Par Michel Geoffroy, auteur de : Le Crépuscule des Lumières, Immigration de masse. L’assimilation impossible, La Super-classe mondiale contre les peuples et La Nouvelle guerre des mondes ♦ L’institut Iliade organisait samedi 2 avril dernier son 9e colloque sur le thème Restaurer le politique. Une thématique brillamment traitée par une cohorte d’intervenants prestigieux : Philippe Conrad, Alain de Benoist, Paul-Marie Coûteaux, Renaud Camus, Laurent Obertone, David Engels, Frédéric Rouvillois, Javier Portella, Michel Maffesoli, Julien Rochedy, Pierre-Antoine Plaquevent, Ferenc Almassy, Lionel Rondouin et bien d’autres encore [Note de Polémia : sans oublier Michel Geoffroy, bien sûr !]. Une telle énumération montre la richesse de cette rencontre particulièrement réussie et qui a attiré un auditoire nombreux et passionné.
Distinguer la politique du politique
Mais pourquoi donc restaurer le politique alors même que nous vivons dans un monde saturé d’idéologie et de politiciens ? Et que nous sommes, en France, à la veille d’une élection présidentielle qui voit s’affronter différents candidats qui prétendent incarner un choix de société différent ?
Parce que, précisément, il convient de distinguer la politique du politique, comme l’a montré l’intervention liminaire d’Ego Non, confirmant l’actualité des analyses des politologues Carl Schmitt et Julien Freund.
Car le politique suppose d’accepter la possibilité du conflit violent avec un ennemi public et exige donc d’acquérir la puissance, ce que refuse de faire le politicien qui ne veut pas affronter les événements, mais seulement ruser avec eux et complaire à tout le monde.
L’Europe à la dérive
Une politique de puissance qui fait justement défaut à l’Union européenne qui, pour cette raison, sort de l’histoire et entraîne les Européens dans sa chute, alors que nous vivons dans un monde de plus en plus dangereux, comme l’a montré Olivier Eichenlaub.
Le conflit en Ukraine, nouvelle tragédie européenne, ne démontre-t-il pas que la guerre reste bien l’ultima ratio des vrais politiques et que les rêveries des bisounours européens n’ont désormais plus aucune prise sur le monde réel ? À l’image de leur incapacité à garantir la paix sur leur propre continent, et dans leurs propres pays, confrontés au chaos migratoire et civique.
« Restaurer le politique » Jean-Yves Le Gallou présente le colloque de l’Institut Iliade
Souveraineté et identité
De nombreux intervenants ont montré que le politique se mourait en Occident – c’est-à-dire dans l’espace formaté par la décivilisation nord-américaine – parce que la mondialisation économique et financière et la révolution libérale libertaire de la fin du xxe siècle ont renversé l’équilibre traditionnel de notre civilisation : elles ont provoqué la prise de pouvoir par la fonction marchande, conséquence de la marchandisation du monde et de l’homme lui-même. Alors que, dans les autres civilisations, la souveraineté reste d’essence politique, traditionnelle ou religieuse.
Et l’idéologie des droits humains, c’est-à-dire la promotion d’un individualisme fanatique et d’un homme abstrait, détruit progressivement toutes les institutions holistes et la notion même de bien commun, donc de polis ; et elle provoque l’émergence d’un gouvernement des juges qui marginalise la démocratie représentative et organise le Grand Remplacement.
La question de la souveraineté et de l’identité traversait donc ce 9e colloque de l’Institut Iliade : la souveraineté comme fin ou comme moyen du bien commun, la souveraineté nationale ou populaire, la souveraineté partagée ou selon le modèle jacobin, la souveraineté des Européens sur leur continent. De même que la question des relations entre ethnos et polis, car la souveraineté sans respect de l’identité des peuples, sans garantie de l’ethno-diversité du monde, comme le rappelait Renaud Camus, est vide de sens.
Le vieux monde ne reviendra pas
L’intérêt de ce colloque, conformément d’ailleurs à la vocation de l’Institut Iliade, ne se limitait cependant pas à un constat négatif, nostalgique ou conservateur. Il ne visait nullement à se complaire dans une impuissance bougonne, un grand classique de la droite française.
Car le vieux monde européen ne reviendra pas, comme l’a exposé brillamment David Engels.
Il s’agit donc bien de reconstruire notre civilisation. De « reprendre les dés du jeu, là où ils sont tombés » et non pas là où l’on aurait souhaité qu’ils fussent.
Institut Iliade. « Un manifeste pour susciter le réveil des Européens de souche »
Forger de nouvelles élites
Et pour reconstruire, il faut former les élites de demain comme l’a illustré la table ronde dirigée par Pierre-Alexandre Bouclay, avec l’ISSEP, l’IFP, GegenUni et bien sûr l’Institut Iliade lui-même.
Car à l’ère des soulèvements, pour reprendre l’analyse de Michel Maffesoli, les peuples désorientés sont dans l’attente de nouvelles élites. Celles qui ont fait défaut aux Gilets jaunes et qui ont empêché que la protestation populaire ne trouve un débouché politique concret. Car les véritables élites doivent être enracinées dans la communauté, alors que l’oligarchie actuelle est devenue hors sol, indifférente aux peuples européens.
Il faut aussi retrouver aussi la voie du sacré, qui seule peut donner un sens au monde. Et assumer notre identité de civilisation, aujourd’hui effacée et diabolisée.
Les organisateurs joignaient d’ailleurs le geste à la parole, puisque la journée fut ponctuée de moments culturels, illustrant la devise héritée de Dominique Venner : « La nature comme socle, l’excellence comme but, la beauté comme horizon ». Pendant que de nombreux exposants et partenaires présents permettaient au public de se retrouver et d’acquérir des produits ou des œuvres identitaires et enracinés.
« Au commencement était l’action », écrivait Goethe.
Samedi dernier, l’Institut Iliade nous a brillamment invités à mettre en œuvre ce principe.
Michel Geoffroy
07/04/2022
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