« Il n’y a pas plus de racisme en France qu’il n’y a de fruits d’or aux branches des arbres, et l’idéologie antiraciste a besoin d’en inventer pour justifier la terreur permanente qu’elle exerce sur tout le monde à commencer par les écrivains (…) S’opposer à cette idéologie dominante revient à endosser un habit d’infamie (…) dans un monde aux valeurs entièrement inversées et où le mot interdit de « race » devient l’obsessionnelle métaphore de la femme, de l’homosexuel, de l’obèse, du jeune, de l’animal… » C’est par ces mots prophétiques que commence un des derniers pamphlets de Richard Millet, sobrement intitulé « De l’antiracisme comme terreur littéraire ». On peut y voir comme une introduction prémonitoire à son « éloge littéraire d’Anders Breivik » également récemment publié et contre lequel se mobilisent les habituels donneurs de leçons qui reprochent à Richard Millet d’avoir démontré que le prétendu « antiracisme » était devenu une arme idéologique pour étouffer la liberté d’expression de tous ceux qui osent s’en prendre à la doxa immigrationniste.
Celui par qui le scandale arrive
Membre du Comité de lecture des Editions Gallimard et pygmalion de Jonathan Littell et Alexis Jenni – deux produits-phares du monde littéraire –, Richard Millet a attiré sur lui les foudres de la bien-pensance. Son crime ? Avoir publié une quinzaine de pages au titre très provocateur consacrées au tueur norvégien Anders Breivik et dans lesquelles, loin d’approuver les actes commis par le désespéré, il veut expliquer le mécanisme qui a conduit le meurtrier à un tel carnage.
Tahar Ben Jelloun, chantre de l’antiracisme, Annie Ernaux, soixante-huitarde attardée, et Laure Adler notamment ont aussitôt demandé la tête du coupable. On ne sache point qu’ils aient fait de même lorsque Florence Rey avait tué, à bout portant et du haut de ses dix-neuf printemps, cinq personnes, Porte de Vincennes dans les années 1980. En 2009, un artiste contemporain avait même osé représenter notre pays à la Biennale de Venise avec une « Ode à Florence Rey », ce qui n’avait pas provoqué le moindre émoi de la part de nos élites bien-pensantes. Ode ? Eloge ? Peu importe, même si Millet reconnaît que le titre est « une provocation à réfléchir et à penser : quand je parle de façon diplomatique, personne ne m’écoute »
. En fait, le crime de Breivik est réputé imprescriptible tandis que celui de Florence Rey et bien d’autres sont à peine constitués. Pourquoi certains groupes de RAP, comme Sexion d’Assaut par exemple, peuvent-ils écrire les pires horreurs et pourquoi traduit-on en justice ceux qui refusent l’islamisation de la France, comme Renaud Camus ?
A cette question, Robert Ménard répond courageusement en ces termes : « Je n’ai rien trouvé de ce qui semble consterner – le mot est faible – journalistes, éditorialistes et écrivains… » dans un bel et, à mes yeux, toujours suspect unanimisme. Car, contrairement à ce que laissent entendre nos pourfendeurs de « mauvaises pensées », il ne s’agit en aucune façon de justifier les 77 morts du 22 juillet 2011 à Oslo et sur la petite île d’Utoya… mais de s’interroger sur ce qui peut conduire à un tel geste ».
De fait, Richard Millet lance un cri d’alarme désespéré sur les ravages du multiculturalisme en Europe, un multiculturalisme vénéré par l’ensemble ou presque des classes politiques. A l’image de Renaud Camus, condamné lui aussi à une forme de bannissement pour avoir appelé ouvertement ses sympathisants à voter pour Marine Le Pen et avoir écrit que l’immigration était une « contre-colonisation » menaçant l’identité de la France jusque dans sa langue, Richard Millet ne craint pas de tirer la sonnette d’alarme. Il décrit la décadence qui a conduit à la tuerie norvégienne : « Dans cette décadence, Breivik est sans doute ce que méritait la Norvège et ce qui attend nos sociétés qui ne cessent de s’aveugler pour mieux se renier, particulièrement la France et l’Angleterre ; loin d’être un ange exterminateur ni une bête de l’Apocalypse, il est tout à la fois bourreau et victime, symptôme et impossible remède ».
Poursuivant sa dénonciation du multiculturalisme, il en conclut que le jeune franc-maçon néo-conservateur « est un enfant de la ruine familiale autant que de la ruine idéologico-raciale que l’immigration extra-européenne a introduite en Europe depuis une vingtaine d’années et dont l’avènement avait été préparé de longue date par la sous-culture de masse américaine, conséquence ultime du Plan Marshall ». De tels propos ont provoqué cette nouvelle chasse aux sorcières, comparable en bien des points, dans la forme comme dans le fond, à celle dont a été victime Aymeric Chauprade, coupable de ne pas entrer dans le moule de la bien-pensance.
Richard Millet analyse également ce qui motive en Europe l’attrait d’un plus grand nombre de personnes pour le retour aux valeurs de patrie et de sentiments identitaires et conclut que « Breivik est, comme tant d’autres individus, jeunes ou non, exemplaire d’une population devant qui la constante dévalorisation de l’idée de nation, l’opprobre jeté sur l’amour de son pays, voire la criminalisation du patriotisme ouvrent un abîme identitaire ».
Une analyse impitoyable de l’antiracisme
« La France est le seul pays d’Europe dans lequel la terreur communiste ait réussi, en l’occurrence sous la forme de l’antiracisme », constate le directeur littéraire de Gallimard qui analyse tout ce qui, depuis 1945, pousse nos pseudo-élites à se complaire dans le masochisme le plus total et à faire le jeu du capitalisme financier, tout heureux d’empocher les dividendes. Et de décrire en ces termes le mécanisme qui tue les peuples européens : « Le transvasement intercontinental de peuples fort éloignés les uns des autres n’a plus rien de ce que le discours immigrationniste appelle une chance ; l’immigration massive et continue que le capitalisme international a mise en œuvre depuis trois décennies constitue, pour les indigènes comme pour les immigrés, un désastre humain que la Propagande tente de travestir en soutenant, par exemple, que plus il est éloigné de notre culture, sinon hostile à elle, meilleur est l’immigré, par ailleurs « bon » par nature et aussi « tendance ».
Rejoignant les analyses de Renaud Camus, il confesse n’avoir jamais pensé se « retrouver minoritaire, sur le plan racial, culturel, religieux (…) faire figure de perdant historique et sommé d’être sous l’effet d’un mimétisme culpabilisant un “immigré comme un autre”, et, le refusant, devenir quasi maudit : un exilé de l’intérieur, un singe de l’immigré, sommé de renoncer à ma culture pour mieux accueillir l’autre ». Comment mieux traduire toutes les concessions, les reniements et les accommodements d’une majorité de nos contemporains avec le parti dévot qui répand la terreur antiraciste autour de nous ?
Françoise Monestier
03/09/2012
Notes
- Richard Millet, De l’antiracisme comme terreur littéraire, Éditions Pierre-Guillaume de Roux.
- Richard Millet, Langue fantôme (suivi de Éloge littéraire d’Anders Breivik), Éditions Pierre-Guillaume de Roux.
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