1-Forte poussée FN sur fond d’immigration
Par rapport aux précédentes élections régionales de 2010, le FN double son score. Par rapport aux élections départementales de mars 2015, il passe de 25% à 28%. Cette progression est liée à la prise de conscience de l’invasion migratoire : selon un sondage Opinion way sur les motivations de vote, 76% des électeurs FN votent en raison de l’immigration, 74% de la sécurité, 59% de l’arrivée des migrants en Europe, 56% de la lutte contre le terrorisme. http://www.lepoint.fr/regionales-2015-opinionway-scrute-les-motivations-du-vote
Cette progression est à mettre en parallèles avec les élections récentes en Suisse, en Autriche, en Pologne qui avaient vu une forte progression des partis populistes. Cette progression concerne l’ensemble du teritoire y compris la Corse où le FN se qualifie pour le second tour.
2-Le FN plébiscité dans ses bastions.
Marine Le Pen et Marion Maréchal Le Pen virent en tête à plus de 40% dans le Nord et en Provence. Et à plus de 44% dans le Vaucluse et le Pas de Calais. Dans les villes FN les résultats dépassent 50% à Fréjus, au Luc, à Cogolin, à Hénin-Beaumont, à Camaret-sur-Aigues, au Pontet, 40% à Villers-Cotterêts, Hayange, Béziers, 30% à Mantes-la-Ville.
3-Une élection qui s’est jouée sur le thème de l’identité
« Identité », c’est le mot qui revenait le plus souvent lors de la soirée électorale. La recherche de l’identité s’est traduite dans le vote FN bien sûr mais aussi dans des votes d’inspiration régionalistes : près de 30% en Corse, 7% en Bretagne (avec Le Troadec des Bonnets rouges) et à l’est près de 5% de révoltés (10% en Alsace !) de la fusion artificielle Alsace-Lorraine-Champagne Ardennes. Un message qu’a d’ailleurs compris et repris le pourtant jacobin Florian Philippot dans un discours de remerciement aux électeurs où il a fendu l’armure.
4-La persistance d’un vote souverainiste
Malgré la tonalité très anti Union européenne et très anti euro de son discours, le FN n’a pas capté l’électorat souverainiste qui se maintient à un niveau élevé pour une élection régionale (et non européenne), 5% : 4% pour Nicolas Dupont-Aignan (6% en Ile-de-France) et 1% pour Asselineau. Reste à savoir comment ces électeurs se reporteront au deuxième tour ?
5-« Les Républicains » sont passés à la centrifugeuse
« Les Républicains », alliés aux centristes, plafonnent à 27% : ils conservent leur plus mauvais résultat historique, celui de 2010. Ils ont manifestement souffert des conséquences électorales de l’invasion migratoire et des attentats : leurs électeurs les plus sécuritaires et les plus identitaires ont filé au FN ; pendant que les électeurs légitimistes et conformistes se sont mobilisés, à gauche, contre le FN. L’espace centriste se réduit. D’autant que les candidats ayant adopté la ligne la plus centriste – Reynié dans le sud-ouest par exemple – subissent une véritable débâcle (18%).
Le deuxième tour s’annonce difficile pour le parti de Sarkozy : d’un côté l’ancien président invite à mettre la barre à droite…de l’autre ses meilleures chances de succès reposent sur les reports de gauche dans le grand est, la Provence et le Nord ! Bref la quadrature du cercle.
6-L’ahurissement médiatique va –t-il encore faire fonctionner le « Front républicain » ?
Le « barrage républicain » c’est la privatisation du pouvoir au service de petits groupes. C’est l’alignement de la classe politique sur le point des vue des lobbys communautaires et des médias. A l’inverse de la logique d’un scrutin proportionnel (à prime majoritaire) et de la proximité idéologique des électorats (LR/FN). Marine Le Pen, Marion Maréchal Le Pen et Florian Philippot parviendront-ils à briser l’étau ? Ce qui est sûr c’est que la partialité médiatique risque de fausser le résultat final.
Jean-Yves Le Gallou
7/12/2015
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