Par Michel Geoffroy, auteur de : Le Crépuscule des Lumières, Immigration de masse. L’assimilation impossible, La Super-classe mondiale contre les peuples et La Nouvelle guerre des mondes ♦ Si vous n’avez pas le moral au spectacle du nouveau naufrage électoral annoncé de la droite nationale, le dernier essai de Jean-Claude Rolinat, Abécédaire de la décadence[1], n’est pas trop fait pour vous le redonner ! Car, en 220 pages, l’auteur dresse un tableau implacable et détaillé de la décadence occidentale et française en particulier.
« Déprimant ? Oui, un peu », admet Jean-Claude Rolinat, non sans humour. « Mais justement ça donne envie de rebondir[2] », ajoute-t-il avec un optimisme qui force l’admiration mais qui peut rappeler aussi une scène d’un film comique célèbre[3].
Bienvenue en Absurdistan !
Comme son titre l’indique, il s’agit d’un abécédaire qui regroupe, par ordre alphabétique, une suite de courtes entrées traitant chacune d’une pathologie nationale. Cela commence avec « Agressions contre des militants, agressions gratuites » et cela se termine par « Woke » : entre les racailles et les foldingos, un parfait résumé de l’Occident ! Ou de l’Absurdistan.
Car, comme le souligne Jean-Claude Rolinat dans l’article « Woke », « les élites européennes et donc françaises – mais à ce stade de déliquescence mentale peut-on encore parler réellement d’élites – sont de plus en plus tournées vers la gauche dure, radicale, quasiment une gauche hors sol ».
Le ton est donné et c’est bien vu, au moment où Emmanuel Macron se prépare à gouverner avec une majorité d’extrême gauche – celle qui l’a fait réélire – à l’Assemblée !
Voyage au bout de l’enfer occidental
L’abécédaire nous fait donc voyager dans ce qu’est devenu notre monde : banlieue, bien-pensance, féminisme, covid, mœurs, journaliste, pédophilie, islamisme, drogue, école, écologie, LGBT, milliardaires, Traoré, Union européenne, repentance, rap, Macron, girouettes, etc. Autant d’entrées, autant de stations de notre calvaire, pour être plus précis.
Un voyage au bout de l’enfer, donc, accentué par le fait que l’auteur ne fournit pas d’index, obligeant par conséquent le lecteur à se plonger tout entier dans le désastre.
Effet déprimant garanti !
Une réflexion programmatique aussi
Heureusement, certaines entrées sont plus développées que d’autres : démographie, écologie, immigration, insécurité, islam, nationalité, télévision, notamment, pour lesquelles l’auteur ne se contente pas d’un triste constat mais évoque aussi des pistes programmatiques de réforme et de renouveau.
Et, tel le Petit Poucet de la fable, Jean-Claude Rolinat sème aussi de petites pierres blanches pour nous guider dans ce voyage au bout de l’enfer occidental.
Avec des expressions qui font mouche : la France « démocratie Potemkine[4] » ; le « laxisme, mot facile pour cacher celui de lâcheté[5] » ; « L’État français est fort avec les faibles, faible avec les forts[6] » ; « Le sondage est un des éléments constitutifs du maniement des foules[7] » ; « Si Dieu existe, le Malin aussi. Et si ce dernier avait coiffé ses cornes de la tiare papale[8] ? » ; « Chirac : homme politique français de gauche qui a fait carrière à droite[9] » ; etc.
On le voit, Jean-Claude Rolinat, homme politique et journaliste d’expérience, a aussi le sens des formules !
Qui le fera ?
L’abécédaire débouche évidemment sur un triste constat : « La France est sur la pente décadente et le remplacement de son peuple, si l’on se réfère aux critères énoncés par De Gaulle, est en passe, à terme, de se réaliser[10]. »
Jean-Claude Rolinat espère manifestement que cet avis de décès va nous faire réagir mais, réaliste quant à la situation politique de notre pays, il pose aussi une cruelle question : « Qui le fera[11] ? »
Depuis l’élection présidentielle de 2022, on sait au moins que ce ne sera pas Emmanuel Macron.
Michel Geoffroy
05/05/2022
[1] Jean-Claude Rolinat, Abécédaire de la décadence, Dualpha, 2022, 25 euros.
[2] Ibid., p. 12.
[3] Le père Noël est une ordure, quand Pierre Mortez – joué par Thierry Lhermitte –, de SOS Détresse Amitié, invite un dépressif à tout laisser tomber pour ensuite, d’un bon coup de talon, mieux remonter à la surface…
[4] Jean-Claude Rolinat, op. cit., p. 123.
[5] Ibid., p. 45.
[6] Ibid., p. 22.
[7] Ibid., p. 194.
[8] Ibid., p. 171.
[9] Ibid., p. 36.
[10] Ibid., p. 168.
[11] Loc. cit.
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