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Tout halal : la dictature des minorités religieuses et des marchands

Tout halal : la dictature des minorités religieuses et des marchands

par | 5 mars 2012 | Société

Tout halal : la dictature des minorités religieuses et des marchands

Jouant son rôle d’avant-garde dans le débat d’idées, Polémia a, dès 2008, souligné les scandales de l’abattage rituel dont les pratiques impliquent tous les consommateurs. Polémia revient ici sur ce sujet à l’occasion de sa spectaculaire médiatisation dans le cadre de l’élection présidentielle. Nos lecteurs trouveront ici l’analyse de Guillaume Bénec’h décrivant comment la dictature des minorités religieuses et des marchands s’impose à la majorité des consommateurs et des extraits d’un article du Monde donnant le point de vue des autorités religieuses musulmanes et juives.

Que les musulmans pieux et les juifs religieux puissent, pour respecter leurs rites, obtenir des dérogations aux règles d’abattage après étourdissement de l’animal, c’est une chose. Que la majorité des Français soient contraints, sans le savoir et sans le vouloir, de manger de la viande abattue selon des rituels orientaux, c’en est une autre. Dans le premier cas la tolérance religieuse conduit à accepter des dérogations à la loi commune. Dans le second cas l’intolérance et les intérêts matériels de religions minoritaires débouchent sur une dictature où les minorités imposent leurs lois à la majorité.

C’est pourtant ce qui se passe aujourd’hui, en France, où près de 30% des bovins et près de 60% des ovins sont abattus sans étourdissement préalable sur des chaînes d’abattage rituel.

Cette situation s’explique de trois manières :

– La logique du « pur » et de « l’impur », propre aux rites orientaux, consiste à refuser la présence de produits « impurs » à côté des produits certifiés religieusement. D’où l’élimination progressive du porc et des viandes abattues après étourdissement dans tout ce qui est collectif : restaurants d’entreprise, plateaux de voyages, cantines scolaires, grandes chaîne de restauration (affaire Quick) et même simples cocktails. Dans un pays qui se revendique de la laïcité, on a ainsi assisté à la prime à l’intolérance religieuse !

– La logique marchande a conduit à rechercher les marchés religieux tout en cherchant la maximisation du profit. Les grandes chaînes de production (abattage, transformation) se sont donc équipées de chaînes d’abattage rituel mais, pour éviter d’avoir à les « purifier » entre deux usages, ce qui est coûteux, elles ont tendance à les utiliser en continu : une partie de la viande qui part dans le circuit normal est ainsi abattue sans étourdissement préalable. De même la recherche d’économies dans le transport et la logistique conduit à avantager les produits rituels.
– Les autorités religieuses musulmanes et juives se sont alliées pour éviter l’étiquetage.

Les juifs et les musulmans représentent moins de 10% de la population française. Et tous ne sont pas religieux. Pourtant, selon les services vétérinaires 30% des bovins et 60% des ovins sont abattus sans étourdissement préalable comme l’exigent les rituels casher et halal. L’explication est simple : ce sont l’ensemble des consommateurs français qui prennent en charge le surcoût de l’abattage rituel.

Recevant le ministère de l’Intérieur, le 7 septembre 2010, à l’occasion d’un dîner de clôture du Ramadan, Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman (CFCM), a tenu à réaffirmer : « Le soutien des pouvoirs publics et l’action concertée avec le Consistoire central (juif) nous ont permis, après de longues batailles, de défendre au niveau européen l’abattage rituel. »

C’est aussi pourquoi les ministres français se sont toujours opposés à Bruxelles et à Paris à toute forme d’étiquetage de la viande selon la forme d’abattage. S’étonnant de la volte-face électorale de Nicolas Sarkozy, Bruno Fiszon, conseiller du grand rabbin de France, a déclaré dans Le Monde du 6 mars : « Nous avons eu des garanties en ce sens jusqu’à très récemment. » L’enjeu est ici économique : écouler auprès du consommateur non religieux les rebuts des abattages rituels : bête écartée comme « impure » par le rabbin ou arrière-trains jugés « impurs » ou moins consommés par les acheteurs religieux juifs ou musulmans. Ainsi l’absence d’étiquetage permet de faire financer les filières rituelles par ceux qui ne souhaitent pas consommer des produits rituels. Ce qui est une forme d’exploitation de la majorité par des minorités. Et de financement de leur culte.

Cette situation est clairement choquante.

Il est donc naturel de mettre en avant l’exigence d’étiquetage. Deux voies sont envisageables :

– contraindre les hommes politiques à prendre davantage en compte les libertés des majorités que les exigences des minorités ;
– ou contraindre à la base les professionnels à un minimum de transparence. Filières de proximité et bouchers de quartiers ont tout à y gagner.

Guillaume Benec’h
05/03/2012

Annexe

Polémia a publié dès 2008 de nombreux articles sur l’obligation pour les consommateurs français de consommer contre leur gré de la viande abattue rituellement. Cet article du Monde publié le 6 mars 2012 confirme en tous points les analyses précédemment avancées. Mais c’est bien le rôle de Polémia que d’être un incubateur d’idées et un brise–glace idéologique.

Le Monde du 6 mars 2012 (extraits)

« C’est peu dire que les responsables juifs ont été cueillis à froid, au sortir de shabbat, par l’annonce de Nicolas Sarkozy sur l’abattage rituel, samedi 3 mars. Contre toute attente, le candidat de l’UMP à l’élection présidentielle s’est déclaré pour “l’étiquetage de la viande en fonction de la méthode d’abattage”. Cet engagement revient à préciser sur les emballages si la viande vendue dans le circuit classique est issue d’un animal égorgé sans étourdissement préalable, selon la tradition musulmane et juive.

Cette annonce suscite dans la communauté une totale incompréhension”, assure le rabbin Bruno Fiszon, conseiller du grand rabbin de France sur ces questions. “Elle est pour nous illisible car jusqu’à présent la ligne du président de la République et du gouvernement était claire : pour la défense de l’abattage rituel – en limitant les abus – mais contre la politique d’étiquetage restrictif. Nous avons eu des garanties en ce sens jusqu’à très récemment.” La communauté juive, rejointe par les responsables musulmans, se bat depuis des années contre un tel étiquetage jugé “stigmatisant” et susceptible de susciter “un boycott” et donc un surcoût de la viande.

Selon différentes sources, la volte-face de M. Sarkozy, qui survient trois semaines après les déclarations fracassantes de Marine Le Pen sur la présence de viande halal dans le circuit de distribution classique, a surpris jusque dans sa majorité. Le ministère de l’agriculture jugeait il y a quelques jours encore une telle mesure “stigmatisante”. Ce discours officiel globalement favorable à l’abattage rituel a même empêché tout débat national sur ce sujet.

A plusieurs reprises, les parlementaires UMP ont renoncé à des textes prônant l’étiquetage, sous la pression du gouvernement, sensible aux arguments des religieux et des industriels. La France est même le principal pays à défendre ces positions au niveau européen. Aussi, ce changement de pied de M. Sarkozy en pleine campagne électorale est-il perçu par certains responsables religieux comme “un mouvement de panique” face aux sujets mis en avant par le Front national.

(…)

La communauté juive s’inquiète des difficultés à écouler de la viande abattue rituellement sur le marché classique, car, selon la cacherout, seuls 30% à 40% d’un animal sont propres à la consommation, le reste se retrouvant dans le circuit conventionnel.

Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui (…) se dit par ailleurs “inquiet” de cette polémique qui “crée des tensions dans la société”. Pour Fateh Kimouche, responsable du site militant d’information du consommateur musulman Al Kanz, l’étiquetage est en revanche indispensable : “C’est le manque de transparence qui alimente l’islamophobie”. »

(…)

Stéphanie Le Bars

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