Par Michel Geoffroy, auteur de Immigration de masse. L’assimilation impossible, La Super-classe mondiale contre les peuples et La Nouvelle guerre des mondes ♦ Le microcosme parisien bruisse d’une rumeur qui va crescendo : Éric Zemmour songerait à se présenter à l’élection présidentielle. Il aurait choisi son directeur de campagne. On nous dit même que Marine Le Pen et Emmanuel Macron s’en inquiéteraient…
Zemmour, tel le Zorro de notre enfance revu et corrigé par Walt Disney, viendrait-il nous sauver ?
Avec un Z comme… Zemmour, lacérant les affiches électorales des méchants, du bout de son épée ? Zip, zip, zip.
Un passeur d’idées
Éric Zemmour est un journaliste et polémiste talentueux, nul ne le conteste.
C’est surtout un passeur d’idées : par son talent oratoire, son esprit d’analyse et son indifférence au politiquement correct, il réussit à populariser, à médiatiser des analyses et des idées qui autrement resteraient cantonnées dans le cercle autocentré de la dissidence intellectuelle et identitaire.
Avec Pascal Praud sur CNews, Éric Zemmour, par ses succès d’audience, a rendu en outre la dissidence profitable, ce qui constitue une véritable révolution. Le Système en a bien conscience, qui s’efforce régulièrement de faire taire ces réussites médiatiques qui bouleversent un PAF somnifère à force de correction politique et de soutien ridicule à la macronie.
Incontestablement, la popularité d’Éric Zemmour montre que les lignes politiques bougent dans notre pays.
Mais la candidature d’Éric Zemmour à l’élection présidentielle serait-elle pour autant une bonne chose pour la France ? Telle est la question, dirait Hamlet…
Disperser pour gagner ?
D’abord il ne faut pas oublier que dans le cadre d’une élection présidentielle qui se déroule selon un système quasi majoritaire, tout ce qui éparpille les voix au premier tour favorise le sortant.
Or, compte tenu de son impopularité jamais démentie – deux Français sur trois continuant d’estimer que son bilan est « mauvais » –, Emmanuel Macron ne peut justement espérer, s’il se représente, parvenir en tête du second tour qu’en fractionnant au maximum les candidatures au premier.
Dans cette perspective, une candidature d’Éric Zemmour aurait l’avantage pour Emmanuel Macron de puiser dans les voix à la fois de la droite et du RN, qui pourraient être séduites par un discours de rupture, que les partis institués, obnubilés par le risque de diabolisation médiatique, n’osent pas tenir.
Certes une candidature d’Éric Zemmour pourrait aussi séduire certains abstentionnistes que la perspective d’un remake du duel du second tour de 2017 n’enchante pas du tout. Mais serait-ce suffisant pour gagner ?
On ne gagne pas tout seul
Éric Zemmour est un homme de talent. Sa personne le rend en outre difficilement attaquable sous l’angle de l’antiracisme ou de l’antifascisme, un atout non négligeable face aux sempiternelles campagnes de diabolisation du Système. Peut-être pourrait-il lancer une nouvelle dynamique politique ?
Mais, pour le moment, il reste un homme seul. Or on ne gagne pas une élection présidentielle tout seul, même si on est un excellent débatteur.
Pour gagner il faut aussi une organisation, des réseaux, des soutiens, des gens qui militent, qui collent des affiches, qui font du tractage, qui démarchent les élus et les groupes de pression, qui font le buzz sur les réseaux sociaux ou dans les médias, qui imposent une image, un programme et qui surveillent les bureaux de vote. Et il faut de l’argent.
Éric Zemmour pourrait-il monter une telle organisation d’ici l’élection présidentielle de 2022 en ralliant par exemple des cadres et des moyens issus des partis ?
On ne peut l’exclure a priori, mais Éric Zemmour ne se trouvera pas, en tout cas, dans la situation d’Emmanuel Macron, parachuté candidat officiel de l’oligarchie en 2016 : comme outsider, il ne disposera ni du soutien des médias ni de celui des juges ni de celui des banques !
Gagner une élection ne suffit pas
Sa relative solitude conduit aussi à se demander ce qui se passerait si Éric Zemmour se trouvait, d’aventure, élu en 2022. L’élection présidentielle constitue une étape indispensable mais pas suffisante pour inverser le cours des choses, en effet.
La politique, du moins la grande, ne se réduit pas à gagner les élections ou à « dire tout haut ce que chacun pense tout bas ». Elle ne se réduit pas à la polémique, même brillante, ni au journalisme.
C’est d’autant plus vrai que, de nos jours, le pouvoir a de moins en moins de pouvoirs et que la souveraineté a migré à Bruxelles, à Berlin, à la BCE, dans les grandes entreprises mondialisées ou dans… les zones de non-droit où les salafistes et les dealers font la loi.
La grande politique consiste à créer des rapports de force permettant de “rendre possible ce qui est souhaitable”. Elle suppose donc une réflexion stratégique, un programme, des leviers d’action, des alliés, une majorité parlementaire, des équipes. Un préalable d’autant plus nécessaire que notre pays se trouve dans une situation catastrophique.
Éric Zemmour, s’il devait confirmer sa candidature, devrait donc apporter la preuve qu’il dispose effectivement des moyens de relever ce défi.
Il faut « jouer collectif »
À un an du scrutin, il est sans doute trop tôt pour faire des pronostics : l’élection présidentielle se joue à la fin, comme dans la fable du lièvre et de la tortue.
Mais la situation de notre pays est suffisamment grave pour ne pas se payer le luxe d’une candidature de témoignage qui ne déboucherait pas sur une politique. Ni d’une dispersion des bonnes volontés qui ouvrirait la voie à une catastrophique réélection d’Emmanuel Macron, le déconstructeur qui n’aime pas les Français.
L’heure est au salut public, au rassemblement de toutes les forces de la France pour inverser le déclin de notre pays.
Zorro c’est bien, mais « jouer collectif », c’est mieux.
Michel Geoffroy
08/06/2021
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