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Quand l’Allemagne envisage sereinement de quitter l’euro

Quand l’Allemagne envisage sereinement de quitter l’euro

par | 27 août 2013 | Europe

Quand l’Allemagne envisage sereinement de quitter l’euro

« Il faudrait que l’Allemagne fasse pour la troisième fois exploser l’Europe. Aucun gouvernement allemand ne s’y résoudra jamais. ».

L’attitude de Berlin depuis le début de la crise de la zone euro est ambiguë : elle fait juste assez pour maintenir cette construction baroque et artificielle en vie, mais sans jamais aller au-delà. Une interview récente semble indiquer que le pays est de moins en moins attaché à la monnaie unique.

Une interview explosive

C’est un conseiller du ministre allemand des finances qui a donné une interview sur la monnaie unique dans Die Welt il y a 10 jours, traduite par le Comité Valmy. Après avoir qualifié la Grèce de « puits sans fond », quand on lui demande si elle devrait quitter la monnaie unique, il répond : « si l’on veut en finir avec l’union monétaire, c’est par les pays du nord de la zone euro qu’il faut commencer. Et si l’on en arrive là, alors l’Allemagne doit quitter l’euro ». Quand le journaliste lui réplique : « il faudrait que l’Allemagne fasse pour la troisième fois exploser l’Europe. Aucun gouvernement allemand ne s’y résoudra jamais », il répond que « l’euro n’est pas l’Europe. C’est l’Europe, et non l’euro, qu’il s’agit de sauver ».

Il poursuit : « il est vrai que pour des raisons politiques, l’Allemagne n’est pas en position de sortir la 1ère. Mais les autres pays membres pourraient l’y contraindre. Ce vers quoi nous allons, c’est cela. (…) Et si l’Allemagne et quelques autres économies fortes quittaient la zone euro, la valeur de cette monnaie baisserait, permettant aux économies du Sud de recouvrer la santé ». Mieux, il soutient que l’Allemagne pourrait supporter l’appréciation du mark, comme « lors des décennies passées », ce que confirme l’évolution de son commerce extérieur, puisqu’elle réalise ses excédents à 90% hors zone euro. Il dit que « l’Allemagne ne peut pas sauver la zone euro » et dénonce l’évolution vers une situation à l’italienne avec un Nord qui produit et un Sud « dans la situation du Mezzogiorno ».

Le sens de cette interview

Joël Halpern a fait un commentaire très intéressant et complet de cette interview sur son blog, auquel je n’ai pas grand chose à ajouter et que je vous invite à lire [L’agonie de l’euro – l’analyse de Kal A.Konrad – 24/08/2013]. Plutôt que de dire la même chose, je préfère apporter un complément plus politique. Il me semble assez extraordinaire qu’un des principaux conseillers du ministre allemand des finances tienne un tel discours, détaché, affirmant de facto qu’une sortie de l’euro est sans doute préférable et probable pour son pays, mais que des raisons politiques internes à l’Allemagne, mais aussi à l’Europe, font que cela n’a pas encore été fait.

En effet comment imaginer qu’il ait pu donner une telle interview à Die Welt, sans avoir demandé l’accord du ministre ? Certes, contrairement à la France, il semble que l’Allemagne accepte davantage le débat sur la monnaie unique, mais de telles déclarations n’en restent pas moins assez incroyables. De deux choses l’une, soit l’Allemagne passe ainsi le message à ses partenaires qu’elle a toujours l’option de partir et qu’elle n’hésitera pas si on ne fait pas ce qu’elle souhaite, même si elle a admis qu’il faudra un nouveau plan en Grèce. Soit le gouvernement prépare le pays à la fin de la monnaie unique…

Si la majorité des Allemands préfèreraient quitter la monnaie unique, Angela Merkel a, pour l’instant, pris un chemin étroit entre sauvetage de la monnaie unique et minimisation du coût pour les contribuables de son pays. Mais il semble qu’en très haut lieu, l’hypothèse d’une sortie soit de plus en plus étudiée.

 Laurent Pinsolle
gaullistelibre.com
27/08/2013

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