Au lendemain de l’émission Mots croisés sur France 2, Robert Ménard, maire de Béziers, a tenu une conférence de presse mardi 5 mai à sa mairie afin de répondre aux condamnations de la classe politique sur un « fichage » d’élèves musulmans ; il dénonçait « l’hypocrisie d’une gauche qui n’a pas de leçons à donner ». Au nom de la liberté d’expression, il faisait face au déchaînement médiatique orchestré par le gouvernement de François Hollande et de Manuel Valls, dont on connaît, pour ce dernier, la violence verbale coutumière.
Robert Ménard s’est défendu de détenir une quelconque « liste ». « Je n’ai jamais parlé de fichage. Je dis que le seul fichier aujourd’hui, le seul listing, il est à l’Education nationale. Je n’en ai pas », a-t-il indiqué sans plus de précisions. Il a aussi précisé qu’il réservait au « juge d’instruction sa réponse » quant à la manière dont ses services ont évalué à 64,6% le nombre « d’élèves musulmans ».
Robert Ménard a confirmé avoir été entendu par les policiers de Montpellier tandis que quatre fonctionnaires locaux – qui, selon lui, auraient dû « avoir d’autres priorités » – perquisitionnaient les services de la mairie.
Robert Ménard favorable aux statistiques ethniques
Faisant de l’attaque sa meilleure défense, l’ex-président de Reporters sans frontières s’en est pris tour à tour aux journalistes, accusés de mal faire leur travail, et aux politiques, notamment « la gauche hypocrite ». « Des dizaines de politiques et des dizaines de journalistes font semblant de ne pas comprendre ce que je n’ai pas dit ». « Comment font les maires de gauche qui servent aux enfants des cantines des repas sans porc ? Comment s’y prennent-ils? », s’est interrogé le maire de Béziers. « La gauche n’a pas de leçons à nous donner et à me donner ».
Et de multiplier les exemples : « Quand Martine Aubry affirme en 2012 qu’il y a 35% de Maghrébins à Lille et que c’est génial, elle le sait comment ? Au faciès ? Quand Jack Lang écrit en 2014 au premier ministre pour lui dire que les deux tiers des prisonniers en France sont des musulmans, il le sait comment ? Par l’opération du Saint-Esprit ? »
« Oui, il faut faire des statistiques ethniques. Dans ce pays, on ne peut pas dire la réalité des choses », affirme Robert Ménard.
Puis le maire de Béziers s’adresse au premier ministre : « Je vais me retourner vers monsieur Manuel Valls, je lui demande solennellement de faire voter la loi qu’il voulait déposer en 2009 lorsqu’il était député-maire d’Evry. Cette loi était pour légaliser le comptage ethnique, qu’il le fasse et qu’il tienne ses promesses », a-t-il déclaré.
Puis d’ajouter : « Quand je vois la gauche qui feint de manifester son indignation, il faudrait qu’elle soit un peu plus prudente. Ses chefs, à commencer par le premier ministre, se sont déjà illustrés par des propos qui, s’ils étaient tenus par d’autres, je vous garantis que ça leur aurait valu des poursuites judiciaires. En 2008 [en fait des images Direct 8 du 7 juin 2009 tournées lors d’une brocante à Évry, ndlr], Manuel Valls se plaint qu’il y a trop de Noirs et d’Arabes sur les marchés de sa ville et demande à un membre de son cabinet d’y mettre quelques Blancs, quelques White, quelques Blancos » (*).
Un comptage ethnique pour quelle finalité ?
Interrogé sur la finalité d’un comptage ethnique, le maire de Béziers assume sa ligne politique. « Oui dans notre ville, il y a un trop grand nombre d’immigrés et l’intégration est impossible. Quant à l’assimilation, n’en parlons pas ». Mais l’élu se défend de toute discrimination et affirme que le but est de faire en sorte que les enfants aient tous les mêmes chances. Ces statistiques serviraient donc « à faire des choix » pour mieux aider les familles issues de l’immigration.
Polémia
10/05/2015
Pour rédiger cet article, la rédaction de Polémia s’est fortement inspirée de celui de David Namias pour BFMTV