La société des journalistes du Figaro a demandé à la direction de virer Eric Zemmour après son discours offensif lors de la Convention de la Droite. L’un des instigateurs de cette chasse aux sorcières n’est autre que le chroniqueur judiciaire Stéphane Durand-Souffland. Un « journaliste » qui avait commis un papier d’une rare ignominie en 2010 pour parler du meurtre de Jean-Claude Irvoas, père de famille français, tué par des racailles lors des émeutes du ramadan 2005. Cet article avait valu à Stéphane Durand-Souffland d’obtenir le premier Bobard d’Or. Dans le texte ci-dessous, nous partageons l’entièreté du décryptage de cet article ignominieux de Stéphane Durand-Souffland.
Polémia
Le 2 janvier 2010, Stéphane Durand-Souffland rédige un pré-papier en forme de rappel des faits sur les agresseurs présumés de Jean-Claude Irvoas – leur procès en appel s’ouvre trois jours plus tard devant la cour d’assises de Paris. Stéphane Durand-Souffland est un chroniqueur judiciaire réputé. Il est même une autorité morale en son domaine : il préside, depuis 2005, l’Association de la presse judiciaire.
Son article est à déguster morceau par morceau.
« Une brève altercation »
Il écrit d’abord ceci : « Dans l’après-midi du 27 octobre 2005, à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), une brève altercation mettait aux prises un homme et trois individus. Le premier chutait lourdement sur le trottoir : il succombait peu après, en dépit de tentatives de réanimation. »
Une « altercation » ? On aurait donc eu affaire à une dispute vive et brève entre plusieurs personnes. C’est du moins ce que dit le dictionnaire. Or ce qui s’est passé n’a rien à voir avec cela. Jean-Claude Irvoas, qui travaillait dans une société d’éclairage public, prenait des photos de lampadaires lorsqu’il a été agressé par une bande qui se livrait à du trafic de drogue. Frappé violemment. Au point qu’il en est mort. Il n’a pas « chuté » par l’opération du Saint-Esprit, il a été abattu par la violence du coup porté.
Rien à voir avec les émeutes ?
Deuxième extrait : « L’affaire avait suscité un vif émoi à Epinay-sur-Seine et fait grand bruit, à l’époque, dans un contexte d’émeutes urbaines dont elle était toutefois déconnectée. »
A lire Durand-Souffland, on comprend que le « vif émoi » s’est cantonné aux limites de la commune d’Epinay. A se demander pourquoi Le Figaro ne laisse pas ce sujet d’intérêt local à l’édition séquano-dyonisienne du Parisien… Justement parce que l’émoi avait été national (« Un père de famille sans histoire a été littéralement lynché par une bande de jeunes, battu à coups de pied et de poings, il est mort peu après », avait relaté France 2 avant de diffuser un reportage) et que le crime, précédé de l’apostrophe « Fils de pute ! On va te niquer ! » avait été commis, sous les yeux de sa femme et de sa fille de 16 ans, lors des émeutes ayant eu lieu dans les banlieues françaises – ah ! La belle formule d’« émeutes urbaines » – lors du ramadan 2005.
Origine non-contrôlée
Troisième extrait : « L’extrême droite avait tenté de récupérer [l’affaire] pour crier au racisme antiblanc, alors que trois des quatre individus concernés sont d’origine européenne. »
Lesquels ? Samba Diallo, le dealer de la bande, complice du meurtre ? Il est franco-sénégalais. IchemeBrighet, l’autre complice du meurtre ? Il est franco-algérien.Benoît Kusonika, tenu par la justice pour l’auteur du coup ayant entraîné la mort ? Durand-Souffland écrit qu’il est « né à Limoges ». Peut-être, mais le Limougeaud est franco-congolais. Alors Sébastien Béliny, qui n’aurait été « que » guetteur. Il est français, certes, et seulement français, mais pas « d’origine européenne » : il est antillais.
Faut comprendre, monsieur le président…
Pour conclure, Stéphane Durand-Souffland, passant de l’« altercation » à l’« échauffourée », terme encore plus inopportun puisqu’il signifie qu’une courte bagarre a eu lieu, ce qui est faux, fait mine de s’interroger sur une anomalie de l’enquête : « Reste que ni les témoignages humains, ni la brève séquence captée par la bande magnétique [vidéo], n’expliquant les constatations du médecin légiste. Tant les agresseurs présumés que les proches de la victime font état d’un unique coup violent qui aurait déséquilibré le photographe amateur ; or plusieurs traces relevées sur le corps de ce dernier laissent penser qu’il a été molesté avec davantage d’acharnement. »
Lors du procès des quatre voyous devant la cour d’assises de Seine-Saint-Denis, en 2007, l’explication avait pourtant été donnée. Même l’Agence France Presse l’avait rapportée : si « les légistes ont relevé sur le corps de M. Irvoas, mort d’un traumatisme crânien dû à sa chute, neuf hématomes profonds (autres que ceux causés par la chute mortelle) », alors que seul Benoît Kusonika a reconnu l’avoir frappé, mais une seule fois, c’est que « plusieurs séquences sont masquées par des feuillages ». Et que, faute d’aveux, on ne saura jamais lesquels ont porté les neuf autres coups…
Devant la cour d’assises de Seine-Saint-Denis, Benoît Kusonika avait été condamné à 15 ans de réclusion criminelle. Samba Diallo et IchemeBrighet, coupables de violences ayant entraîné la mort, à 12 ans. Sébastien Béliny à 2 ans pour complicité de vol avec violence ayant entraîné la mort, le vol étant celui de l’appareil photo de Jean-Jacques Irvoas. En appel, Diallo et Brighet ont vu leurs peines ramenées respectivement à 10 ans et 11 ans, celle de Kusonika a été ramenée à 14 ans, alors que l’avocat général François-Louis Coste avait requis, au contraire, une aggravation des peines, réclamant que le principal accusé soit condamné à 18 ans.
Sévère, ce procureur, pour une bête « altercation » à l’origine d’une mauvaise chute… Très sévère, ce procureur, à l’égard de Kusonika, à propos duquel Durand-Souffland avait écrit dans sa plaidoirie (pardon, dans son article) : « Il avait passé une nuit blanche et fumé quelques joints lorsque son chemin a croisé celui de la victime. » Si c’est pas un coup de malchance, ça, monsieur le président…
Polémia
02/10/2019
Crédit photo : Capture d’écran vidéo YouTube