédents romans : les paysages du désert australien sont décrits plus précisément et plus somptueusement que ceux du Berry et les calembours se font plus rares - ce qui ne veut pas dire qu’on les apprécie moins - que dans les « trois badours » ou la « marche truquée ».
S’agissant d’un polar, il n’est pas question de raconter l’histoire, ni d’y chercher tel ou tel message pesant. Sachez simplement qu’on trouve dans Kangouroad movie des Broussards australiens, des Abos (aborigènes) et une délicieuse routarde suisse qui peut donner furieusement envie à un honnête homme de devenir écologiste. Quant au scénario, plein de rebondissements, il tourne autour d’un quintuple crime venant troubler la nuit étoilée, sous la Croix du Sud, de deux gardiens de barrière anti-dingos dans le grand Never-Never Land du Queensland.
Alors n’hésitez pas, l’été venu, à trouver pour Kangouroad movie - ce Crocodile dundee à la fois plus sérieux et plus rigolard - une place dans votre sac à dos ou votre sac de plage ! Détente assurée !
Yves Menebrez
31/05/2003
POLEMIA
« Kangourou Movie » d’ A.D.G., Gallimard – série noire, 17,50 euros.
Et aussi : « La Nuit myope » d’ A.D.G. aux éditions Christian Durante.
