Par Claude Meunier-Berthelot, professeur honoraire, essayiste.
Dénominateur commun aux différents candidats
1) Aucun des candidats ne fait état du changement de philosophie du système éducatif, de la situation exacte de l’Éducation Nationale et des dispositions de la loi de refondation du 07/07/2013 :
- pour nos enfants d’une part ;
- de l’éducation dite prioritaire d’autre part.
Aucun des candidats ne propose de contre-réforme d’envergure bien que Jean-Frédéric Poisson s’en rapproche. Or, ou bien on accepte que l’École pour nos enfants disparaisse et que les élèves issus de l’immigration deviennent l’élite de la nation, ou bien il faut contrer cette révolution de l’institution scolaire dans sa totalité par une contre-révolution.
2) Quasiment tous les projets sont parcellaires, superficiels et pérennisent la politique actuelle avec seulement quelques aménagements particuliers !
3) Tous les candidats sont d’accord pour donner plus d’autonomie aux chefs d’établissements scolaires dans le choix de leur projet éducatif et dans le recrutement du personnel d’encadrement, mais, il n’y a aucune innovation à cela, puisque cette autonomie est déjà acquise du fait de la loi du 7 juillet 2013. Cette autonomie n’est d’ailleurs qu’un « miroir aux alouettes » dans la mesure où elle laisse à penser à une assimilation à des établissements scolaires à des écoles privées hors contrat, alors que nous ne sommes plus dans un contexte d’institution scolaire avec transmission des savoirs par des cours, mais dans un contexte de lieu de vie où les cours sont remplacés par des activités et sans obligation de résultat.
L’autonomie des établissements permet donc de calquer les activités sur les équipements socio-culturels locaux mais pas d’avoir la possibilité de choisir des méthodes d’enseignement plus efficaces.
4) Personne ne fait état des nouvelles modalités de recrutement du personnel éducatif, personnel actuellement recruté sans qualification (emploi-avenir-professeur, contrats de service civique, réserve républicaine). Comment vont-ils améliorer la qualité du système éducatif avec du personnel recruté sans qualification et entièrement formaté dans les IUFM ?
5) La plupart des candidats évoquent la lutte contre l’illettrisme mais aucun ne préconise le retour à la méthode alphabétique.
Quel candidat retenir ?
Candidats à « rayer de la carte »
Les candidats à « rayer de la carte » impérativement sont Messieurs Sarkozy, Juppé, Copé, Lemaire, qui cautionnent la politique engagée, avec renforcement de la politique d’éducation dite « prioritaire » qu’ils formulent chacun différemment mais qui nous conduit droit dans le mur.
De plus, Lemaire et Copé comptent intégrer les écoles hors contrat dans le système : Lemaire, en exprimant la nécessité, pour les écoles hors contrat, de respecter les valeurs de la République ce qui signifie la perte de spécificité et donc, d’existence réelle de ces écoles qui sont les seules à cultiver l’excellence et aptes à nous sauver du désastre éducatif dans lequel nos gouvernants nous ont plongés
Quant à Jean-François Copé, avec une formulation habile, il propose, pour les écoles hors contrat, des « chartes d’engagement » avec l’État, ce qui veut dire « entrez dans notre moule », donc, au lieu de résoudre les problèmes, ils en rajoutent : dans leur système, plus personne ne sera instruit.
Par surcroît, Jean-François Copé compte agir par ordonnance une fois élu. Or, le projet de loi « éducation et citoyenneté » actuellement en discussion au Sénat inclut des dispositions qui s’apparentent à une nécessité d’autorisation pour ouvrir une école hors contrat, bien que le mot ne soit pas prononcé, mais on connaît bien la façon de manier l’ambiguïté de nos gouvernants et de la faire servir à leur profit.
Candidats non fiables
Nathalie Kosciusko-Morizet et François Fillon ne sont pas des candidats fiables : ils n’apportent pas de solution d’ensemble au système éducatif, simplement quelques « mesurettes ».
Candidat restant
Le candidat à qui il serait possible de donner sa chance et donc la nôtre serait Jean-Frédéric Poisson : il aborde le problème de l’Éducation Nationale dans son ensemble et propose la seule solution fiable : le « chèque éducation ». Aura-t-il les reins assez solides pour réussir ?
Claude Meunier-Berthelot
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