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« Ultradroite », la menace fantôme – Décryptage du livre « La Poudrière »

« Ultradroite », la menace fantôme – Décryptage du livre « La Poudrière »

par | 16 janvier 2021 | Politique, Société

« Ultradroite », la menace fantôme – Décryptage du livre « La Poudrière »

Par Lucien Lachance, membre de l’Équipe Communautaire Paris ♦ L’ultradroite est au cœur de tous les fantasmes dans les rédactions de presse parisiennes depuis déjà plusieurs mois. Après le très brouillon Les Grand-remplacés sorti l’été dernier du côté de Marianne, c’est au tour du livre La Poudrière du côté du Parisien d’être publié, s’inscrivant directement dans le cadre du projet de lutte gouvernemental contre les séparatismes[1]. Malheureusement, force est de constater que ce travail pseudo-journalistique prétendant démontrer que l’ultradroite constituerait la principale menace terroriste pour notre société fait l’exploit de ne se baser sur aucune statistique sérieuse, de ne donner aucune source ou, pire encore, de déformer la réalité pour satisfaire des idéaux politiques d’extrême gauche.

 

Trois auteurs militants très disparates, aux connaissances lacunaires

Ce livre, paru aux éditions Grasset, est écrit par trois auteurs : Jean-Michel Décugis, reporter police-justice au Parisien, Pauline Guéna, romancière et scénariste pour la télévision française, et Marc Leplongeon, journaliste au Point. Malgré le fait que ces trois auteurs n’en soient pas à leur première collaboration[2], le style d’écriture du livre est brouillon, disparate, pluriel.

Avant d’exposer la démarche intellectuellement malhonnête des auteurs, intéressons-nous au profil très particulier de Jean-Michel Décugis. Le reporter police-justice du Parisien est, en effet, particulièrement réputé pour ses approximations frôlant souvent la « fake news ». Le journaliste, après avoir fait croire que les policiers étaient lancés sur la piste d’un tueur d’extrême droite lors de l’affaire Merah ou également avoir annoncé la fausse arrestation de Xavier Dupont de Ligonnès en 2019[3], a fait l’objet d’un article détaillé de la part de l’OJIM revenant sur son palmarès en matière de déontologie journalistique.

Une démarche malhonnête doublée d’un manque de professionnalisme

Alors qu’encore récemment Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite, expliquait dans les colonnes du Monde que le « risque [de l’ultradroite] est secondaire par rapport à celui de l’islam radical[4] », les auteurs de La Poudrière estiment à l’inverse que le risque terroriste de militants de la droite radicale est bien présent.

En contradiction totale avec la démarche scientifique, les auteurs décident ainsi de partir de la conclusion que la menace d’ultradroite serait avérée pour ensuite démontrer celle-ci avec des arguments fallacieux et un méli-mélo d’éléments marginaux retenus par simple biais de confirmation.
Ainsi, sans aucune statistique, les auteurs cherchent à alimenter leur théorie par une légère accumulation de faits divers sans même se soucier de la représentativité de celle-ci. Par ailleurs, les journalistes ne font même pas l’effort de sélectionner uniquement des faits divers liés de près au terrorisme car ceux-ci tendent à prouver le danger de l’ultradroite française en se basant sur des faits divers s’étant déroulés à l’étranger, des histoires de cyberharcèlement ou encore des faits divers qui n’ont même pas été attribués à l’extrême droite[5].

Le trio qui, tout au long du livre, témoigne d’un réel mépris pour son sujet d’étude[6] fait cependant, dans un même temps, preuve d’une profonde empathie pour justifier les émeutes meurtrières du mouvement Black Lives Matter de 2020 : « George Floyd est Noir et il n’a rien fait, c’est un contrôle d’identité qui tourne mal. Le policier est Blanc, il a sur le dos plusieurs affaires de violences et une de meurtre. La vidéo est insoutenable[7]. »

Alors, dans cette vision manichéenne et parcellaire, on oublie de rappeler que George Floyd était un criminel écoulant de la fausse monnaie, drogué au moment de son arrestation et déjà condamné par huit fois à de la prison notamment pour vol à main armée. Ces approximations sont monnaie courante dans ce livre qui parle du regretté vidéaste Tepa comme s’il était toujours en vie, qui se trompe à de nombreuses reprises sur l’année du mouvement des Gilets jaunes ou encore qui commet de dangereux anachronismes[8]

Des mensonges grossiers visant à tromper le lecteur

Au-delà d’une démarche sensiblement malhonnête et d’une théorie fumeuse sur le prétendu danger de l’ultradroite, véhiculée tout au long de ce livre, il est essentiel de disqualifier définitivement cette pseudo-enquête. Suivons le conseil de Jean-Yves Le Gallou qui, dans son dernier ouvrage, invite à « diaboliser les diabolisateurs ». Ainsi, rien de mieux que de revenir sur les très nombreux mensonges colportés dans ce livre.

En effet, que ce soit par paresse ou par militantisme, les auteurs ont décidé de remplir cet ouvrage de réelles « fake news », parfois même passibles de poursuites devant les tribunaux…

À la lecture de cette enquête d’investigation, nous apprenons donc que l’organisation Génération identitaire aurait été « interdite[e][9] », que Clément Méric, militant antifasciste, serait « mort […] sous les coups de skinheads[10] » alors même que les tribunaux ont reconnu que celui-ci n’avait reçu qu’un seul coup de poing et simplement de la part d’une seule personne. Plus loin, sans aucune statistique à l’appui, nous apprenons également que, « dans la capitale, la violence de rue se joue surtout entre fas et antifas, comme dans les années 80[11] », comme si la majorité des violences de rue à Paris étaient liées à des violences politiques. Enfin, le célèbre attentat de la rue Copernic est attribué à l’extrême droite alors même que la piste palestinienne fait aujourd’hui consensus et que l’auteur présumé de cet attentat est Hassan Diab, chose que le grand reporter police-justice du Parisien ne peut ignorer…

En conclusion, La Poudrière n’est autre qu’un piètre recueil de faits divers marginaux, essayant maladroitement de démontrer des conclusions malhonnêtes et militantes. À ce stade, la principale statistique concernant le terrorisme d’ultradroite et qui n’est à aucun moment citée par les auteurs est la suivante : le terrorisme d’ultradroite n’a fait aucun mort en France depuis de très nombreuses années « alors que, depuis 2012, 263 personnes ont été tuées par des islamistes radicaux et que des centaines d’autres ont été blessées[12] ».

Si vous souhaitez approfondir, la chaîne YouTube de l’Équipe communautaire Paris vous propose également un podcast, avec Thomas Ferrier notamment, visant à décoder en profondeur la rhétorique militante de cette prétendue enquête journalistique :

Lucien Lachance
16/01/2021

[1] Additionnés à la mauvaise écriture, aux fautes d’orthographe très nombreuses, aux coquilles et à l’absence complète de notes de bas de page, ces éléments laissent à penser qu’il s’agirait d’un livre de commande fait dans la précipitation pour satisfaire un agenda politique.
[2] En 2018, ils avaient écrit ensemble le livre Mimi sur la femme d’affaires Michèle Marchand.
[3] https://www.leparisien.fr/faits-divers/xavier-dupont-de-ligonnes-a-ete-retrouve-a-glasgow-11-10-2019-8171406.php
[4] https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/12/26/les-ultras-attendent-l-ultime-confrontation-des-civilisations_6064540_823448.html
[5] « Des tags antisémites sont découverts sur les murs d’une école, de la mairie et du cimetière juif dans un village d’Alsace. […] Aucune enquête n’a abouti » (p. 165).
[6] « Les fachos », comme qualifié par Jean-Michel Décugis lors de son interview promotionnelle sur France 5 du 5 janvier 2021.
[7] P. 113.
[8] Dans son étude sur le groupe AFO, le livre prétend que celui-ci se préparait à une catastrophe sanitaire depuis le confinement décidé par Macron (p. 131) alors même que le groupe a été démantelé en 2019 soit bien avant le confinement…
[9] P. 53.
[10] P. 17.
[11] P. 84.
[12] https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/12/26/les-ultras-attendent-l-ultime-confrontation-des-civilisations_6064540_823448.html

 

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