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Robert Badinter, la déconstruction au nom du Bien

Robert Badinter, la déconstruction au nom du Bien

par | 10 février 2024 | Politique, Société

Robert Badinter, la déconstruction au nom du Bien

Robert Badinter est décédé ce vendredi 9 février 2024. Vous trouverez ci-dessous un texte d’Éric Delcroix qui revient sur le vrai et le faux de ce que l’on dit aujourd’hui sur Robert Badinter. Mais je voulais écrire quelques mots sur cette figure de l’histoire judiciaire et politique récente. Robert Badinter a joué un rôle éminent dans la déconstruction de la France. Comme garde des Sceaux, de 1981 à 1986, en inspirant une politique pénale fondée sur la culture de l’excuse. Comme président du Conseil constitutionnel de 1985 à 1996, en bloquant tous les dispositifs restrictifs sur l’immigration, il a développé les bases d’un droit à l’immigration, même pour les clandestins. Pour l’identité et la sécurité des Français, le bilan est amer. On entend déjà des appels à le faire entrer au Panthéon. Quoi de plus logique finalement ? Le Panthéon pour Robert Badinter, le cimetière pour les victimes de sa politique pénale.
Jean-Yves Le Gallou, président de Polémia

La mort de Robert Badinter a suscité (mais c’est un peu la loi du genre avec les vedettes de gauche), des tombereaux d’éloges, y compris de la part de Marine Le Pen et de Jordan Bardella qui n’entendent pas se distinguer de l’unanimité bien-pensante. Par Éric Delcroix, juriste, essayiste et écrivain, auteur de Droit, conscience et sentiments.

Pour ma part, ayant plaidé en face de cette vedette du Barreau, je me suis retrouvé en défenseur des libertés de pensée et d’expression, face à un sectateur des droits de l’homme, c’est à dire à quelqu’un pour qui ces libertés sont l’apanage exclusif de qui procède du Bien. En effet, pour la philosophie des droits de l’homme la Vérité (métaphysique) ne laisse aucune licence à qui ne partage pas sa philosophie : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté » (Saint-Just), adage qu’institutionnalise la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme en son article 17[i].

De ces joutes de prétoire, j’ai gardé le souvenir d’un avocat fort peu confraternel, emporté par ses passions mais bénéficiant d’un crédit médiatique et judiciaire illimité.

L’abolition de la peine de mort

En 1981, Robert Badinter a effectivement fait abolir la peine de mort en France, cause qu’il avait portée avec opiniâtreté. Dans nos milieux nationaux on le lui avait bien souvent reproché, mais tel ne fut pas mon cas. Ma position abolitionniste n’avait et n’a toujours pas de raisons métaphysiques, mais des raisons empiriques et historiques. Tout simplement, l’histoire nous enseigne que la République, en France, quel qu’en soit le numéro, est indigne de disposer de la peine capitale : il suffit de mentionner quelques dates clefs déterminantes : 1793, 1944, 1962…

Depuis la Première république, en se retournant sur notre passé institutionnel, force est de constater que l’on a condamné et exécuté en France beaucoup plus d’innocents ou de dissidents politiques que de criminels de droits commun. Un lourd passé qui ne passe pas ; si la peine de mort devait être rétablie, n’en doutons pas, la République finirait par faire fusiller un nouveau Brasillach, mais toujours en aucun cas un nouveau Sartre… Il y a comme ça des déterminismes historiques cycliques.

Alors, n’en parlons plus et laissons la guillotine au musée des horreurs ainsi que les fusils au râtelier des casernes.

La dépénalisation de l’homosexualité ?

Les radios et les télévisions nous tympanisent avec le deuxième chef-d’œuvre supposé du défunt, savoir la dépénalisation de l’homosexualité. Or c’est faux et archi faux ! Et pour cause, cette dépénalisation remonte à notre premier Code pénal, c’est à dire à… 1791 ! Contrairement à nos échotiers et autres thuriféraires de l’ancien avocat et Garde des Sceaux, Oscar Wilde ne s’y trompait pas qui choisit de s’exiler en France après sa sortie des geôles britanniques. Et c’est ainsi qu’il décédera à Paris en 1900, sans que on lui ai demandé raison de ses mœurs que l’on qualifiait alors d’inverties.

Ce qu’a obtenu en réalité Robert Badinter, en 1982, c’est la dépénalisation des relations homosexuelles d’un adulte avec un mineur de plus de quinze ans. Ce, par l’abrogation de ce qui était alors l’alinéa 2 de l’article 331 de Code pénal, « en conséquence, les actes impudiques ou contre nature commis avec un mineur de même sexe (homosexualité) ne seront plus punis de peines correctionnelles. »[ii] Ce n’est tout de même pas la même chose. Et on est sommé d’applaudir ! Pourtant bien des parents, moins humanistes et progressistes que le défunt, trouveront détestable qu’un vieux cochon puisse s’en prendre impunément à leur adolescent de 15 ans mal dans sa peau. La république LGBTQ, avant la lettre, naissait ainsi cette année-là par la vertu de Badinter…

Vous verrez, on va certainement le mettre au Panthéon de Paris, lieu il est vrai déjà plutôt mal famé.

Éric Delcroix
10/02/2024

Notes

[i] Art. 17 : « Aucune des dispositions de la présente Convention ne peut être interprétée comme impliquant pour un État, un groupement ou un individu, un droit quelconque de se livrer a une activité ou d’accomplir un acte visant à la destruction des droits et libertés reconnus dans la présente Convention ou à des limitations plus amples de ces droits et libertés que celles prévues à ladite Convention. » Évidemment, ce n’est pas le style de notre Code civil…

[ii] Journal Officiel, 5 août 1982.

Crédit photo : iBooCREATION [CC BY-SA 3.0]

Éric Delcroix

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