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Valls, l’Europe et le nationalisme

Valls, l’Europe et le nationalisme

par | 6 mai 2014 | Géopolitique

Valls, l’Europe et le nationalisme

Devant les Jeunes socialistes – il y en aurait donc ! –, samedi 3 mai, Manuel Valls a célébré l’Union européenne à laquelle nous devrions la paix. Le premier ministre a assené l’antienne lancée par Mitterrand, « le nationalisme c’est la guerre ». Le sujet est intéressant à l’heure où l’Ukraine, sous les provocations du gouvernement insurrectionnel de Kiev, connaît des désordres préoccupants.

Mais où sont donc passés les marxistes ?

L’arme psychologique géniale de l’antifascisme, adoptée par le Komintern en 1935 sur la suggestion de Willy Muentzenberg (1889-1940), a survécu à la chute des fascismes et a survécu à l’URSS. Le produit est d’excellente qualité, d’ailleurs il a crétinisé chez nous les adeptes du matérialisme dialectique, devenus adeptes du moralisme manichéen. Nos gens de gauche se croient toujours plus ou moins marxistes, ce qui fait de la France probablement l’ultime conservatoire en Europe du mythe de la lutte des classes.

La source des deux guerres mondiales serait les nationalismes, selon le schéma antifasciste dont la dialectique se réduit à l’opposition entre le bien – pardon : le Bien – et le Mal. Ainsi la défunte internationale communiste a exhumé avec succès ce vieil épouvantail levantin de Satan. Et ça marche toujours. Oui, le produit, binaire et simple, est d’excellente qualité…

Le marxisme a essentiellement tort, mais la grille d’analyse marxiste n’a pas toujours tort. Les soi-disant marxistes auraient certainement raison de considérer que les deux guerres mondiales ont été provoquées par les contradictions du capitalisme. A chaque fois, ce sont les ploutocraties anglo-saxonnes – si on me pardonne le pléonasme – qui ont voulu abattre la puissance continentale montante qu’était l’Allemagne (remember Napoléon…). Tout le reste n’est qu’épiphénomène et littérature à faire pleurer dans les HLM.

La Ploutocratie veut-elle la Troisième Guerre mondiale ?

Depuis 2004 au moins, les Américains cherchent à déstabiliser l’Ukraine, berceau et marches de la Russie, en application de leur politique d’endiguement (containment) de ce pays. Cette politique ne vise pas au développement harmonieux et pacifique du monde, mais à la supériorité capitaliste mondiale des États-Unis, praedator mundi. Sinon, que feraient les Américains sur le pas de la porte de la Russie, à 8.000 kilomètres de chez-eux ?

Ne faisons pas comme les soi-disant marxistes et autres lutteurs de classe, ne prenons pas les apparences susceptibles de nous donner des satisfactions morales pour une grille de lecture politique pertinente.

Ils sont parfois sympathiques, ces Ukrainiens, quand ils abattent la statue de Lénine qui trônait encore à Kiev et se réclament de Stepan Bandera (1909-1959), mais ils sont provoqués dans leur ingénuité par des forces qui se moquent bien d’eux. D’ailleurs, s’ils savaient qui est leur « ami » BHL, avec ses phantasmes de lynchages antifascistes (cf. Kadhafi), ils seraient plus circonspects.

À l’inverse, les Russes de l’est et du sud de l’Ukraine ont des façons parfois désagréables, en sauvegardant les statues de Vladimir Ilitch, en ressortant quelques drapeaux rouges de la naphtaline, et avec leur slogans… antifascistes ! Mais, sur le terrain de l’antifascisme, ils seront perdants : il y a belle lurette qu’ils en ont perdu la maîtrise et le copyright

En définitive, la Ploutocratie traite Poutine comme elle a traité Hitler, en refusant aux peuples continentaux, quand ils gagnent en puissance, leur aire ethnique naturelle. C’était ça, l’affaire des Sudètes ! Au fond, le président Poutine l’a compris, mais sans avoir pris toute la mesure de la perte du copyright. C’est pourquoi je pense qu’il a tort de célébrer en grande pompe, le 9 mai, la fête de la victoire sur le Fascisme, lui qui est devenu pour l’Occident le nouveau fasciste. C’est plutôt une fête pour les Français (8 mai, question de décalage horaire) de l’OTAN !

Ne laissons pas faire les États-Unis et leurs laquais de l’OTAN : il y a danger. Ne devrions-nous pas réclamer un nouveau Munich, cet accord historique si sottement décrié aujourd’hui ? BHL sera contre, mais ce n’est pas ce général germanopratin qui ira à la boucherie de la Troisième Guerre…

Éric Delcroix
04/05/2014

Éric Delcroix

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