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Que perdrait la France à rompre ses relations économiques avec la Russie ?

Que perdrait la France à rompre ses relations économiques avec la Russie ?
Que perdrait la France à rompre ses relations économiques avec la Russie ?

Jeudi 20 mars, Vladimir Poutine a ratifié le traité de rattachement de la Crimée. Cela expose la Russie à des sanctions diplomatiques économiques de la part de la communauté internationale. Dans ce cas, quelles seraient les conséquences pour la France ? Revue des secteurs concernés.

Pour l’instant, les sanctions sont légères. Coupable aux yeux de la communauté internationale d’annexer autoritairement la Crimée, violant ainsi l’intégrité territoriale de l’Ukraine, la Russie a été condamnée à des sanctions légères, notamment de la part de l’Union européenne : une trentaine de responsables russes et ukrainiens sont désormais personæ non gratæ au sein de l’Union, leurs visas étant interdits. Leurs avoirs financiers sont gelés. Prévu en juin, le sommet Union européenne-Russie est annulé. « L’Union européenne doit préparer des sanctions économiques contre la Russie en cas d’escalade supplémentaire », a déclaré jeudi François Hollande à Bruxelles lors d’un point presse au sommet des dirigeants européens après la ratification par Vladimir Poutine du traité de rattachement de la Crimée à la Russie.

Si escalade il y a – pour l’instant, Moscou a promis de ne pas envahir l’est de l’Ukraine… -, d’autres sanctions plus lourdes sont-elles envisageables ? La France pourrait-elle rompre temporairement ou définitivement les ponts économiques avec la Russie ?

La France peut-elle se passer du gaz russe ?

Si cette solution était retenue, la France n’en retirerait qu’un petit bénéfice comptable, via un léger rééquilibrage de sa balance commerciale. Selon les services des Douanes, la France a accusé avec la Russie un déficit commercial de 2,8 milliards d’euros en 2013, à comparer à un déficit total de 61 milliards d’euros.

Ce déficit bilatéral trouve son origine dans le faible montant des exportations tricolores vers la Russie, qui s’est élevé à 7,6 milliards l’année dernière – soit 1,8% des exportations totales estimées à 427 milliards d’euros -, essentiellement composées d’Airbus, de préparations pharmaceutiques, de parfums et d’automobiles. Des exportations qui pourraient être stimulées par la vente prévue de deux bâtiments de projection et de commandement Mistral, à moins que celle-ci ne soit annulée.

Il s’explique également par les importations massives d’hydrocarbures et de leurs produits dérivés qui représentaient l’année dernières 80% des exportations russes vers la France.

« Toutefois, bien que le montant de nos importations d’hydrocarbures et de gaz en provenance de Russie soit élevé, la France n’est pas vraiment dépendante de ce pays dans le domaine énergétique, ce qui n’est pas tout à fait le cas de nos amis allemands. Nous avons su diversifier nos approvisionnements » explique à La Tribune Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur, rappelant toutefois que l’éventualité d’une rupture des relations économiques avec la Russie est pour l’instant inenvisageable.

Un approvisionnement diversifié

« La part russe dans les importations françaises totales de pétrole et produits pétroliers s’est élevée à 14,06% en 2013. Cette part était de 26,81% pour l’Allemagne. La part des importations françaises de gaz qui provenait de Russie était de 13,55% en 2011. Elle grimpait à 30,22% pour l’Allemagne », détaille Éric Dor, le directeur des Études Économiques de l’IESEG School of Management et de l’Université Catholique de Lille, citant les statistiques d’Eurostat, l’Office européen des statistiques.

Pour le pétrole, les principales sources d’approvisionnement de la France sont, outre la Russie, la Norvège, l’Arabie Saoudite et le Kazakhstan. Ses importations de gaz proviennent également de Russie mais aussi de Norvège, des Pays-Bas, d’Algérie et d’Égypte.

Des conséquences micro-dramatiques très importantes

Mais la question de l’approvisionnement énergétique n’est pas la plus importante. Au niveau micro-économique, les conséquences d’une telle décision seraient très probablement plus néfastes pour la France que pour la Russie. Actuellement, 400 filiales d’entreprises françaises sont implantées en Russie, notamment dans le secteur automobile (Renault, PSA, Michelin…), la distribution (Auchan…), le BTP (Bouygues, Vinci …) l’agro-alimentaire (Lactalis, Danone, Pernod-Ricard..), l’électronique (Alcatel-Lucent…), les services (Accor, Amadeus, Club Med…) pour les plus renommées d’entre elles.

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 Fabien Piliu
Source : La Tribune
21/03/2014

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