Par Françoise Monestier, journaliste pour Présent ♦ Après avoir coiffé au poteau ses concurrents et les avoir récupérés dans son équipe de campagne au point d’avoir retourné Eric Ciotti comme une crêpe, Valérie Pécresse s’est vêtue de fourberie chafouine et de lin blanc. Championne du retournement de veste, elle a également oublié très vite ses engagements du passé en faveur, par exemple, de la régularisation des clandestins — « Moi, je comprends les partisans de la régularisation massive qui disent qu’il faut donner des papiers à tous ceux qui sont sur le territoire français » (4 octobre 2006). Alors que depuis quelques mois, après avoir endossé les habits d’une parfaite représentante de la droite BCBG, elle en appelle aux mânes de notre « civilisation millénaire », c’est la même personne qui déclarait aussi sans sourciller en novembre 2019 que « l’islam est une religion française. Tous ceux qui diraient le contraire se trompent », au moment d’ailleurs où Nadine Morano jurait haut et fort qu’il s’agit « d’une religion importée ». La présidente de la Région Ile-de-France est également une redoutable manœuvrière qui n’hésite pas à se servir des associations subventionnées par la Région pour se mettre en valeur et parvenir à ses fins.
L’aventure éphémère de l’association « Soyons Libres »
Après l’échec cuisant de la droite aux Européennes de 2019 et la mise au purgatoire de Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse quitte le navire des Républicains, voulant voler de ses propres ailes dans la perspective de la présidentielle. Dans la moiteur de l’été 2019, elle annonce la création du mouvement Libres ainsi que son lancement à Brive-la-Gaillarde en terre socialo-chiraquienne, le 31du même mois, jour de l’université d’été à La Baule du mouvement LR, qui peinera à mobiliser 400 participants dans cette station balnéaire pourtant prisée des bourgeois friqués ;
Les allogènes avec nous !
Comment battre le rappel et réunir plus de 1500 personnes dans cette préfecture de province sans grand charme ? En faisant venir d’Ile-de-France des membres d’associations communautaires invités à passer une journée en Corrèze. Ainsi des centaines de personnes se sont retrouvées Gare d’Austerlitz dans un train officiellement affrété par le nouveau mouvement politique, ce qui a permis à des Wallisiens de taper le carton avec des membres de l’Union des Serbes de France, du Parti panafricain qui proteste « contre la recolonisation de l’Afrique », d’un mouvement d’opposition cambodgien ou de la Coordination des Berbères de France. Point n’était besoin d’adhérer aux idées et au programme de l’ancienne ministre du budget de Sarkozy, il fallait seulement appartenir à une association dorlotée par Pécresse. L’opération se déroulée sous la houlette du franco-libanais Patrick Karam, vice-président de la région, chargé de la vie associative et du sport, cheville ouvrière de la distribution de la manne aux associations.
Forte de cette expérience qui lui a permis de jouer des pectoraux face à ses anciens compagnons LR qu’elle a rejoints toute honte bue voici quelques mois, Pécresse a donc cherché ce qui pourrait lui permettre de se retrouver en haut de la pyramide et de devancer Michel Barnier, par exemple, de 1209 voix seulement.
Elle a ainsi eu recours à un rabatteur de la communauté cambodgienne francilienne qui lui aurait apporté sur un plateau d’argent les adhésions de ressortissants français d’origine asiatique mais également d’étrangers, principalement chinois. En effets, les statuts de LR n’interdisent pas aux étrangers de prendre une carte alors qu’en 2016, la primaire était réservée aux Français inscrits sur les listes électorales. Forte de cet apport et du contrôle sur ces nouveaux adhérents qui lui ont permis de se hisser en haut du podium, elle peut ainsi tout se permettre, histoire de faire oublier qu’en janvier 2010, elle signait dans le journal Le Monde, au côté de Lilian Thuram, Rokahya Diallo, Christiane Taubira ou l’historien militant Pascal Blanchard une tribune pour l’instauration d’une « république multiculturelle et post-raciale ». Une posture qui explique sa propension à distribuer des millions d’euros, chaque année, aux associations antiracistes ou carrément « wokes », continuant ainsi, même si elle s’en défend, le travail de Jean-Paul Huchon auquel elle avait cependant mis un frein lors de sa première mandature.
Comment Pécresse s’est constitué des clientèles
Avant 2015, quand elle était dans l’opposition à Huchon, elle n’avait cependant jamais voulu se joindre aux protestations du Front National quant aux réductions importantes ( -75%) sur la tarification des transports publics accordées à certaines catégories et elle refusait tout vote commun avec les élus nationaux.
Depuis qu’elle est aux commandes, elle injecte des millions d’euros chaque année dans les « quartiers » en inondant d’argent le tissu associatif local (associations culturelle, sociales, sportives) ou le tissu économique (économie sociale et solidaire, réinsertion des « jeunes ») mais aussi dans le poste « politique de la ville ». Même prodigalité en faveur des structures qui participent de « l’égalité hommes / femmes », de « la lutte contre les discriminations » ou « la citoyenneté et les valeurs de la république ». Elle assure ainsi chaque année de véritables rentes de situation à la LICRA ou à SOS Racisme dont a pu voir, à l’occasion du meeting de Zemmour à Villepinte et de la provocation exercée par un poignée de militants, combien ils sont encore puissants dans le pays.
Homme-clef de l’attribution de ces subventions, Patrick Karam caresse tout particulièrement les associations ultramarines, lui qui a créé en 2014 le Crefom (conseil représentatif des Français d’Outre-mer) dont il est encore aujourd’hui le président d’honneur.
Enfin, l’exécutif régional a financé à hauteur de 8000 € en 2020 l’association « Je consomme noir » qui vient d’organiser un marché de Noel parisien réservé aux seuls commerçants mélanodermes, avec la bénédiction d’Anne Hidalgo. Membre des Young Leaders Américains, tout comme Emmanuel Macron, la candidate à la présidentielles coche toutes les cases du politiquement correct, elle qui avait confié au Monde : « …Les habitants des ghettos et des beaux quartiers finiront par se mélanger. Nos frontières vont s’ouvrir à de nouvelles formes d’immigration… Nous sommes à la croisée des chemins et nous avons peur de l’autre. De l’étranger » . Elle n’a visiblement peur de rien et surtout de pas de bouleverser les règles du jeu pur arriver à ses fins.
Bonus : la valse des subventions accordées par la présidente d’Ile-de-France
- Association « SAFE » (qui installe des distributeurs de seringues et de kits d’inhalation dans la rue pour les toxicomanes) : 350 000 euros entre 2017 et 2021 (inclus)
- Collectif « MU » (vient en aide aux « mineurs isolés ») : 40 000 euros (novembre 2020)
- Association « Banlieues actives » (portée par le rappeur Rost, artiste anti-police/justice/France) : 40 000 euros initialement prévus en juillet 2021 mais bloqués (en attente) grâce à un amendement RN.
- Association « Revivre » (portant un projet de festival pour des Syriens exilés en France) : 10 000 euros (novembre 2021)
- Association « Ulysse et Ernest » (qui organise des ateliers de danse et de chorégraphie pour les détenus de la prison du Val d’Oise) : 8 000 euros (novembre 2021)
- Association « Funky Ladies Crew » (qui organise des évènements vantant les parcours des migrants) : 8 000 euros (novembre 2021)
- Association « La concordance des temps » (idem, qui organise des événements vantant les parcours des migrants) : 8 000 euros (novembre 2021)
- Association « Compagnie manque pas d’air » (idem, qui organise des évènements vantant les parcours des migrants) : 8 000 euros (novembre 2021)
- 50 000 à destination d’un festival musical dont la programmation sera assurée par un rappeur membre-fondateur du groupe de rap anti-police « Assassin » (novembre 2021)
- Association « La Maison des potes » (filiale de SOS Racisme, dont les activités sont ouvertement politisées à l’extrême-gauche et faisant la promotion de l’immigration illégale) : 35 000 euros (novembre 2021)
- Association « Jeunesse feu vert » (disposant de centres d’hébergement et de réinsertion dont certains accueillent des immigrés et les aident dans leurs démarches de naturalisation et droits sociaux) : 95 000 euros (novembre 2021)
- Association « Aurore » (faisant la promotion indirecte de la consommation de drogues dures dans Paris 18/19e) : 511 000 euros (sur le seul mois de novembre 2021)
- Association « Equalis » (accompagnant les demandeurs d’asile dans leurs démarches de naturalisation et d’obtention de droits sociaux) : 313 000 euros (sur le seul mois de novembre 2021)
- Secours catholique (subvention accordée au seul profit de la Maison Caritas Centre-Est du SP qui accueille 150 migrants) : 217 000 euros (novembre 2021)
Françoise Monestier
15/12/2021