La non-réforme des socialistes ne fait en somme que des perdants. La vraie réforme des retraites n’aura pas lieu… ou plus tard, car les réalités sont têtues et il faudra bien y venir si l’on veut éviter la faillite. Pour l’instant, le gouvernement préfère sacrifier les retraités pour sauver le système.
Les quatre mesures annoncées par le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, se résument à :
1. Un défaut partiel de paiement, avec le report de la revalorisation des pensions du 1er avril au 1er octobre. Ce type d’ajournement des dépenses est caractéristique des entreprises en faillite ! Pour mémoire, le régime de base des salariés du privé (Cnav) avait déjà eu recours au même expédient en reportant la revalorisation des pensions du 1er janvier au 1er avril. Cette fois, le décalage concerne aussi bien les retraites de base que les complémentaires. Le gouvernement en escompte une « économie » de 1,4 milliard d’euros, qui sera réalisée sur le dos des retraités…
2. Une baisse des revenus des retraités par le biais de la fiscalisation intégrale de la majoration de pension (10 %) dont bénéficient les retraités qui ont élevé trois enfants ou plus et qui sera désormais soumise à l’impôt sur le revenu. La mesure est d’autant plus absurde et injuste que les familles nombreuses contribuent plus que les autres au fonctionnement du sacro-saint système par répartition…
3. Une baisse des salaires, sous l’effet d’une augmentation de l’augmentation des cotisations. La nouvelle hausse, de 0,6 %, vient en effet s’ajouter à la précédente, décidée en 2012 et qui s’étale jusqu’en 2017. Comme dans un système « Madoff », les actifs sont de plus en plus pressurés pour financer les retraites, avec la promesse de profiter eux aussi du système quand viendra leur tour… mais sans aucune garantie. Les bernés, comptez-vous !
4. Plus de travail pour gagner moins : la durée de cotisation est allongée de 41 ans aujourd’hui jusqu’à 43 ans en 2035… ce qui n’a rien à voir, paraît-il, avec un allongement de la durée du travail ! Décote oblige, les Français devront pourtant travailler plus longtemps s’ils veulent partir avec une pension non diminuée.
En dépit de ces mesures, le compte n’y est pas. Les rentrées escomptées (7 milliards d’euros) ne couvriront que le tiers des 20 milliards de déficit en 2020 annoncés par le Conseil d’Orientation des retraites (encore ce chiffre a-t-il été sous-estimé par le COR pour répondre aux vœux des politiques). Nous aurons donc droit à une nouvelle réforme des retraites d’ici peu de temps… ou bien le système fera faillite en entraînant dans son naufrage la masse des retraités.
La non-réforme des socialistes ne fait en somme que des perdants…, ou presque : les fonctionnaires, eux, conservent intouchés leurs privilèges, ce dont se félicitent leurs syndicats.
Marie-Laure Dufrêne
Déléguée Générale
Source : Sauvegarde Retraites
28/08/2013