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Russie – OTAN

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« Le grand match du mondial va commencer en Ukraine »

« L’Ukraine sera-t-elle la non-crise ? La partition n’est-elle pas déjà dessinée […] dans un accord secret entre Obama et Poutine ? » Une synthèse essentielle par Michel Lhomme.

Premier point : des tanks russes pénètrent en Ukraine

Des tanks venus de la Fédération de Russie auraient pénétré sur le territoire ukrainien par les postes frontières tombés aux mains de rebelles pro-russes dans l’est de l’Ukraine, selon la BBC. Les forces armées ukrainiennes leur auraient alors ouvert le feu. Rappelons qu’en Ukraine, les séparatistes ont proclamé deux « Républiques indépendantes », à Donetsk et à Lougansk, après des référendums tenus le 11 mai. Les forces ukrainiennes ont lancé de leur côté, il y a deux mois, une offensive, qualifiée par Kiev d’ « opération antiterroriste », pour mater l’insurrection pro-russe qui agite l’est de l’Ukraine. Une question se pose : après les J.O. et la révolte de Maïdan fomentée par l’Occident qui avait profité de la fenêtre de tir de Sotchi, Poutine ne profiterait-il pas de l’effet « coupe du monde » de sa fenêtre de tir à lui ?

Jolie revanche des Russes dans ce cas ! De plus, les USA qui sont derrière Porochenko, président ukrainien depuis le 7 juin 2014, sont en ce moment préoccupés par la percée de l’EIIL en Irak. Poutine le sait aussi : Mondial de football puis crises (Syrie, Irak, Nigeria), il y a une incapacité reconnue pour l’hyperpuissance de gérer plusieurs crises simultanément. On raconte, d’ailleurs, dans les milieux diplomatiques une anecdote. Ce sont des fonctionnaires du Département d’État qui font visiter les lieux de leur ministère aux membres de l’Association des historiens de la politique étrangère américaine. En pleine visite, les membres de l’association s’étonnent de ne voir que deux « salles de crise ». À la question de savoir ce qui adviendrait si trois crises se pointaient en même temps, la réponse du guide fut tout à fait éloquente mi-blague, mi-sérieuse : « On requalifierait l’une d’elles de non-crise » ! L’Ukraine sera-t-elle la non-crise ? La partition n’est-elle pas déjà dessinée d’ailleurs dans un accord secret entre Obama et Poutine comme le sous-entendait il y a peu Michel Charasse ?

Deuxième point : la Russie amorce sa reconversion financière

Les Russes n’agissent pas seulement sur le plan militaire. Ils réagissent aux sanctions économiques imposées par l’OTAN en attaquant le pétrodollar. Cela pourrait être le coup fatal, comme un penalty rédhibitoire, d’autant qu’il semble avoir été discuté avec les Chinois. La Chine et la Russie – et sans doute aussi l’Inde – semblent s’être mises d’accord sur une stratégie à long terme de dé-dollarisation (*). Le plus gros producteur de gaz naturel de la planète, Gazprom, vient, en effet, de signer des accords commerciaux avec quelques-uns de ses plus gros clients en faisant passer les paiements pour leurs commandes de gaz en euros et non en dollars. Il l’avait fait déjà récemment avec la Chine. En fait, depuis la Libye et la Syrie, les États-Unis ont perdu une grande partie de leur crédibilité internationale. Russes et Chinois envisagent de tourner le dos monétairement aux États-Unis. C’est une révolution. L’hyperpuissance ne s’en remettra pas ni d’ailleurs le paysage financier mondial d’où cette impression à la fois inquiétante et étrange depuis quelques mois que le système provoquera de lui-même sa propre implosion, comme le dernier coup de queue du crocodile avant de mourir.

Neuf clients sur dix de Gazprom sont ainsi passés du dollar à l’euro dans leurs contrats d’approvisionnement et d’autres grandes entreprises russes utilisent le yuan chinois comme monnaie d’échange. C’est le résultat concret des sanctions occidentales décidées par le Congrès américain contre le bon sens économique. Aux États-Unis, à trois mois des élections de mi-mandat américaines, les Républicains n’ont pas cessé de faire monter les enchères contre Obama. La décision irréaliste de geler des fonds et des avoirs russes en représailles d’une «invasion russe» en Ukraine va à l’encontre des intérêts américains. Ainsi, de multiples comptes russes de grosses entreprises ont été ouverts ces dernières semaines dans les banques d’Asie. C’est ce qu’a affirmé Pavel Teploukine, patron de la Deutsche Bank en Russie, dans un article du dimanche 8 juin du Financial Times. Dans le même temps, le quotidien nous apprenait que les Russes ont retiré leur argent des banques américaines à une vitesse jamais égalée et ce depuis mars, sans même attendre la spirale des sanctions occidentales. Les dépôts russes dans les banques US ont chuté d’un coup de 21,6 milliards de dollars à juste 8 milliards. Ils ont retiré 61% de leurs dépôts en juste un mois !

Le système économique américain peut-il sans dommages résister à cette contre-attaque légitime des Russes ?

La valeur du dollar est élevée artificiellement car le monde commerce en dollar. Cela permet aux États-Unis de maintenir des coûts d’emprunt artificiellement bas mais, si ce n’était plus le cas, le dollar ne vaudrait plus rien. Le pire, c’est que la cécité de l’Europe est telle qu’elle amorce une sorte de dollarisation par le Traité transatlantique. En fait, depuis septembre 2008, nous vivons dans une bulle financière de fausse stabilité monétaire et d’argent garanti. Or les comptes toxiques des banques sont réels. Toutes les bases financières de l’économie n’ont cessé de se détériorer et de se dégrader.

 Michel Lhomme
Source : metamag.fr
17/06/2014

NDLR : voir l’article SCOOP : La Chine réduit massivement son stock de dette US… et la Belgique compense !, Le Contrarien Matin, 26/02/2014

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