Michel Geoffroy, essayiste
♦ La France est, nous dit-on, en guerre contre la terreur islamiste.
Mais les bisounours qui font mine de nous gouverner ne veulent surtout pas livrer cette guerre : tétanisés, à moins d’un an de l’élection présidentielle, à l’idée de se couper directement ou indirectement de l’électorat musulman ou des pétromonarchies, ils ne prennent que des mesures cosmétiques – des mesures qui leur feront peut-être gagner les prochaines élections mais qui nous feront sûrement perdre cette guerre qui vient de commencer.
D’abord censurons la réalité : c’est cela résister !
La première mesure prise par les bisounours est d’ordre médiatico-juidiciaire.
Elle consiste à censurer la représentation de la violence islamiste dans notre pays. Il ne faut pas choquer – pardon : réveiller – un peuple qui dort !
La censure a été relancée en juillet dernier par un éditorial du journal Le Monde : « Résister à la stratégie de la haine » (1) sous la signature de Jérôme Fenoglio ; celui-ci explique sans rire que pour lutter contre l’islamisme il ne faut pas… publier l’identité des terroristes afin d’éviter leur « glorification posthume ».
Le brillant éditorial poursuit en nous expliquant en effet que le but de l’Etat islamiste serait de provoquer la guerre civile en France en incitant à des représailles contre la communauté musulmane qui vit si pacifiquement parmi nous.
Et l’éditorialiste bisounours d’écrire « Ils appellent à cette guerre civile en France, pour faire croire que l’Occident est en guerre contre l’islam. Ils espèrent en finir avec cette anomalie, cette « zone grise », selon leur expression, ce pays où des religions coexistent pacifiquement dans le cadre ancien, et tolérant, que nous appelons laïcité. Ils veulent susciter ce passage à l’acte de la vengeance « communautaire ». Ne pas y céder, jamais, est le premier acte de résistance d’une société telle que la nôtre – c’est aussi son honneur – et une première défaite infligée à l’ennemi ».
Donc, si l’on comprend bien l’éditorialiste, pour ne pas faire le jeu de Daesh il suffit de nier la nature islamiste des attentats. Il suffisait d’y penser !
Les médias et les juges à l’unisson
Comme par enchantement tous les médias de propagande se sont mis à nous expliquer, à chaque fois qu’une violence ou un attentat était commis, qu’il s’agissait de l’œuvre d’un « déséquilibré » ou d’un individu « souffrant de troubles psychologiques ». On a d’ailleurs tellement abusé de l’expression qu’elle figure désormais en bonne place dans la novlangue officielle ; et qu’elle ne trompe déjà plus personne.
On a systématisé aussi le camouflage de l’identité des auteurs de ces actes : un agresseur qui veut tuer « un tas de kouffars » s’appelera ainsi Etienne (2) et Brahim deviendra Vincent (3). Ou bien on se bornera à écrire qu’un individu a commis tel acte. Comme cela PADAMALGAME assuré !
Ainsi le premier acte de résistance – car c’est bien ce qu’ose écrire l’éditorialiste du Monde – des autruches bisounours contre le péril islamiste consiste-t-il à nier médiatiquement sa réalité. Donc à nous enfouir la tête dans le sable. Nous voilà rassurés…
D’autant que la négation est également judiciaire car, comme le rappelait récemment Thibault de Montbrial, « il m’a été rapporté des situations dans le cadre desquelles, par souci d’apaisement, la dimension communautariste d’une infraction n’a pas été prise en compte par le parquet » (4). Bref : circulez, il n’y a pas de terrorisme.
La déradicalisation : notre seconde arme secrète
Les bisounours ne s’arrêtent pas là. Car puisqu’il ne doit y avoir aucun rapport entre terrorisme, islamisme, islam, djihad, immigration et « réfugiés » sauf à tomber dans l’amalgame odieux, le fantasme d’extrême droite ou à faire le jeu de Daesh, comment s’attaquer alors à la racine du mal ?
Les bisounours nous sortent alors leur terrible arme secrète : la déradicalisation des apprentis djihadistes. Car les pauvres sont finalement des victimes d’un mal nouveau : la radicalisation. Les médias de propagande utilisent d’ailleurs de plus en plus le mot radicalisé pour désigner les auteurs d’actes violents : ce qui permet de ne pas utiliser le mot islamiste, évidemment. CQFD.
Voici en effet qu’on ouvrira bientôt en grande pompe le premier centre de déradicalisation baptisé « Centre de prévention, d’insertion et de citoyenneté » (CPIC), à Beaumont-en-Véron, en Indre-et-Loire. « Ici seront accueillis durant une période maximum de dix mois des jeunes âgés de 18 à 30 ans en voie de radicalisation et qui veulent s’en sortir », explique le préfet d’Indre-et-Loire, en insistant sur le caractère « volontaire » de la démarche des futurs pensionnaires (5). On nous explique aussi qu’il y aura au programme : histoire, philosophie ou encore éducation aux médias. Chaque volontaire bénéficiera d’un accompagnement médical, social et psychologique. Ils devront également s’inscrire à des activités sportives ou créatives et s’investir dans la préparation de leur réinsertion sociale et professionnelle. Et qu’on se rassure : « La pratique religieuse sera libre pendant le temps personnel » (6). On le voit, ce centre sera assez cool pour ses gentils pensionnaires…
Vider la mer avec une cuillère
Manifestement le gouvernement de la France a choisi la version light de la guerre contre le terrorisme. Car son approche de la déradicalisation revient à tenter de vider la mer avec une cuillère alors que le premier ministre Manuel Valls déclarait récemment que « 15.000 individus considérés comme radicalisés sont observés par nos services (7).
Même en admettant qu’une dizaine de centres soient ouverts d’ici 2017, un rapide calcul montre qu’à raison de 10 candidats pendant 10 mois sur 10 centres, il faudrait environ… 150 ans pour rééduquer les 15.000 radicalisés. Et en supposant aussi, comme nos chefs de guerre (8) bisounours sans doute, que tous les apprentis djihadistes seront volontaires pour passer 10 mois de vacances payées par le contribuable à étudier les médias ou à s’enquiquiner en faisant de la vannerie à la campagne.
On comprend alors sans doute pourquoi le même Manuel Valls a déclaré que la lutte contre le terrorisme serait « l’affaire d’une génération » (9) : il était même très optimiste, selon nos calculs !
Daesh doit bien rigoler
On doit trembler au Quartier général de Daesh à l’annonce de ces réponses françaises au terrorisme. On doit bien rigoler aussi.
On doit surtout bien nous mépriser et c’est bien pire encore : car ces kouffars bisounours qui ont peur des mots et peur de se défendre ne méritent aucune estime. Daesh n’a-t-il pas écrit en août dernier, en réponse aux déclarations lénifiantes du pape François sur l’islam et la violence que « ceci est une guerre divinement cautionnée entre la nation musulmane et les nations infidèles […] et que même si vous [les pays occidentaux] arrêtiez de nous bombarder, de nous jeter en prison, de nous torturer, de nous humilier et de vous emparer de nos terres, nous continuerions de vous haïr, parce que le motif premier de notre haine ne disparaîtra pas tant que vous n’aurez pas embrassé l’islam. Même si vous deviez payer le jizyah [impôt pour les infidèles] et vivre sous l’autorité de l’islam dans l’humiliation, nous continuerions à vous haïr » (10)?
Mais en vain puisque les bisounours ne veulent pas entendre et veulent aussi nous empêcher de voir.
Dans les années 1930 les démocraties occidentales refusaient de prendre au sérieux ce qui était écrit dans Mein Kampf. Par aveuglement, par intérêt ou par lâcheté. Ou parce qu’elles ne se souciaient que des prochaines élections. Des millions d’Européens ont payé de leur vie cet aveuglement. Aujourd’hui, face à la guerre de civilisation qui avance, les politiciens bisounours occidentaux font montre du même aveuglement volontaire.
Mais qu’on se rassure : le ridicule ne tue pas les bisounours qui nous gouvernent. Il ne tue que des Européens et des Français.
Michel Geoffroy
15/09/2016
Notes :
- Le Monde du 27 juillet 2016.
- Le Parisien du 12 septembre 2016.
- Le Parisien du 30 juillet 2016.
- FigaroVox du 15 septembre 2016.
- BFMTV du 14 septembre 2016.
- BFMTV du 14 septembre 2016.
- M. Valls, invité du « Grand Rendez-vous » Europe 1/iTélé/Les Echos, dimanche 11 septembre 2016.
- Rappelons que c’est ainsi que les médias de propagande appelaient François Hollande suite à l’intervention française au Mali en 2013.
- Après l’assassinat de 2 policiers en juin 2016.
- Fdesouche du 18 août 2016.
Note de la rédaction : voir aussi,
Château de Pontourny
Correspondance Polémia – 15/09/2016
Image : Le centre éducatif et de formation professionnelle (CEFP) de Pontourny, à Beaumont-en-Véron, dans la périphérie de Chinon, a été choisi pour accueillir cette structure inédite en France. – (Photo archives NR)