Le succès du feuilleton DSK n’est pas seulement dû à son côté téléréalité. Ce n’est pas seulement la chute d’un homme qui est filmée en direct. C’est aussi la chute des croyances et des mensonges du système politico-médiatique. Explications.
Premier mensonge sur super DSK : un dilettante pervers, non un sauveur économique
DSK était présenté comme un super-économiste, ce qui avait conduit Nicolas Sarkozy à le faire nommer à la tête du FMI. Depuis les communicants d’Euro-RSCG ont fait passer, à travers les médias français, l’image d’un sauveur économique de la planète. Une image écornée par le dilettantisme de son séjour au Sofitel de New York : qu’allait-il y faire avant de rencontrer Angela Merkel et de sauver l’euro ? Et comment les médias pouvaient-ils présenter comme un super-candidat à l’élection présidentielle un homme dont ils connaissaient les fragilités dues à un comportement sexuel pathologique (indépendamment de ce qui a pu ou non se passer dans la suite du Sofitel). Les Français ont été délibérément trompés sur Strauss-Kahn.
Deuxième mensonge sur la sexualité : le harcèlement est condamnable… sauf pour DSK
Par leurs discours répétés et par les images qu’ils produisent, les médias ont promu la « révolution sexuelle » faite d’encouragement au libertinage et de banalisation de pratiques longtemps jugées déviantes. De son côté, l’Education nationale, avec l’aide des conseils régionaux et généraux, promeut la sexualité précoce des adolescents et pré-adolescents.
Mais dans le même temps les politiques – sous la pression des ligues féministes et des médias – ont criminalisé les violences sexuelles (indépendamment, bien sûr, du viol poursuivi depuis toujours) et même le simple « harcèlement » sexuel ou moral pourtant difficile à objectiver.
Or les mêmes ont défendu Frédéric Mitterrand et Polanski. Et ils trouvent aujourd’hui toutes les excuses au comportement de prédateur sexuel de DSK : « Un simple troussage de domestique » selon JFK, Jean-François Kahn, qui cumule les fonctions de parlementaire européen et de conscience morale journalistique. Et à l’énoncé des événements présumés tous, de BHL à Cambadélis, se sont récriés : « Cela ne lui ressemble pas ». Alors qu’en droit français (voté ou approuvé par tous ces braves gens), le dernier mot d’homme libre de DSK (« Quel beau cul ! » à propos d’une hôtesse d’Air France), c’est déjà du pénal !
Troisième mensonge sur le modèle américain : inégal et carcéral plus qu’exemplaire
Les dirigeants français vivent à l’heure des Etats-Unis. C’est « Sarko l’Américain » qui a été élu en 2007 et son tee-shirt fétiche c’est NYPD (New York Police Department). Pour 2012, Euro-RSCG vendait DSK à coups de tee-shirts (liquettes) fétiches : « Yes we Kahn. »
Sans doute les États-Unis ont-ils des forces et des mérites. Mais le modèle new-yorkais c’est l’exploitation par les superriches de la superclasse mondiale des superpauvres venus du monde entier : logée dans un îlot sordide du Bronx, la femme de ménage guinéenne qui nettoie une suite à 3000$ ne gagne probablement pas la moitié du SMIC français. Est-ce un modèle durable ?
La classe politico-médiatique a aussi promu le modèle américain de société multiculturelle et multiraciale tout en cachant le revers : la société américaine est la plus carcérale du monde.
Il y a aux États-Unis 2,2 millions de détenus : plus qu’en Chine, plus qu’en Russie, quarante fois plus qu’en France. Certes, la grande majorité des détenus est issue des minorités qui sont souvent surreprésentées dans la délinquance. Certes, 2% à 3% des jeunes afro-américains sont en prison. Mais il y a aussi dans les prisons américaines des hommes blancs… ce que DSK n’avait, semble-t-il, pas envisagé et qui choque ses amis « antiracistes » !
Quatrième mensonge sur la justice américaine : une justice pour riches qui ménage les puissances, non une justice exemplaire
Une fois le choc passé de DSK menotté, certains ont fait valoir la rigueur de la justice américaine. Rigueur tempérée par la marchandisation, les riches disposant de moyens considérables d’enquêtes et de contre-enquêtes. L’un des moyens de la défense de DSK sera d’ailleurs de payer des détectives pour salir sa victime présumée. De même un prévenu peut négocier avec le parquet. La peine est donc le résultat d’une négociation, non d’un constat objectif des faits. « In God we trust » certes, mais le dieu qui préside aux tribunaux américains c’est Mammon.
Dire que la justice américaine s’attaque aux puissants à partir du cas DSK mérite d’ailleurs d’être fortement nuancé. Aux puissants, peut-être, aux puissances, sûrement pas ! A part Madoff, aucun protagoniste de la crise financière n’a été poursuivi. Les agioteurs d’AIG ou de Freddy Mac n’ont pas été poursuivis. Goldman Sachs a pu impunément maquiller les comptes de la Grèce. Goldman Sachs a pu non moins impunément jouer à la baisse sur des produits financiers qu’elle recommandait dans le même temps à ses clients. Un procureur tenta bien quelque chose mais il fut rapidement neutralisé par un… scandale sexuel.
Polémia
20/05/2011