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Un livre essentiel pour découvrir les Indo-Européens, nos mystérieux ancêtres

Un livre essentiel pour découvrir les Indo-Européens, nos mystérieux ancêtres

par | 17 juillet 2024 | Médiathèque

Un livre essentiel pour découvrir les Indo-Européens, nos mystérieux ancêtres

Si vous ne connaissez rien aux Indo-Européens, ni à la trifonctionnalité, et encore moins aux quatre cercles de l’appartenance sociale, et bien le petit livre sur les Indo-européens publié aux Éditions de la Nouvelle Librairie, dans la collection de la longue mémoire, est pour vous. En 79 pages, et deux cartes, Henri Levavasseur vous guide avec clarté et précision dans un superbe voyage à travers l’évolution linguistique, le temps, l’espace, et les civilisations.

Une langue pour les Indo-Européens

Dans un premier chapitre, Henri Levavasseur rappelle l’histoire des études linguistiques qui ont menées à la reconnaissance de l’existence d’une langue souche et donc d’un peuple, et c’est « Dans une conférence prononcée le 2 février 1786 devant la Société asiatique de Calcutta, [que William[1]] Jones affirme que les parentés entre les racines verbales et les formes grammaticales du sanskrit, du latin, du grec, du vieil iranien, du gothique, et du celtique ne peuvent être attribuées au hasard, et s’expliquent nécessairement par la dérivation à partir d’une source commune, aujourd’hui disparue. [2]» et puis ce sera au XIXe siècle que le terme « indo-européen » sera employé pour la première fois[3].

En cent ans, le travail fondamental de reconstitution de la langue mère sera conduit essentiellement par des linguistes allemands et s’enrichira durant le XXe siècle des travaux de l’université allemande ou française, pour permettre à son tour d’étudier l’évolution spatiale et culturelle du monde indo-européen. Car « Aucune langue ne se diffuse sans locuteurs[4]. La reconnaissance de l’existence d’une langue mère impliquait d’admettre l’existence d’un peuple auquel cette langue est attribuée. Restait à situer ce peuple dans l’histoire et dans le temps, et à identifier les traits caractéristiques de sa civilisation à partir de la comparaison des cultures qui en ont recueilli l’héritage.[5] »

Ce qu’être Européen veut dire

Quel foyer d’origine pour les Indo-Européens ?

C’est avec le deuxième chapitre que Henri Levavasseur s’attaque à la délicate question de la localisation du foyer d’origine (le Urheimat en allemand) des Indo-Européens, et après avoir démontré que la dissémination des indo-européens avait vraisemblablement eu lieu au quatrième millénaire av. J.-C., et ce qu’il y avait de commun dans ce groupe initial : le vocabulaire commun de la faune et de la flore (loutre, loup, frêne, ou bouleau) ou de la métallurgie (le bronze) qui situe ce foyer dans une région tempérée, et après avoir écarté les hypothèses du foyer indien, balte, ou anatolien, parmi d’autres, Levavasseur conclut : « En l’état actuel de nos connaissances, il semble donc plus pertinent de situer le dernier habitat commun des locuteurs de l’indo-européen reconstruit dans la zone des steppes pontiques, à partir de laquelle ces populations auraient, dès le IVe millénaire av. J.-C., essaimé vers l’ouest et vers l’est du continent eurasiatique.[6] »

Logiquement, à partir du foyer d’origine, Levavasseur nous entraîne dans un troisième chapitre à la découverte de la dissémination des Indo-Européens, et de la formation des principaux rameaux linguistiques qui en découlent ; vers l’est avec les langues tokhariennes, indiennes, ou encore iraniennes, ou vers l’ouest, avec la magnifique arborescence de nos langues européennes. Je ne peux pas cacher que j’aurais aimé trouver à la fin de ce chapitre un arbre illustratif de cette évolution chronologique, mais la carte qui se situe à la fin de notre petit ouvrage[7], montre bien l’évolution des grandes cultures indo-européennes (tokharienne, yamnaya, céramique cordée…) en la mettant en plus dans une perspective spatiale.

Synthèse et érudition

Enfin, dans un dernier chapitre, Henri Levavasseur met en valeur l’apport essentiel des trois grands chercheurs français du XXe siècle sur cette question : « Parmi les acquis majeurs de la recherche figurent en particuliers les contributions de trois savants français : Georges Dumézil, avec l’identification de l’idéologie des trois fonctions et la reconstitution de ses principales composantes ; Jean Haudry, avec la notion de périodisation de la tradition européenne, Émile Benveniste, avec la définition des quatre cercles de l’appartenance sociale.[8] » et les résume avec brio.

Pour avoir récemment expérimenté le format de cette extraordinaire collection[9], je ne peux que souligner la qualité du travail de synthèse qu’Henri Levavasseur a su donner à la question des Indo-Européens, en alliant clarté, érudition, le tout accompagné d’un bel appareil critique qui permettra à tous ceux qui découvrent ce sujet, ou qui s’y intéressent depuis longtemps de solidifier ou approfondir leurs connaissances. Le succès de ce petit livre lors du colloque -en tête des ventes- en est d’ailleurs la preuve.

Frédéric Eparvier
17/07/2024

[1] Linguiste Gallois (1746-1794) qui parlait gallois, anglais, grec, latin, farsi, arabe, hébreu, et chinois
[2] Levavasseur, Henri. Les Indo-Européens. Aux sources de la longue mémoire de nos peuples. La Nouvelle Librairie. 2024, p. 15
[3] Levavasseur, Op. cit., p. 15
[4] L’archéologue Jean-Paul Demoule  a signé un livre dans lequel il remet en cause l’existence même des Indo-Européens. Son débat avec le linguiste Laurent Sagart (visible sur Youtube), pendant lequel il fut mis en PLS comme disent les jeunes d’aujourd’hui tord définitivement le cou à sa thèse malhonnête, et motivée par l’idéologie.
[5] Levavasseur, Ibid., P. 4.
[6] Levavasseur, Ibid., p. 40
[7] Levavasseur, Ibid., p. 83 _ carte de Olivier Eichenlaub
[8] Levavasseur, Ibid., p. 63.
[9] Eparvier, Frédéric. Sparte et l’idée spartiate. La Nouvelle Librairie, coll. Mémoire longue, 2024.

Frédéric Éparvier

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