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Un Jour de Colère extra-ordinaire malgré le boycott des médias (et de la météo)

Un Jour de Colère extra-ordinaire malgré le boycott des médias (et de la météo)

par | 27 janvier 2014 | Politique

Un Jour de Colère extra-ordinaire malgré le boycott des médias (et de la météo)

« C’est une foule considérable de Français en colère qui a défilé hier dimanche à Paris. Partis de la Place de la Bastille à 14h, le cortège s’étalait sur plus de 2,5 km à 15h15, heure à laquelle les derniers manifestants ont quitté la Bastille. »

Dans ce dimanche gris et triste, composé d’un ciel bas et pluvieux, il ne manquait que les corbeaux et les chauves-souris pour achever le tableau de la météo la plus lugubre qu’il m’ait été donné de voir pour un jour de manifestation. Nul doute que la pluie glacée a découragé beaucoup de Parisiens et de banlieusards qui, autrement, seraient venus encore plus nombreux rejoindre les divers cortèges de ce rassemblement, unique en son genre, dont le but est de pousser à la démission le président de la République… Et cela, comme à Quimper, SANS L’APPEL D’AUCUN PARTI POLITIQUE, NI SYNDICATS, et encore moins de médias TV.

Du jamais vu, de mémoire de journaliste, et ça fait 30 ans que j’exerce, sachant que ces personnes (145.000 selon les organisateurs, 17.000 selon la police, entre 50.000 et 80.000 selon moi) n’ont été fédérées que par l’appel de leur association sur les réseaux sociaux. À souligner : les manifestants venus par eux-mêmes de tout le reste de la France constituaient au moins 40% de l’ensemble !

À nouveau, je le répète, pour une manifestation non soutenue ni par les politiques, ni par les relais télé, elle est unique en son genre et constitue clairement le début d’un grand mouvement d’exaspération radicale, envoyant un signal plus qu’inquiétant pour le gouvernement et les députés. Manifestation notable ensuite parce que je n’ai jamais vu un spectre aussi large de Français rassemblés (des gamins de 17 ans aux retraités, des riches aux pauvres) par une seule cause commune, le départ de François Hollande !

Il aurait été difficile autrement d’imaginer les catholiques (très dignes) côtoyant les identitaires (très énervés), suivis par les royalistes (très fiers), puis par les commerçants (très inquiets) dont les chants « Hollande Démission » étaient repris (entre bien d’autres) par un cortège complet des fans « quennelliers » de Dieudonné (très drôles et vraiment bon enfants) ainsi que tous les Bonnets rouges (très calmes). Les entendre hurler tous ensemble La Marseillaise, outre le caractère touchant et là aussi unique, montre bien que la France est dans un état « pré-révolutionnaire » global, de caractère « sursaut nationaliste », puisque des citoyens ordinaires de tous âges et toutes classes ont fait fi de leurs divergences pour crier ensemble leur ras-le-bol.

Ce 26 janvier 2014 a été à Paris ce que le 3 novembre 2013 a été à Quimper : un mouvement de révolte populaire qui échappe totalement aux corps protestataires organisés.

La manifestation a été prise très au sérieux, puisqu’une équipe des Femen, seins à l’air, a débarqué par surprise quand le cortège a démarré, et a tenté de se faire de la pub sur son dos, sauf qu’elles n’ont pas compris comment les CRS les ont attrapées immédiatement et dégagées de la scène. Et fort heureusement car là, en l’absence de la police, je crois qu’elles se seraient fait physiquement massacrer, tant la haine des Femen était palpable. Que l’état-major de cette organisation criminelle ait été envoyé « au contact » montre que « ailleurs », Jour de colère a été suivi et disséqué, et qu’il leur importe de le discréditer par tous les moyens…

À ce sujet, j’ai été étonné par la dépêche des journalistes de l’agence Reuters (Marion Douet, Sunaina Karkarey et Clotaire Achi) car elle ne correspond en rien à ce que j’ai vu. Pire, leur article est très orienté. Exemple :

« (Ils) ont manifesté (…) pour s’opposer pêle-mêle au mariage homosexuel, à l’écotaxe ou encore pour soutenir l’humoriste Dieudonné ».

Faux ! D’abord ces derniers étaient peu, et ensuite ils n’étaient pas là pour soutenir Dieudonné mais bien pour protester contre la censure et le parti pris de Manuel Valls. Ce qui a rassemblé tout ce monde sous la bannière « Jour de colère », qui aurait tout aussi bien pu s’appeler « Cause commune », est le ras le bol de ce gouvernement autiste, sectaire, et, via les taxes folles, voleur. Les fans de Dieudonné scandaient ce que les cathos et royalistes, trop bien élevés, n’osaient même pas entendre, « François, on t’en**** », etc., ce qui a été le moment le plus drôle (à vrai dire le seul) de cette grande manifestation, principalement marquée par le sérieux et l’inquiétude, amplifiés par la pluie glaçante et le ciel gris.

Manuel Valls a, quand même, pris le soin de leur donner un parcours particulièrement curieux, avec comme point de chute final la Place Vauban, juste devant l’entrée du Tombeau de Napoléon aux Invalides… Surtout pas sur l’Esplanade des Invalides, qui aurait pu montrer aux médias tous les manifestants dans leur globalité – très malin – et permet de monter une très belle souricière.

Le sérieux de l’organisation, en particulier les moyens de sonorisation et d’écrans géants, a permis d’établir une cohésion entre tous les groupes, qui d’habitude ne se seraient même pas adressé la parole, et d’entendre les griefs de chaque manifestant contre Hollande, dont les oreilles ont vraiment dû siffler tout ce dimanche après-midi.

Cette première manifestation a donc été une réussite, un message d’une dignité rare, envoyé par les organisateurs dont la nouveauté a été de demander, à la fin, l’application de l’article 68 de la Constitition française qui permet de transformer l’Assemblée nationale en Haute-Cour de justice (et de destituer Hollande). Euh, là, vu les députés qu’on a, ce n’est hélas pas pour tout de suite… Le chômage devra encore faire beaucoup de dégâts.

Dans tous les cas, tout porte à croire que le prochain Jour de colère rassemblera deux fois plus de monde, puisque la crise détruit encore plus de monde à chaque jour qui passe. Et là, les médias ne pourront pas ne pas en parler sérieusement (si tant est que cela puisse être encore possible aujourd’hui…).

Pierre Jovanovic
Source : Revue de presse
27-31/01/2014

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