Caroline Artus, essayiste
♦ Commémoration de la Bataille de Verdun : ils ont échoué à nous fourguer un rappeur homophobe et francophobe ; ils nous ont refilé 3.400 jeunes Français et Allemands en train de piquer un sprint sur les tombes de nos Poilus.
C’était une scénographie. Enfin, il paraît : créée par un cinéaste allemand Volker Schnöndorff, une foule de garçons et filles en jeans et tee-shirt, dévalant de la forêt pour s’affronter au milieu du cimetière de Douaumont, avant de mourir emportés par la grande faucheuse, étrangement représentée par un personnage juché sur des échasses.
Le tout au son d’un orchestre symphonique, les Tambours du Bronx : une bande de mecs tapant sur leur machin comme des forcenés.
Comme ils doivent y penser, en effet, ces jeunes, aux Français dans les tranchées qui ont donné leur vie pour que leur pays ne parle pas allemand, courant comme des dératés ! Comme ils peuvent se mettre à leur place, concentrés sur cette minable chorégraphie plutôt que recueillis, la mine grave, imaginant ces milliers de familles décimées aux enfants orphelins. Du ludique, du festif, de l’irrespect, du creux, du vide, du rien, à l’image des dirigeants.
Et donc une mascarade bien dans l’air du temps : surtout pas de rappel digne de l’Histoire pour la jeune génération, cela lui ferait travailler les méninges et émerger un sentiment d’union nationale. Plutôt de l’action, enrobée de fausses émotions et destinée à se prendre pour des héros. Le but ? Instaurer « un dialogue entre les morts et les vivants ». En les piétinant grâce à « des jeunes qui n’ont pas trop de conscience historique, finalement », comme l’avoue benoîtement la journaliste ? L’essentiel résidant dans la réconciliation finale prônée par François Hollande : « Aimons notre patrie. Protégeons notre maison commune, l’Europe ». Autrement dit, ne protégeons pas notre patrie mais aimons l’Europe, notre seule et véritable maison.
Bravoure, honneur, souffrances et sacrifice de nos valeureux patriotes ainsi jetés dans les poubelles de l’histoire, en quelques mots réduits à néant par un président finissant, « venu vendre sa camelote européiste », s’insurge à juste titre, Florian Philippot. Rien d’étonnant à semblable discours, quand le maréchal Pétain, quoi qu’on en pense par ailleurs, le chef de troupe aimé de nos aïeux morts par dizaines de milliers, n’a même pas été évoqué. Verdun, le 29 mai 2016 ? Une commémoration caviardée par un président depuis longtemps délégitimé, un Hollande, de surcroît, qui n’en rate jamais une, se croyant à « l’Hôtel de ville de Berlin », au lieu de celui de Verdun…
Il y a cinquante ans, le général De Gaulle était d’une autre trempe ! Sous sa présidence, ni course débile ni combat inepte ni tambours braillards, mais sobriété des attitudes qui signe la grandeur des hommes. Dignité et retenue dans la communion d’émotions, ou encore recueillement solennel puisé dans les beaux textes de Maurice Genevoix, Jules Romains, Montherlant. En 1966, il en avait de l’allure, l’hommage à nos vaillants Poilus illuminés pour la prière dans la nuit…
Témoin Charles De Gaulle, évoquant de manière « ample et détaillée » la Bataille de Verdun, montrait son incommensurable respect et sa profonde affection pour les Poilus, tandis que François Hollande, lui, ânonne son slogan imbécile « de ne pas nous refermer sur nous-mêmes mais d’être ouverts sur l’autre »…
Alors oui, « cette “cérémonie” illustre la vulgarité de la gauche, son relativisme, son mépris pour l’héroïsme français » ; elle marque « l’indécence » ou encore l’ « immense mépris » des organisateurs socialistes – tweets de Stéphane Ravier, Marine Le Pen et Marion Maréchal-Le Pen. La commémoration de la Bataille de Verdun sous le probable candidat sortant fut un Verdunthon carnavalesque d’une indignité à pleurer. Les 29 mai, nos Poilus sont morts une deuxième fois. Allons-nous laisser passer pareille infamie ?
Caroline Artus
31/05/2016
Correspondance Polémia – 1/06/2016
Image : sprint parmi les tombes