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Sirènes migratoires dans les îles grecques

Sirènes migratoires dans les îles grecques

par | 9 septembre 2015 | Géopolitique

Sirènes migratoires dans les îles grecques

Avec près de 200.000 clandestins (appelés « migrants » pour les besoins de la cause humanitaire) arrivés en catimini depuis janvier 2015 avec la complicité évidente de certaines forces turques, les îles grecques proches de la Turquie vivent un véritable enfer.

Au premier rang de celles-ci figure l’île de Kos, devenue depuis bientôt un an un véritable dépotoir pour le plus grand malheur de ses habitants… mais aussi des différents pays européens qui, selon le vœu des dirigeants européens aux manettes, vont se partager ces dizaines de milliers d’hommes et de femmes, syriens pour la plupart d’entre eux (du moins le prétendent-ils), kurdes ou afghans. A une portée d’encâblure de la très chic station turque de Bodrum, Kos est l’endroit rêvé pour le crime organisé turc, longtemps spécialisé dans le trafic de drogues à travers la route des Balkans avant de passer à un autre trafic, celui des êtres humains, tout aussi lucratif – et très prospère depuis la chute de Khadafi organisée par Nicolas Sarkozy et son complice BHL et l’obstination de Jérusalem et de Washington à s’offrir le trophée de chasse de Bachar el-Assad.

Depuis plus d’un an, Kos a été littéralement prise d’assaut pour la bonne et simple raison que contrairement à ses voisines, et notamment Chios, elle ne dispose pas de camp de rétention. C’est donc tout bénéfice pour les nouveaux venus et surtout pour les passeurs qui peuvent ainsi envoyer en Europe toutes sortes d’individus, fussent-ils bandits de grand chemin, terroristes chevronnés ou tout simplement décidés coûte que coûte à forcer les lignes. Le crime organisé turc joue ainsi sur du velours et sait très bien que, d’une part, la Grèce est dépassée par le mouvement migratoire en cours et que, d’autre part, Tsipras et son gouvernement, favorables à des naturalisations massives, ont toujours pris fait et cause pour les immigrés de tout poil et mènent une lutte sans merci contre Aube Dorée ou tous ceux qui sont opposés à ces invasions. Rappelons pour l’anecdote que, lors de la première réception qu’il a donnée en sa qualité de premier ministre, Alexis Tsipras est arrivé flanqué – sur la suggestion de sa très gauchiste épouse – d’une Africaine demandeur d’asile récemment arrivée sur le sol grec.

Le double langage d’Ankara

Côté turc, c’est le règne du double langage. Alors que les forces de sécurité disent multiplier les mesures pour freiner le nombre de clandestins qui franchissent les frontières du pays en direction de l’Europe, le président Erdogan, lui, accuse précisément l’Europe de ne pas accueillir assez de Syriens. Il est vrai que depuis 2011 le régime islamo-conservateur d’Ankara en hébergerait plus d’un million. Après la récente attaque terroriste islamiste de Suruc (32 morts) et l’assassinat par les terroristes communistes du PKK de deux policiers turcs, le président (en sursis après son échec aux Législatives) a été rappelé à l’ordre par Yegin Mehmet, spécialiste turc de stratégie : « La Turquie doit clairement décider si elle veut poursuivre sa politique de “portes ouvertes” ou mener une autre politique. » Il exhorte en clair son pays à mener une politique plus stricte contre les migrants clandestins dont certains pourraient constituer une menace terroriste. Une chose est sûre : Erdogan l’a visiblement écouté puisqu’il a décidé de construire un mur en béton de plus de sept kilomètres de long entre son pays et la Syrie voisine – à moins qu’il n’ait copié Israël, pionnier en matière de mur ! Ce rempart sera-t-il suffisant pour rassurer les touristes qui boudent la Turquie et lui préfèrent… la Grèce qui peut se vanter, pour l’instant, d’avoir fait le plein de touristes ?

Le changement de route des flux migratoires

Dans un rapport publié au début de l’été, le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) indiquait que « l’itinéraire de l’est de la Méditerranée depuis la Turquie vers la Grèce avait désormais dépassé celui de la Méditerranée centrale (depuis l’Afrique du Nord vers l’Italie) en tant que principale source des arrivées maritimes ». A l’origine de ce changement de cap, les pleureuses professionnelles qui se sont apitoyées sur les différents naufrages de clandestins en route vers Lampedusa, mais aussi les coups portés par le gouvernement turc à la filière des « bateaux fantômes » qui récupéraient des « migrants » au large de la Turquie pour les conduire en Italie. Il s’agissait, en fait, de bateaux voués à la démolition et rachetés par des passeurs sans scrupules. Forts d’une importante cargaison humaine, ils naviguaient sans équipage, sur pilote automatique en direction des côtes italiennes. A la suite de plusieurs avaries qui ont ému l’Europe entière, la Turquie a fait la chasse aux acheteurs de ces cimetières flottants et sonné ainsi la fin de la partie. Mais pas la fin de cette invasion migratoire qui a augmenté de 83% depuis le mois de janvier 2015 et qui, maintenant, se focalise principalement sur la Grèce, qu’il s’agisse de voie maritime ou de voie terrestre. Après cette halte, les clandestins prennent, avec la complicité de certains gabelous hellènes, la route de Skopje, au risque de tomber dans les filets de gangs balkaniques, avant d’atteindre la Serbie, puis la Hongrie que Viktor Orban défend si courageusement. Mais cette invasion se monnaie. Bruxelles vient d’accorder au gouvernement Siryza une aide de 474 millions d’euros : un nouveau Tonneau des Danaïdes, en quelque sorte…

Françoise Monestier
Source : Présent
21/08/2015

Françoise Monestier

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