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Régionales. Bruno Gollnisch sur l’abstention et le découpage régional

Régionales. Bruno Gollnisch sur l’abstention et le découpage régional

par | 2 juillet 2021 | Politique

Régionales. Bruno Gollnisch sur l’abstention et le découpage régional

Les résultats des élections régionales ont été largement commentées mais il nous a semblé utile de partager avec nos lecteurs ce billet d’analyse de la plume de Bruno Gollnisch.
Polémia

Les dernières élections régionales et cantonales (= départementales) ont été l’occasion d’une abstention considérable. Elle a touché en premier lieu le Rassemblement National. La différence entre les intentions exprimées dans les sondages et le résultat des urnes est frappante. Elle tient au fait que les sondés, quand ils répondent et déclarent qu’ils ont l’intention de voter Rassemblement National devraient bien souvent ajouter : si toutefois je vais voter…

Résultats décevants

Car ils sont nombreux ceux qui, à tort, hostiles au système politique actuel et aux partis responsables du déclin de la France qui se sont succédé au pouvoir depuis les dernières décennies, croient les contester d’une façon radicale en restant chez eux le jour du vote.

À tort, en effet, car les tenants du système sont ravis si les mécontents s’abstiennent : ce qu’ils redoutent, c’est que les mécontents aillent voter pour les chasser des positions qu’ils occupent…

Nous remettre en question

Il n’en reste pas moins qu’il nous faudra aussi nous interroger sur plusieurs points : nos positions sont-elles assez claires, assez audacieuses, assez comprises dans l’opinion publique pour former un programme simple et cohérent de redressement de notre pays ? L’éviction de Jean-Marie Le Pen, et la non-réinvestiture de nombreux cadres qui n’avaient pas démérité n’ont-elles pas érodé le sentiment affectif, bouclier de toutes les tempêtes et moteur de l’enthousiasme militant ? Le pays croit-il en notre compétence, et, s’il n’y croit pas assez, ne serait-il pas utile de les lui montrer par des initiatives telles que la constitution d’un “pré-gouvernement”, à l’instar des “Shadow Cabinet” à l’anglo-saxonne, dont Jean-Claude Martinez avait pris l’initiative autrefois, de façon à prouver ainsi que nous disposons de personnes parfaitement capables d’assumer les responsabilités gouvernementales, et dont les titres, l’expérience, la compétence, n’ont rien à envier, au contraire, aux titulaires actuels ?

Faute de temps, il est douteux que le prochain congrès du RN à Perpignan, qui doit s’ouvrir ce 3 juillet, et auquel je regrette vivement, pour des raisons personnelles impérieuses, de ne pouvoir me rendre, ait la possibilité d’engager cette réflexion ; du moins faudra-t-il l’amorcer.

“Mille-feuilles” incompréhensible…

Mais au-delà de ces questions, il nous faut nous interroger sur un système administratif dont la complexité et l’incohérence ne facilitent certainement pas la participation des citoyens à des consultations comme celles que nous venons de vivre : la France, avec sept niveaux d’administration, détient tous les records en la matière, très loin devant les autres pays qui lui sont comparables. L’empilement de réformes partielles et sans cohérences a débouché sur une situation confuse, du type de celle de la fin de l’Ancien Régime, lorsque l’on critiquait l’enchevêtrement des baillages, des sénéchaussées, des provinces, des gouvernements, des généralités, etc.

Le Japon, pays que je connais bien, dont le territoire est d’un tiers plus exigu que le nôtre, mais montagneux et très étiré sur plus de 2000 kilomètres du Nord au Sud, avec une population de plus du double de la France, et donc théoriquement des besoins d’encadrement administratif au moins équivalents, sinon supérieurs aux nôtres, a quatre fois moins de communes que nous n’en avons ; deux fois moins de départements. Il ne connaît pas l’échelon régional. Il a deux fois moins de ministères que chez nous, cent députés et cent sénateurs de moins, deux fois moins de fonctionnaires… La commune, le département, l’État, y sont les trois seuls niveaux d’administration. Chez nous, arrondissement, mairie ou municipalité, intercommunalité, métropole, départements, régions, État, Europe… personne ne se retrouve dans un enchevêtrement de compétences source de confusion, de dépenses inutiles, de clientélisme.

Simplifier, radicalement

Je propose cependant de garder nos communes, certes très nombreuses, mais dont les conseils municipaux, en grande partie bénévoles, sont de formidables écoles de civisme. Je propose en revanche de mettre fin aux intercommunalités obligatoires, ainsi qu’aux métropoles, récemment créées. En ce qui concerne les conseils départementaux, je propose de mettre fin au ridicule système de binôme imposé par une observance servile de la parité. Élisons, par un scrutin à un seul tour, les conseillers départementaux, hommes ou femmes, la moitié à raison d’un par canton, l’autre moitié à la proportionnelle. Et que le premier tiers de ceux qui sont élus à la proportionnelle constitue d’office le corps des conseillers régionaux. On économiserait ainsi plus de 1700 élus… et les indemnités qui vont avec.

Sans que cela n’implique l’infrastructure ni l’administration nécessaires à une collectivité territoriale, le conseiller départemental pourrait avoir la possibilité, au niveau du canton, de réunir les maires pour connaître leurs desiderata, leurs espoirs, leurs craintes, arbitrer leurs éventuels différends, envisager les coopérations communes, etc.

Des régions, mais enracinées

En ce qui concerne la question du découpage des régions, il faut bien admettre que nombre de grandes régions actuelles, telles qu’elles résultent des réformes imposées sous Hollande, et votées en décembre 2014, ne correspondent souvent à rien : que signifient exactement « Les Hauts-de-France » ? Quelle est la cohérence de la région « Auvergne-Rhône-Alpes », qui va d’Aurillac à Chamonix ? Champagne-Ardenne, Lorraine, Alsace, avaient un sens, mais qui, en revanche, se sent vraiment habitant du « Grand Est », qui les englobe en une seule région, comprenant aussi bien Troyes que Strasbourg ?

Il me paraît donc important de revenir au tracé antérieur, qui recouvrait peu ou prou le territoire de nos anciennes provinces, avec un minimum de personnalité historique, humaine, géographique, économique.

Revenir donc aux anciennes régions, en laissant intacte toutefois la réunification de la Normandie, mais en faisant éclater l’ancienne région Rhône-Alpes, parfaitement artificielle, en : Lyonnais, Savoie, et un Dauphiné qui comprendrait les départements de l’Isère, de la Drôme, de l’Ardèche et des Hautes-Alpes. Si je mets de côté l’Outre-Mer, on aurait ainsi environ 23 collectivités en France métropolitaine. Il conviendrait, par souci de cohérence, d’y faire coïncider les frontières des rectorats d’académie, ce qui est presque déjà le cas.

Compétences clarifiées

Mais surtout, il serait urgent de faire en sorte que les Régions s’en tiennent désormais strictement à une compétence d’attribution, au lieu de pouvoir se mêler de tout : compétences qui toucheraient exclusivement aux questions par nature d’intérêt régional, telles que : les transports routiers ou ferroviaires, les ports, gares, aéroports, les universités, l’aménagement du territoire… Quel intérêt y a-t-il en effet à ce que la région puisse intervenir partout, ajoutant à la confusion. Quel intérêt aussi, par exemple, dans le fait de leur confier la construction et l’entretien des lycées, alors que le département avait déjà rôdé ses administrations en charge de la construction et de l’entretien des collèges, qui, peu ou prou, posent exactement les mêmes problèmes ? Trois niveaux d’administration locale, au lieu de six ; un système électoral clarifié et simplifié, des compétences précisées et qui ne s’enchevêtrent plus : tout cela ne suffira certes pas à remettre la France sur les rails ; mais au moins à rendre plus accessible et plus clair pour les citoyens le système d’administration du territoire de notre pays…

Bruno Gollnisch
Source : Billet publié le 30 juin 2021 sur le blog de Bruno Gollnisch
02/07/2021

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