Polémia prend ses quartiers d’été, tout en gardant un œil attentif sur l’actualité. En attendant la rentrée, la publication de textes inédits se poursuit mais vous retrouverez également chaque jour l’un des articles les plus consultés depuis l’été dernier sur Polémia. Aujourd’hui, retour sur un texte de Michel Geoffroy.
Par Michel Geoffroy, auteur de : Le Crépuscule des Lumières, Immigration de masse. L’assimilation impossible, La Super-classe mondiale contre les peuples et La Nouvelle guerre des mondes ♦ La guerre en Ukraine provoque un « bourrage de crânes » politico-médiatique digne du temps des boches et des Huns. Mais cette propagande illustre aussi combien les Européens et les Français en particulier se trouvent déconnectés de la marche réelle du monde. L’offensive russe en Ukraine est en réalité une nouvelle preuve du basculement du monde : c’est-à-dire de l’avènement d’un monde qui échappe de plus en plus aux Européens vieillissants et suicidaires. Retour sur quelques évidences que l’on ne verra pas sur BFMTV…
La Russie est en train de gagner ses « opérations militaires spéciales » en Ukraine, n’en déplaise au quarteron de généraux en retraite qui défile sur nos plateaux de télévision.
L’armée ukrainienne ne peut pas manœuvrer et n’a d’autre ressource que de s’enterrer dans les villes ou les bunkers. La Russie prend son temps, notamment parce qu’elle s’efforce de limiter les pertes civiles dans le Donbass et parce qu’elle dispose de la maîtrise de l’air et d’une artillerie qui, depuis Pierre le Grand, est la meilleure du monde.
L’aide militaire occidentale, surmédiatisée, ne changera rien à cette situation, sinon pousser le gouvernement de Kiev à poursuivre un conflit meurtrier pour l’armée ukrainienne.
Cela signifie que la partition de l’Ukraine est donc désormais acquise, avec le retour programmé des régions russes de Crimée et du Donbass dans la fédération de Russie.
Dans ces conditions, la déclaration des 27 d’octroyer à Kiev le statut de candidat (sic) à l’adhésion à l’Union européenne est vide de sens et pas uniquement parce que l’Ukraine ne remplit de toute façon aucune des conditions requises.
Cette décision illustre que les Européens vivent dans un monde irréel.
Viktor Orbán : « Cette décennie sera une ère de danger, d’incertitude et de guerre. »
Les sanctions économiques et énergétiques prises par les pays occidentaux contre la Russie ne modifieront pas le cours de la guerre en Ukraine.
Si au début la monnaie russe a perdu de sa valeur, les Occidentaux ont totalement sous-estimé la résilience de l’économie russe.
Comme tous les blocus, ces sanctions ont en effet pour effet d’inciter à l’innovation dans le pays qui en est victime. Et la Russie est le pays le plus victime de sanctions du monde !
De fait, appuyée sur les BRICS, l’économie russe est en train de s’éloigner progressivement de tous les instruments par lesquels l’Occident imposait ses normes économiques et financières, notamment les systèmes de paiement et de virement internationaux ainsi que les règlements en dollars et en euros. Y compris les McDo !
Et sur le plan technologique, elle mise désormais sur des innovations de rupture (qui existent déjà sur le plan militaire avec les armes hypersoniques par exemple). Et si elle n’exporte pas en Europe, elle le peut dans le reste du monde.
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L’Europe est la principale victime des sanctions qu’elle impose à la Russie, comme cela s’est déjà produit lors de la sécession de la Crimée.
C’est l’Europe qui est priée de faire des économies de chauffage et de payer son énergie plus cher parce qu’elle se coupe du gaz et du pétrole russes. C’est donc l’industrie européenne qui verra ses coûts énergétiques augmenter et sa compétitivité diminuer. Ce sera donc moins d’emplois.
C’est l’Europe qui verra de nouveau affluer des « réfugiés » africains, victimes des crises alimentaires provoquées par ces mêmes sanctions.
C’est la crédibilité mondiale de l’euro qui va pâtir du gel illégal des avoirs russes[1]. Ce sera encore l’Union européenne, machin déjà ingouvernable à 27, qui devrait intégrer l’État failli ukrainien ou la Moldavie : les Allemands qui ne voulaient déjà pas payer pour les Grecs apprécieraient certainement de tels nouveaux venus !
Pendant ce temps, les États-Unis vendent leur gaz de schiste et leurs armements[2] tout en continuant d’importer les produits russes dont ils ont besoin (pétrole, engrais, uranium notamment).
Les États-Unis n’ont d’ailleurs jamais caché, bien avant la crise ukrainienne, leur volonté de torpiller le projet Nord Stream 2 et donc de couper énergétiquement l’Europe de la Russie. Pour notre bien évidemment…
Les sanctions n’auront d’autre effet que d’affaiblir le concurrent européen des États-Unis.
Ukraine : l’Europe doit se désolidariser des Américains, par Bruno Mégret
Les sanctions économiques et énergétiques servent à masquer la crise économique, financière et énergétique qui s’annonce en Europe.
Cette crise s’enracine dans trois causes principales qui n’ont rien à voir avec la Russie mais qui résultent de la convergence des mauvais choix effectués par les gouvernements européens :
- une dette publique colossale, qui s’est accentuée lors de l’épidémie de covid sous prétexte de soutenir l’activité malgré les confinements imposés à la population (« quoi qu’il en coûte ») ;
- une création de monnaie complètement déconnectée de l’économie réelle, laquelle stagne en Occident, puisqu’une grande part de la production a été délocalisée. La fabrication de monnaie à haute intensité a permis aux Occidentaux de s’approprier des biens et des ressources produits ailleurs, provoquant des pénuries et des tensions inflationnistes mondiales ;
- des choix énergétiques délirants, pris en Europe sous l’influence des lobbies écolos[3], qui conduisent à se tourner vers des énergies coûteuses et à faible rendement, voire, comme en Allemagne, à retourner au charbon, et à se détourner du nucléaire.
Ces trois erreurs se conjuguent d’une part pour provoquer une forte inflation et d’autre part pour nécessiter un réajustement qui risque de provoquer des effets monétaires et sociaux catastrophiques en Occident.
On comprend dans ces conditions tout l’intérêt politique d’en rendre responsable le président Poutine et si possible de faire durer la guerre en Ukraine !
Contrairement à ce qu’affirment nos médias, la Russie n’est nullement « coupée du monde »: elle se coupe seulement de l’Occident décadent.
Sur le plan mondial, seuls les Occidentaux, emmenés par les États-Unis, condamnent et sanctionnent la Russie. Pas les autres pays, pas les nations émergentes, pas les Nations unies.
Ce sont au contraire les Occidentaux qui se trouvent de plus en plus « isolés » à l’échelle du monde. Isolés démographiquement, isolés économiquement, isolés militairement, isolés moralement. Et les prétendues valeurs dont ils se targuent – comme l’avortement, la transidentité, l’écolo-féminisme, ou l’idéologie LGBT – sont rejetées par la majorité de la population mondiale.
La guerre en Ukraine correspond à une nouvelle étape de ce tragique déphasage européen.
Elle démontre l’incapacité de l’Union européenne à être autre chose qu’un vassal des pays anglo-saxons, qu’un nain diplomatique et militaire.
Guerre en Ukraine : quand Polémia analysait les manœuvres de l’oligarchie
La guerre en Ukraine démontre enfin que la France a perdu son statut de puissance mondiale d’équilibre.
En raison de sa position particulière, de sa traditionnelle amitié avec la Russie, la France aurait pu jouer un rôle majeur dans la résolution du conflit, d’autant qu’un chancelier des plus falots dirigeait l’Allemagne. Une France ambitieuse aurait même pu profiter de cette crise pour tenter de modifier la ligne atlantiste de Bruxelles, en s’appuyant sur les rares pays n’ayant pas cédé à l’hystérie antirusse. Voire de prendre l’initiative d’une conférence internationale pour trouver une solution européenne à la crise.
Le malheur a voulu que la France soit présidée non par un homme d’État, mais par un mondialiste infatué de sa personne et qui n’a pas eu d’enfants. Le malheur a aussi voulu qu’Emmanuel Macron préside le Conseil des ministres de l’UE au moment de la crise et qu’il se fasse un devoir d’en rajouter sur le bellicisme de la commission européenne.
À force de papouilles médiatisées entre le président français et le président Zelensky, la France a perdu toute crédibilité vis-à-vis de la Russie dans la question ukrainienne. D’autant qu’elle n’a rien fait pour faire respecter les accords de Minsk auxquels elle était partie.
Mais ce qui se passe pour l’Ukraine s’est aussi passé pour la vente des sous-marins à l’Australie, pour le Mali ou pour l’incapacité de la France à obtenir le rapatriement des délinquants étrangers dans leur pays d’origine. Avec, en toile de fond, l’insécurité catastrophique dans notre pays et désormais l’absence de majorité présidentielle au Parlement, nous sommes devenus la risée du monde entier !
Emmanuel Macron peut bien macroner, comme disent ironiquement les médias russes, il n’est pas plus crédible sur le plan international que sur le plan national désormais.
Malheur à la ville dont le prince est un enfant !
Michel Geoffroy
Article initialement paru le 28/06/2022
[1] Après ceux de l’Irak, de la Lybie et de la Syrie…
[2] En réactivant la loi prêt-bail mise en œuvre pendant la Seconde Guerre mondiale…
[3] Rappelons que ce sont les États-Unis qui sont à l’origine de la peur climatique mondiale, lancée par le film d’Al Gore Une vérité qui dérange en 2006.
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