Par Ivan Blot, ENA, docteur ès sciences économiques, inspecteur général honoraire de l’administration ♦ Emmanuel Macron était en visite en Russie. Michel Geoffroy, auteur de La Super-classe mondiale contre les peuples avait d’ailleurs rédigé un article sur cet épisode diplomatique.
Aujourd’hui, Ivan Blot nous rappelle ce qu’Emmanuel Macron semble avoir du mal à comprendre : la géopolitique avant tout !
La géographie conditionne l’histoire
La géographie conditionne l’histoire et donc la politique depuis toujours. Cette réalité explique les réactions parfois hystériques de la diplomatie américaine.
L’Amérique doit sa position dominante aux suites catastrophiques des conflits sur l’ancien continent européen. Deux guerres mondiales, la prise du pouvoir par les communistes en Russie puis par les nazis en Allemagne ont permis la domination de l’Amérique sur l’Europe pendant un demi-siècle.
Mais les fondamentaux demeurent. La Russie et l’Europe forment un bloc de 520 millions d’habitants contre 330 millions pour les Etats-Unis. Le PIB européen global a vocation à dépasser celui de l’Amérique du Nord.
L’héritage culturel européen demeure écrasant.
L’intérêt des européens et des russes est donc de mettre leurs puissances en synergie.
La place de la France ? Elle est au centre de l’Europe et non outre-atlantique. La politique diplomatique de la France a donc une grande carte à jouer.
Religieusement, les capitales du Christianisme demeurent Rome et Moscou.
Le christianisme américain est éclaté en sectes, influencé par le matérialisme et l’utilitarisme.
Politiquement, la disparition de l’URSS a changé la donne. Le pôle des valeurs conservatrices américaines s’affaiblit. En Europe, c’est l’inverse, à l’Est bien sûr avec la Russie mais aussi la Pologne, la Hongrie par exemple.
L’avenir est-il à l’est ?
Économiquement, l’Amérique est rongée par l’endettement. L’Europe s’éloigne enfin du socialisme étatique inefficace.
Socialement, la démographie reprend à l’Est, pas à l’Ouest.
Enfin, l’Eurasie peut passer des accords importants avec la Chine, l’Inde notamment. L’Amérique n’a pas cette ressource. Les matières premières feront plus défaut à l’Ouest qu’à l’Est.
La courbe de l’innovation s’infléchit. L’Amérique reste très brillante mais le redressement à l’Est se fait de plus en plus sentir.
Bref, l’avenir à long terme est à l’Est. La France doit se situer dans ce vaste courant mondial. Elle ferait une grave erreur en s’alignant sur les USA même s’il faut ménager des transitions et des compromis avec Washington.
La classe politique ouest-européenne comprend-elle ce changement ?
Le Brexit est un signe avant coureur. La montée des mouvements populistes conservateurs et patriotes aussi.
La France a son avenir plus dans le peuple que dans ses élites, plus dans les vieilles nations eurasiennes que dans les sociétés cosmopolites fragiles qui apparaissent à l’Ouest. Le choix est clair. Il ne faut pas ignorer la Russie ! Moins que jamais !
Ivan Blot
30/05/2018
Source : Correspondance Polémia
Crédit photo : Novopress [CC BY 2.0], via Wikimedia Commons
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