« L’ensemble de la viande (…) distribuée en Ile de France, à l’insu du consommateur, est exclusivement de la viande halal. » Telle fut la déclaration abrupte lancée par Marine Le Pen au cours d’une conférence de presse impromptue lors de la convention présidentielle de son parti, tenue à Lille les 19 et 20 février.
La polémique est lancée
La polémique était lancée et immédiatement les réactions du ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, et des professionnels de l’alimentation et de la viande se sont fait entendre. Néanmoins, ces réactions, tant du gouvernement que des professionnels, furent plutôt molles. En revanche, la Chambre d’agriculture d’Ile-de-France a confirmé dès le 21, dans un communiqué, que 100% de la viande abattue en Ile-de-France l’était bien selon les traditions musulmane et juive, ce qui obligent les éleveurs franciliens à transporter leurs bêtes en province pour les faire abattre et à rapatrier les carcasses pour le condionnement et la distribution en Ile de France. Entre parenthèse, n’y aurait-il pas là une des raisons de la cherté de la viande de boucherie ?
Encore le libéralisme économique
En fait, cet état de chose résulte encore une fois d’un libéralisme économique à tout crin. Auparavant, les abattoirs de la région étaient gérés par les communes mais « le désengagement des municipalités a vu peu à peu l’ensemble de l’abattage francilien confié à des opérateurs privés », explique la Chambre d’agriculture et pour des « raisons de simplification des process et poussés par la réduction des coûts », ces opérateurs ont privilégié un « procédé unique d’abattage rituel », regrette encore la Chambre d’agriculture qui pointe du doigt « le consentement coupable des services de l’Etat ».
Mais, pour rassurer les consommateurs pointilleux s’il en était besoin, il faut signaler que, selon, les professionnels de la viande, les abattoirs franciliens représentent moins de 2% de la consommation en Ile de France. On peut seulement regretter, malgré tout, le manque d’information des consommateurs, car finalement, toujours selon ces mêmes professionnels, « on estime qu’en France 30% de la viande est abattue selon les rites musulman et juif alors que la demande ne représente que 7% ; 23% sont donc commercialisés comme de la viande traditionnelle ».
Il semblerait que le tout halal rapporte plus, en dépit d’un risque sanitaire
L’hebdomadaire Marianne s’est livré à une enquête. Plusieurs experts ont été interrogés : ils confirment le reportage de France Télévision qui avait fait bondir Marine Le Pen.
Voici ce qu’écrit le journaliste enquêteur Jean-Claude Jaillette :
« Gilbert Mouthon, professeur à l’Ecole Vétérinaire de Maison Alfort (94) et expert auprès des tribunaux est formel “ pour des raisons économiques, tous les animaux abattus en Ile-de-France le sont selon les techniques halal. Et le phénomène est en train de gagner toute la France, où on estime que 80% des moutons sont abattus selon les méthodes halal”. Le principe est simple : des dérogations – légitimes – ont été accordées pour permettre les abattages rituels, halal et cascher, à des moments clairement identifiés. Or ces méthodes présentent bien plus de risques sanitaires que les méthodes conventionnelles, très codifiées. Ce qui implique, pour les abatteurs, une fois ces moments réservés aux pratiques rituelles passées, d’arrêter les chaînes d’abattage pour les nettoyer et les désinfecter. Ce que de moins en moins de professionnels se résolvent à faire, préférant généraliser les pratiques rituelles et augmenter leurs profits.»
« Peut-on dire dès lors, comme Marine Le Pen, que “ tous les abattoirs se sont convertis aux règles d’une minorité ” ? “ Le problème posé, le scandale même, analyse le Dr Jean-Louis Thillier, auteur de nombreux rapports officiels sur la sécurité sanitaire, c’est celui du non-respect des normes d’hygiène, conduisant à une augmentation des contaminations à l’Echerichia Colli, ces terribles bactéries qui provoquent tant d’insuffisances rénales chez les enfants. Au cours de ce type d’abattages rituels, le contenu de l’œsophage et des intestins des animaux risque de souiller la viande, particulièrement les quartiers avant qui finissent dans les steaks hachés. Voilà pourquoi l’étiquetage indiquant comment les animaux ont été abattus est si important. Le consommateur est en droit de savoir. ” Il délivre un conseil aux amateurs de viande : la faire bien cuire. »
Les responsables : les vétérinaires
« C’est donc bien de l’état sanitaire des abattoirs qu’il s’agit, que les vétérinaires de l’État sont censés surveiller. Avec beaucoup de négligence semble-t-il. Depuis la fin des années 1990, plusieurs rapports officiels ont tiré le signal d’alarme, la Cour des comptes, la Direction générale de l’alimentation notamment. Le ministère de l’Agriculture, et particulièrement Bruno Le Maire, actuel ministre, fait la sourde oreille.
Leur indifférence vient de donner des armes à Marine Le Pen, pour, une nouvelle fois dénoncer “l’invasion de la France par les communauté, islamiste en particulier.” »
Conclusion
Certes les vétérinaires, si l’on en croit Marianne, ont leur part de responsabilité dans les risques encourus de la prolifération de l’Echerichia Colli, mais l’Etat à une responsabilité régalienne qui est d’assurer la sécurité, ici sanitaire, des citoyens. Or là encore, il a abandonné aux mercantiles une fonction qui lui est de droit. Le consommateur doit-il se substituer à l’Etat en s’interdisant de manger de la viande hachée ou crue ?
René Schleiter
22/02/2011