« C’est la droitisation de l’UMP qui lui a fait perdre les élections législatives » : voilà l’affirmation reprise en boucle par les médias de l’oligarchie depuis le 17 juin 2012, une assertion d’ailleurs répétée par les principaux médiagogues de l’UMP mais qui ne repose sur aucune réalité. Nos lecteurs trouveront ci-dessous, en PDF, une analyse très complète et très argumentée des résultats réalisée par Étienne Lahyre.
Il s’agit d’une analyse implacable des faits qui démontre notamment
1) Que les législatives sont dans l’étroite dépendance de la présidentielle ; que l’abstention a été particulièrement forte dans les régions de droite (Alsace-Moselle, littoral méditerranéen, Rhône-Alpes), régions qui sont aussi les zones de force du Front national. On constate d’ailleurs, dans les circonscriptions où le Front national est fort au premier tour mais absent du second, une forte poussée de l’abstention au deuxième tour (de 4% à 6% supplémentaires). Cette dégradation des reports des électeurs FN vers l’UMP ne peut pas s’expliquer par sa « droitisation » mais, au contraire, par son insuffisance…
2) A contrario, le Front national améliore considérablement sa situation au deuxième tour par rapport aux élections antérieures. Non seulement il gagne des voix dans les duels UMP/FN, ce qui est habituel, mais surtout sa situation s’améliore fortement en triangulaires et en duels FN/gauche :
- en triangulaires : là où le FN arrive en troisième position, il reculait fortement en pourcentage en 1997, mais il résiste très bien en 2012 ; là où le FN arrive en deuxième place, il progresse nettement, bénéficiant d’un « vote utile » en provenance de l’UMP comme dans le Gard, ce qui permet l’élection de Gilbert Collard ;
- en duels gauche/FN, les reports de l’UMP et des divers droites sur le FN sont nettement meilleurs que lors des échéances électorales précédentes ; dans les 21 circonscriptions concernées le FN récupère au deuxième tour 92,5% du total FN + UMP + divers droites.
L’exemple du Comtat Venaissin
À Orange, Jacques Bompard obtient 22% au premier tour et rassemble sur sa candidature d’union populiste 59% des suffrages au deuxième tour ; sa stratégie d’union facilite l’élection de Marion Le Pen à Carpentras-Sud et celle d’un UMP à Carpentras-Nord. À Cavaillon, la gauche est éliminée dès le premier tour. Ainsi, dans le Vaucluse quatre des cinq circonscriptions sont acquises à la droite mais la gauche minoritaire l’emporte en triangulaire (avec un FN devant l’UMP) à Avignon.
L’intoxication médiatique sur la droite populaire
Les médias de l’oligarchie ont souligné à l’envi ce qu’ils ont appelé « la débandade de la droite populaire ». Or, sur 38 députés réinvestis 20 sont réélus, dont trois en triangulaires. Sur les 30 candidats en duel au deuxième tour, 15 améliorent les résultats de deuxième tour de la présidentielle, ce qui est une performance remarquable puisque, en moyenne nationale, l’UMP atteint 44% le 17 juin, en recul de 4,5% sur le résultat du 6 mai de Sarkozy.
Sur les 18 candidats battus, 6 le sont en triangulaire dont un au profit du FN : ce n’est pas la « droitisation » des candidats qui les a privés des voix FN, c’est la distorsion entre leurs paroles et leurs actes.
Quant aux 12 candidats battus en duel, seuls deux le sont dans des circonscriptions où Sarkozy avait obtenu plus de 50% des suffrages. A contrario 6 d’entre eux sont battus malgré une performance meilleure que celle du président sortant. Les difficultés de la droite populaire ne sont pas dues à son mauvais positionnement politique mais à la nature des circonscriptions concernées.
L’étude d’Étienne Lahyre est un outil de travail indispensable pour comprendre ce qui s’est passé les 10 et 17 juin 2012 et ne pas se laisser abuser par des « observateurs » aussi mal informés que malhonnêtes.
Étienne Lahyre