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USA : les GAFA, Donald Trump et les oies du Capitole

USA : les GAFA, Donald Trump et les oies du Capitole

par | 10 janvier 2021 | Politique, Société

USA : les GAFA, Donald Trump et les oies du Capitole

Par Pierre Boisguilbert, journaliste spécialiste des médias et chroniqueur de politique étrangère ♦ Le monde a assisté à une incroyable censure du président des États-Unis par un conglomérat d’entreprises privées aux pouvoirs gigantesques, complétement imprégnées d’idéologie politiquement correcte. Donald Trump – toujours président en exercice ! – a été banni par Facebook, Twitter et plusieurs autres réseaux sociaux.
Un événement à la portée gravissime sur lequel revient Pierre Boisguilbert, contributeur bien connu de nos lecteurs.
Polémia

Le coup d’État des réseaux sociaux

Présentée comme une insurrection et un coup d’État, une intrusion peut cacher un vrai coup d’État présenté comme une défense des libertés. C’est ce qui s’est passé au Capitole à Washington. La poussée le 7 janvier d’une foule, composée notamment d’extrémistes et de marginaux, aura eu un double effet. D’abord rendre impossible la stratégie de refus des résultats du vote par le président Trump. Ensuite conforter les GAFA dans leur pouvoir totalitaire de contrôle de la liberté d’expression.

Les réseaux sociaux, un temps considérés comme un espace de liberté par rapport à l’idéologie médiatique classique dominante, sont en train de renforcer le camp des censeurs. Donald Trump, après avoir été coupé par CNN et d’autres médias, est maintenant banni de Twitter et de Facebook, de même que la plupart des groupes et personnalités le soutenant. La boucle est bouclée. Il y a bien eu un  coup d’État contre les libertés pendant la présidence de Trump aux USA, mais ce n’est pas celui qu’on nous présente. Le pire, c’est que les nouveaux censeurs se considèrent comme les oies du capitole. Ils se la jouent lanceurs d’alerte de la démocratie.

Vae victis

En 390 avant Jésus-Christ, les Gaulois, menés par Brennus, envahissent l’Étrurie. Vainqueurs de l’armée romaine sur la rivière Allia, ils s’emparent de Rome qu’ils trouvent désertée, ses portes ouvertes. La population s’est enfuie, à l’exception des sénateurs, assis sur leur chaise curule dans une place de la ville. Un soldat gaulois s’approche de l’un d’eux et s’amuse à lui tirer la barbe. Le sénateur punit l’audacieux d’un coup de bâton. Il est aussitôt massacré, ainsi que ses collègues. Les Gaulois se livrent par la suite à de nombreux pillages et massacres. Il n’y a eu ni massacres ni pillages à Washington et on ne peut comparer l’attitude du sénateur romain à celles des élus américains qui, comme les députés espagnols pendant la vraie tentative désespérée de putsch du colonel Tejero en 1983, se sont  cachés sous leur fauteuil ou enfuis par des portes dérobés. C’est la haine qui motive la sénatrice démocrate Nancy Pelosi et ses amis, et certes pas le courage. On est loin d’une situation à la romaine d’élus résistant aux barbares.

Le siège du Capitole par les Gaulois va durer sept longs mois… Une nuit, les oies du Capitole réveillent les Romains par leurs cris, les alertant ainsi d’une attaque surprise des Gaulois. Les GAFA ne sont certes pas les oies du Capitole. Comparaison n’est pas raison, mais….

Brennus accepte de traiter avec le tribun militaire Romain Quintus Sulpicius : ses troupes se retireront moyennant le versement d’une forte rançon. Une grande balance est alors préparée sur une place de Rome ; afin d’alourdir encore la rançon, les Gaulois y placent de faux poids. Devant les protestations des Romains qui s’aperçoivent de la supercherie (« De quel droit utilises-tu des poids truqués ? »), Brennus ajoute encore à leur déshonneur : leur répondant « Du droit des vainqueurs ! », il jette son épée et son baudrier sur la balance en ajoutant en latin « Malheur aux vaincus ! » comme conclusion

Malheur aux vaincus, c’est certainement le destin de Donald Trump, obligé de reconnaître sa défaite outre sa faute : la manifestation d’une foule qu’il avait enflammée et qu’il a désavouée quand elle s’est laissé aller à des débordements a finalement légitimé ceux qui pensent être les gardiens d’une liberté qu’ils ont assujettie à leur idéologie.

La voilà, la vraie menace contre la démocratie, et certainement pas un chaman exhibitionniste déguisé en Viking mâtiné de Sitting Bull.

Pierre Boisguilbert
10/01/2021

Source : Correspondance Polémia

Crédit photo : Tyler Merbler [CC BY 2.0]

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