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Thilo Sarrazin : « Aujourd’hui, l’Union européenne s’engage sur une mauvaise voie »

Thilo Sarrazin : « Aujourd’hui, l’Union européenne s’engage sur une mauvaise voie »

par | 10 octobre 2024 | Europe

Thilo Sarrazin : « Aujourd’hui, l’Union européenne s’engage sur une mauvaise voie »

Thilo Sarrazin est une personnalité allemande hétérodoxe. Issu du SPD, il a publié en 2010 un ouvrage qui a fait date : L’Allemagne disparaît. Nous diffusons à nos lecteurs un texte du 17 octobre 2023, traduit par Nicolas Faure, correspondant allemand de Polémia, à ne pas confondre avec Nicolas Faure, animateur du média Sunrise. Dans ce texte, Thilo Sarrazin expose sa position sur l’Union européenne qu’il souhaite voir renoncer à une organisation jacobine et s’orienter vers une vision plus civilisationnelle. Une approche qu’on retrouve aussi chez David Engels, chantre de l’héspérialisme.
Polémia

Diversité et unité de l’Europe

En principe, je privilégie les États aux dimensions limitées plutôt que trop vastes. La culture européenne a atteint son apogée dans les États-cités italiens de la Renaissance ou dans les villes libres du Saint Empire romain germanique.
Les États nationaux ont réussi au moment où ils ont assimilé le meilleur des cultures urbaines européennes et les ont associées pour former un nouvel ensemble.

Mais les conflits armés, la soif de pouvoir, le désir d’expansion et la menace d’ennemis potentiels ont également joué un rôle. C’est ainsi qu’est née l’obligation de se rassembler en de plus grandes unités, ce qui a donné naissance aux États-nations européens. Il y a toujours eu en Europe une diversité de langues, de coutumes ou gastronomique. Mais, à côté de cela, il y avait une unité interne de la culture européenne. Celle-ci se manifestait dans la mode, les arts ou la technologie.

Le mélange d’unité et de diversité ainsi que les échanges intensifs par-delà les frontières ont favorisé la concurrence et créé le caractère bien spécifique de la culture européenne et de la civilisation occidentale.
Dans un monde en forte croissance démographique, l’Europe est devenue de plus en plus petite en termes absolus. Depuis 1950, l’intégration européenne est la réponse politique à la perte d’importance relative de l’Europe et aux conflits armés de la première moitié du xxe siècle.

L’objectif est de garantir la paix à l’intérieur et de mieux résister aux menaces sur le plan extérieur.

L’Europe face aux menaces

L’intégration européenne en tant que telle est un processus ouvert sur l’avenir, sans objectif clair et reconnu par tous. De fortes minorités souhaitent maintenir la primauté de l’État-nation dans tous les pays européens, d’autres voient une Europe des patries. Mais il existe aussi de fortes minorités qui misent à long terme sur un État fédéral européen. Je n’en fais pas partie. Pour moi, trois choses sont importantes :

  • un espace économique commun, dans lequel les personnes et les marchandises peuvent circuler librement, avec des règles communes en matière de concurrence et de protection de l’environnement ;
  • une politique de sécurité et de défense commune et efficace, de préférence dans et avec l’OTAN, mais aussi sans l’Amérique si nécessaire ;
  • une protection commune et efficace des frontières, avec une politique ferme de lutte contre l’immigration indésirable.

Ces trois objectifs peuvent en principe être garantis dans une Europe des patries, mais aussi dans un État fédéral européen. Mais, dans tous les cas, il est nécessaire de développer une fois pour toutes une politique commune en matière de sécurité, d’asile et d’immigration. Pour cela, il faut se mettre d’accord sur la nature des menaces et agir en conséquence :

  • si l’Europe entend devenir réellement indépendante des États-Unis sur le plan militaire, elle a besoin d’un parapluie nucléaire commun. Cela ne peut être qu’une force de frappe évoluée. Sa fonction de protection ne doit pas se limiter à la France ;
  • l’Europe a besoin de forces conventionnelles adaptées à la menace russe, c’est-à-dire de chars, d’artillerie et d’une défense aérienne efficace. Elle n’a plus besoin de forces pour intervenir en Afrique ou au Proche et au Moyen-Orient. L’époque de la domination coloniale européenne ou des opérations mondiales est révolue ;
  • l’Europe n’a pas seulement besoin d’une politique d’asile et d’immigration en commun. Elle doit également être conçue de manière à ce qu’une gestion efficace de l’immigration soit réellement possible. Cela nécessite une réforme de la convention de Genève sur les réfugiés et de la Convention européenne des droits de l’homme, ainsi qu’une protection ferme des frontières maritimes européennes par des forces navales équipées en conséquence.

C’est faire fausse route que de vouloir étouffer la diversité interne de l’Europe par un réseau toujours plus touffu de réglementations européennes, tout en mettant en péril et finalement en ruinant le noyau culturel et l’identité démographique de l’Europe par la poursuite de l’immigration de masse en provenance du monde islamique.
Aujourd’hui, l’Union européenne s’engage sur une mauvaise voie.

Thilo Sarrazin
Traduction :
Nicolas Faure
10/10/2024

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