Toutefois, Hayek n’est pas un libéral comme les autres en raison de son attachement aux traditions qui fondent les civilisations et qui en font en réalité un disciple moderne d’Edmund Burke. Cet auteur britannique des « Réflexions sur la Révolution de France » annonça prophétiquement dès 1791 que celle-ci déboucherait nécessairement sur la Terreur puis sur la dictature militaire. Hayek lui aussi fut un peu prophète car il annonça la chute du régime soviétique plusieurs années avant la chute du Mur de Berlin (1989). Pour lui, le communisme était tellement contraire à la nature de l’homme qu’il ne pourrait survivre longtemps. De fait, l’Union soviétique n’a duré que 70 années environ, et c’est peu à l’échelle de l’histoire. De façon plus étonnante, Hayek a aussi annoncé la chute d’ici quelques décennies des démocraties du type occidental actuel. Comme un autre économiste plus récent, Hans Hermann Hoppe, Hayek pense que la chute démographique et l’endettement des pouvoirs publics produits par le régime provoqueront l’effondrement des mécanismes de retraite et de protection sociale, ce qui fait que les illusions des citoyens tomberont et qu’une réforme politique de grande ampleur pourra se faire contre cette « démocratie illimitée ».
Pour Hayek, il existe en effet deux traditions politiques différentes de la liberté : « la première est fondée sur la confiance dans les traditions et institutions qui ont grandi spontanément (…), la seconde visant à construire une utopie, souvent essayée mais jamais avec succès. Cependant, c’est la thèse rationaliste française avec ses flatteuses suppositions sur les pouvoirs illimités de la raison humaine qui a gagné en influence tandis que déclinait la tradition moins explicite de la liberté à l’anglaise (celle de Burke) ». Hayek ajoute que la tradition antirationaliste est plus proche de la tradition chrétienne de la faillibilité de l’homme alors que le perfectionnisme rationaliste en est la négation totale ». Pour lui, c’est une superstition de traiter de superstitions toutes les croyances du passé comme Voltaire le faisait, ces croyances étant des résultats d’expériences humaines que nous ne pouvons plus connaître.
L’adversaire « constructiviste »
Hayek dénonce le « rationalisme constructiviste », conception
qui tient pour certain que toutes les institutions sociales sont le produit
d’un dessein délibéré et doivent l’être.
Derrière la démocratie illimitée, il y a le rationalisme
constructiviste. Selon Hayek, « le grand penseur auquel les idées
fondamentales de ce que nous appellerons le rationalisme constructiviste doivent
leur plus complète expression fut René Descartes. (…) Certains
de ses disciples en vinrent à considérer comme superstition irrationnelle
le fait d’accepter sur la simple base de la tradition tout ce qui ne pouvait
être pleinement justifié sur des bases rationnelles. La morale,
la religion et la loi, le langage et l’écriture, la monnaie et
le marché avaient été, pensait-on, élaborés
délibérément par quelqu’un, ou, du moins, devaient
à un tel dessein chaque perfection qu’ils présentaient.
Cette façon de représenter l’histoire trouva son expression
la plus complète dans la conception de la formation de la société
par un contrat social d’abord dans Hobbes puis dans Rousseau qui à
bien des égards était un disciple direct de Descartes. »
« Or nombre d’institutions de la société qui sont
des conditions indispensables à la poursuite efficace de nos buts conscients
sont en fait le résultat de coutumes, d’habitudes, de pratiques
qui n’ont été ni inventées ni ne sont observées
afin d’obtenir des buts de cette nature. (…) L’homme est tout
autant un animal obéissant à des règles qu’un animal
recherchant des objectifs. »
Hume et Burke influencés par la Common Law anglaise s’opposèrent à ce constructivisme ainsi que les écoles historiques de linguistique et du droit avec Humboldt et von Savigny. L’économiste autrichien Carl Menger développa aussi la théorie de la formation spontanée des institutions. A l’opposé, Voltaire ou Rousseau ne concevaient de lois que voulues a priori par la raison. Notre langage favorise cette erreur en personnifiant la société (la société veut ceci ou cela), ce qui relève de la pensée primitive.
Liberté et démocratie : une relation ambiguë
La particularité d’Hayek est que sa critique de la démocratie
est fondée sur son non-respect de la liberté et de l’Etat
de droit, ce qui n’est pas la critique à laquelle nous sommes habitués.
Hayek rappelle que l’homme attaché aux libertés «
vise à limiter les pouvoirs coercitifs de tout gouvernement, qu’il
soit ou non démocratique, alors que le démocrate dogmatique (sic)
ne connaît qu’une seule borne au gouvernement : l’opinion
majoritaire courante. La différence entre les deux idéaux ressort
plus si l’on évoque leurs contraires : pour la démocratie,
c’est le gouvernement autoritaire, pour le régime libéral,
c’est le totalitarisme. Ni l’un ni l’autre système
n’exclut nécessairement ce que récuse l’autre : une
démocratie peut effectivement disposer de pouvoirs totalitaires et il
est concevable qu’un gouvernement autoritaire puisse agir selon des principes
libéraux ». Et il cite le penseur espagnol Ortega y Gasset : «
Liberté et démocratie sont deux choses qui au début n’ont
rien à voir ensemble et finissent par se révéler de façon
tendancielle mutuellement antagonistes. »
Hayek s’insurge contre l’idée (une « superstition », écrit-il) de la souveraineté du peuple : « Le concept crucial pour le démocrate doctrinaire est celui de la souveraineté populaire. Ce concept signifie que la règle majoritaire n’est pas limitée ni limitable. L’idéal de démocratie, originairement destiné à empêcher tout pouvoir de devenir arbitraire, devient ainsi la justification d’un nouveau pouvoir arbitraire. » Et il ajoute : « Ce n’est pas dans les résolutions d’une majorité que nous trouverons une sagesse supérieure. Elles sont plutôt à même d’être inférieures aux résolutions qu’auraient prises les plus intelligents des membres du groupe après avoir écouté tous les avis. »
Les idées nouvelles viennent toujours des minorités ; et elles ne viennent pas des hommes politiques démocrates (à la différence des « despotes éclairés »). Pour Hayek, « le politicien est prisonnier de son opinion et de celle des autres (…) pour réussir, il se meut à l’intérieur du cadre établi des opinions ; il doit penser et parler banalement. Dire d’un politicien qu’il est un leader d’opinion est une contradiction dans les termes. Sa tâche dans une démocratie est de discerner quelles sont les opinions des gens les plus nombreux et non de mettre en circulation des opinions neuves susceptibles de rallier une majorité dans un avenir éloigné ». « Il semble que ce soit la destinée régulière de la démocratie qu’après une première période glorieuse pendant laquelle on la comprend comme une sauvegarde de la liberté personnelle, et où elle l’assure effectivement tant qu’elle accepte les limitations d’une loi supérieure à elle, la démocratie en vienne tôt ou tard à revendiquer le pouvoir de régler n’importe quelle question concrète selon la décision d’une majorité sans égard au contenu de cette décision. »
« Dans le monde occidental, la souveraineté illimitée n’a pratiquement jamais été revendiquée par personne depuis l’Antiquité, jusqu’à l’apparition de l’absolutisme au XVIe siècle. Elle n’a certainement jamais été reconnue aux princes médiévaux, et à peu près jamais réclamée par eux. Et bien que les monarques absolus du continent européen y aient prétendu avec succès, elle n’a pas été réellement acceptée comme légitime avant que soit installée la démocratie moderne qui, à cet égard, est l’héritière de la tradition absolutiste. (…) J’ai bon espoir qu’un temps viendra où la même répugnance que nous éprouvons envers les autres formes de gouvernement arbitraires sera ressentie à l’idée d’un groupe d’hommes détenant le pouvoir d’ordonner tout ce qui lui plaît même s’il y est autorisé par une majorité des citoyens. C’est là créer une situation de barbarie, non parce que nous avons donné le pouvoir à des barbares mais parce que nous avons lâché le pouvoir hors des digues du droit, produisant des conséquences inévitables, quels que soient les hommes à qui un tel pouvoir est confié. »
« L’avortement de l’idéal démocratique.
Démocratie ou démarchie ? »
Pour Hayek, « le pouvoir illimité est la conséquence fatale
de la forme établie de démocratie. Ce fut une illusion tragique
que d’imaginer que l’adoption de procédures démocratiques
permettaient de se dispenser de toute autre limitation du pouvoir gouvernemental.
(…) Une assemblée qui a le pouvoir de voter des faveurs à
des groupes particuliers devient forcément le cadre où les compromis
au sein de la majorité entraîneront la décision. La prétendue
volonté de la majorité élaborée dans le processus
de marchandages n’est rien de plus qu’une entente pour favoriser
ses clientèles au détriment du reste. Le discrédit de la
politique parmi les simples citoyens est dû à la constatation de
ce fait que les politiques poursuivies sont largement déterminées
par des séries de troc avec des groupes d’intérêts
organisés ». Le « politiquement nécessaire »
remplace le juste !
« Seul le gouvernement limité peut être un gouvernement honnête parce qu’il n’existe pas de règles morales générales quant à l’attribution d’avantages particuliers. Tout en étant immensément et oppressivement puissant, capable de briser toute résistance d’une minorité, il est totalement incapable de poursuivre une ligne de conduite constante zigzaguant comme un rouleau compresseur conduit par un ivrogne. S’il n’existe aucune autorité judiciaire supérieure qui puisse empêcher la législature de conférer des privilèges à des groupes particuliers, il n’y a aucune limite au chantage qu’ils peuvent exercer sur le gouvernement. Si un gouvernement a le pouvoir de ratifier leurs exigences, il devient leur esclave. » « Ce fut le cas en Grande-Bretagne avant madame Thatcher où les syndicats bloquèrent toute politique pouvant tirer le pays hors du déclin économique. »
Tout cela conduit Hayek à abandonner le nom pollué de démocratie pour celui de « démarchie ». « Bien que je croie fermement que le gouvernement doive être conduit selon des principes approuvés par le peuple dans sa majorité, et que cela soit indispensable pour préserver la paix et la liberté, je dois admettre franchement que si démocratie veut dire gouvernement par la volonté arbitraire de la majorité, je ne suis pas un démocrate ; je considère même un tel gouvernement comme pernicieux et à la longue impraticable. »
Tôt ou tard, selon Hayek, « les gens découvriront que non seulement ils sont à la merci de nouvelles castes privilégiées, mais que la machinerie para-gouvernementale, excroissance nécessaire de l’Etat tutélaire, est en train de créer une impasse en empêchant la société d’effectuer les adaptations qui, dans un monde mouvant, sont indispensables pour maintenir le niveau de vie atteint, sans parler d’en atteindre un plus élevé ». (Ce texte date de 1973.)
L’avilissement de la démocratie illimitée
Ce chapitre du tome 3 de « Droit, Législation et Liberté
» commence par une citation d’Albert Schweitzer : « Nos parlements
produisent d’un cœur léger des lois qui sont contraires à
la justice. Les Etats traitent leurs sujets arbitrairement sans chercher à
garder la notion de ce qui était juste. » C’est ce que dénonce
aussi le Pape actuel dans son dernier livre « Mémoire et Identité
» à propos des parlements occidentaux qui autorisent l’interruption
de la vie à naître.
Pour Hayek, la logique électorale conduit à « quêter les voix des individus même les plus méprisables » (sic) pour pouvoir gagner, ce qui dégrade nécessairement l’image du régime chez les gens honnêtes.
« Le maquignonnage électoral que nous finissons par considérer
comme partie intégrante de la démocratie que nous connaissons
(…) est moralement indéfendable. De là découle tout
ce qui, pour l’observateur, apparaît comme méprisable dans
l’activité politique. (…) L’erreur en cette matière
est en relation étroite avec l’idée fausse que la majorité
doit être libre de faire ce qui lui plaît. (…) Ainsi conçue,
la liberté de la représentation nationale signifie l’oppression
des citoyens. Elle est absolument en conflit avec la conception d’un pouvoir
gouvernemental constitutionnellement limité, elle est inconciliable avec
l’idéal d’une société d’hommes libres.
(…) Tant que persiste la forme actuelle de la démocratie, le gouvernement
ne peut être quelque chose de respectable même si les politiciens
sont des anges ou profondément pénétrés de la valeur
suprême de la liberté personnelle. Quand les politiciens invoquent
la démocratie, nous devrions montrer que ce qu’ils professent est
l’égalitarisme. »
« Dans sa forme actuelle de pouvoirs sans limites, la démocratie a largement perdu de sa vertu protectrice à l’encontre de l’arbitraire gouvernemental. Elle a cessé d’être une sauvegarde pour la liberté personnelle, une digue opposée à l’abus des gouvernants (…). Elle est au contraire devenue la cause principale de l’accroissement cumulatif et accéléré de la puissance et du poids de la machinerie administrative. (…) Comme toute chose tend à devenir une question de politique, pour laquelle il est possible d’appeler le gouvernement à trancher d’autorité, une proportion toujours plus large des activités humaines est détournée des efforts productifs vers des efforts politiques non seulement dans la machinerie politique elle-même mais, ce qui est pis, à travers l’appareil en rapide expansion d’une para-administration occupée à faire pression sur le gouvernement en faveur d’intérêts particuliers (…) En d’autres termes, nous avons sous le faux nom de démocratie créé une mécanique dans laquelle ce n’est pas la majorité qui décide, mais où chacun de ses membres doit consentir à ce que beaucoup d’autres se fassent payer leur vote par des faveurs s’il veut obtenir l’appui de la majorité pour recevoir celle qu’il réclame. (…) Le résultat n’est pas moins pervers lorsqu’on applique la même procédure pour distribuer le butin qui peut être extorqué à une minorité dissidente. (…) Je ne suis plus du tout assuré que le mot même de démocratie puisse encore être débarrassé de la répulsion qu’il a fini par exercer à juste titre sur un nombre grandissant de personnes, même si elles consentent rarement jusqu’à présent à exprimer publiquement leur désillusion. »
« Le seul principe moral qui ait jamais rendu possible la croissance d’une civilisation avancée fut le principe de la liberté individuelle ; ce qui veut dire que l’individu est guidé dans ses décisions par des règles de juste conduite, et non par des commandements spécifiques. (…) J’espère que le temps s’approche où ce caractère totalitaire et essentiellement arbitraire de tout socialisme sera aussi généralement compris que celui du communisme et du fascisme ; alors des barrières constitutionnelles contre tout essai d’acquérir de tels pouvoirs totalitaires, sous n’importe quel prétexte, recueilleront l’approbation générale. »
Ce que Hayek a tenté d’esquisser dans ces trois volumes de « Droit, Législation et Liberté », « c’était un itinéraire pour sortir du processus de dégénérescence du pouvoir politique dans sa forme actuelle. »
Le rôle bienfaisant de la tradition
Hayek pense que l’esprit humain et la culture se sont développés
ensemble et que c’est une erreur de croire que c’est la raison qui
a créé la culture. Il était plus important pour l’homme
de suivre les coutumes plutôt que de chercher à les comprendre.
Il y a beaucoup de règles sociales « que l’homme n’a
pas délibérément choisies mais qui se sont répandues
parce que certaines pratiques accroissaient la prospérité des
groupes qui les suivaient, ce qui conduisait à l’expansion de ces
groupes ».
« Il ne faut pas croire pour autant que les instincts humains sont “bons” ; ils sont animaux. L’homme n’a jamais inventé ses institutions les plus fécondes, depuis le langage jusqu’au droit en passant par la morale ; encore à l’heure actuelle, il ne comprend pas pourquoi il devrait les préserver lorsqu’elles ne satisfont ni ses instincts, ni sa raison. Les outils fondamentaux de la civilisation, le langage, la morale, le droit et la monnaie, sont tous le fruit d’une croissance spontanée et non d’un dessein ; des deux derniers cités, le pouvoir politique organisé s’est emparé, et il les a totalement corrompus. »
« L’homme ne s’est pas développé dans la liberté (…) la liberté est un produit de la civilisation (…) rendue possible par le développement graduel de la discipline de civilisation qui est en même temps la discipline de la liberté. (…) Nous devons notre liberté aux bornes de la liberté. » Et il ajoute : « L’homme n’a été rendu bon et civilisé ni par ses instincts, ni par la raison mais par la tradition » qui a incorporé une sagesse pratique qui a prouvé sa réussite sur de longues périodes de temps.
« Si notre civilisation survit, ce qu’elle ne pourra sans renoncer à ces erreurs, je crois que les hommes de l’avenir regarderont en arrière notre temps comme une époque de superstition, principalement caractérisée par les noms de Karl Marx et Sigmund Freud. Je crois que les gens découvriront alors que les idées les plus répandues qui dominèrent le XXe siècle, celle d’une économie planifiée avec juste distribution, celle de la libération personnelle par le rejet des refoulements et de la morale traditionnelle, celle de l’éducation permissive comme voie vers la liberté et celle du remplacement du marché par un arrangement rationnel confié à un corps politique doté de pouvoirs coercitifs, étaient toutes basées sur des superstitions au sens strict du terme. »
« L’ironie de la chose est que ces superstitions sont en grande partie sorties de notre héritage de l’ère de la Raison, cette ennemie infatigable de tout ce qu’elle considérait comme des superstitions. »
En définitive, Hayek reproche à la démocratie d’être un régime inspiré par le constructivisme du XVIIIe siècle et issu des disciples de Descartes. Il se réclame de la tradition de Burke, celle du parti anglais des « Whigs » qui étaient favorables à une monarchie tempérée respectueuse des libertés.
Vers une critique de la démocratie pour défendre l’Etat
de droit
Hayek, si critique envers la démocratie contemporaine, n’a jamais
explicitement proposé de changer de régime, par exemple, au profit
d’une monarchie. Il se dit, pour se définir, « vieux whig
», comme Burke, lequel était pour une monarchie pondérée
et respectueuse des libertés. Mais un pas de plus a été
franchi par un disciple de Murray Rothbard, lui-même disciple de Hayek.
Il s’agit du professeur Hans Hermann Hoppe qui estime ouvertement que
la monarchie, « privatisation du pouvoir politique », est supérieure
à la démocratie, « collectivisation du pouvoir politique
». En effet, la gestion du propriétaire privé est généralement
meilleure et plus orientée vers l’intérêt à
long terme que la gestion d’un gérant élu par la collectivité.
En combinant les deux analyses de Hayek et de Hoppe, on arrive à la théorie
critique suivante :
1/ la démocratie se trahit elle-même pour trois raisons car :
- elle est un gouvernement de maquignonnage téléguidé par
des groupes de pression minoritaires et anormalement puissants (Hayek) ;
- elle stimule la croissance d’une bureaucratie de plus en plus nombreuse
et envahissante car tous les problèmes prennent avec elle une dimension
politique (Hayek) ;
- elle ignore le sentiment populaire dominant, ce qui se voit par le contre-exemple
de la Suisse où les référendums populaires désavouent
souvent les majorités parlementaires (Hayek) ;
2/ la démocratie remet en cause l’idéal de l’Etat
de droit protégeant les libertés pour trois raisons principales
:
- elle n’est pas un bon instrument de sélection des dirigeants,
or la liberté suppose que les dirigeants la respectent par leur culture
juridique et morale (Hayek et Hoppe) ;
- elle conduit à une gestion à très court terme où
les enjeux à long terme sont méprisés (équilibre
démographique, endettement, environnement, valeurs morales, etc.) (Hoppe)
;
- elle tend à ne pas respecter le droit naturel et donc à violer
les droits fondamentaux des individus (droit à la vie, droit d’expression,
droit de propriété) pour faire plaisir à des coalitions
d’intérêts provisoirement majoritaires (Hayek et Hoppe).
Certes, la critique est aisée et imaginer le meilleur régime politique pour l’avenir est difficile. Hayek pense qu’un Sénat de personnes d’un certain âge, donc expérimentées, et éligibles une seule fois pourrait éviter les dérives (il fait aussi confiance à une Cour suprême ; aux USA celle-ci, dont les membres sont nommés à vie, n’est en rien une institution démocratique ; c’est une institution aristocratique). Hoppe préfère une monarchie pondérée. La réflexion doit se poursuivre dans ce sens car le temps presse !
Yvan Blot
© Polemia
novembre 2005