Par Frédéric Eparvier, cadre dirigeant d’un grande entreprise française à caractère stratégique ♦ Contrairement à ce que racontent les médias en général, et français en particulier, les choses sont loin d’être réglées aux États-Unis. D’ailleurs les bookmakers donnent aujourd’hui près de 15 % de chance à Trump d’être élu, alors qu’ils lui en donnaient à peine 10 la veille des élections. On pourrait dire avec une pointe d’ironie ou d’amusement, c’est selon, que les choses vont de mieux en mieux pour l’actuel Président des États-Unis…
Le point sur les États encore disputés
À ce jour (dimanche 22 novembre) quelle est, exactement, la situation ?
Joe Biden dispose de 232 Grands Électeurs contre 223 pour Trumpet il reste 73 Grands Électeurs de cinq États à départager entre les deux candidats. Même si les républicains continuent à contester les résultats au Nevada (6 GE), je considère que cet État ne peut plus jouer de rôle dans cette élection et je ne l’ai donc pas pris en compte. Je rajouterais volontiers le Michigan, car avec 155 629 votes d’avance sur un total de 5 458 169 électeurs, le résultat ne peut plus être remis en cause par de simple erreurs de dépouillement. Ceci nous donne 248 Grands Électeurs pour Joe Biden contre 223 à Donald Trump.
Restent donc quatre États :
- Le Wisconsin (10 Grands Électeurs) avec 20 608 voix d’avance en faveur de Joe Biden sur un total de 3 240 738 électeurs.
- L’Arizona (11 Grands Électeurs) avec 10 457 voix d’avance en faveur de Joe Biden sur un total de 3 333 829 électeurs, et quelques milliers de voix encore à venir[1].
- La Géorgie (11 Grands Électeurs) avec 12 670 voix d’avance en faveur de Joe Biden sur un total de 4 936 344 électeurs.
- La Pensylvannie (20 Grands Électeurs) avec 81 813 voix d’avance en faveur de Joe Biden sur un total de 6 834 811 électeurs
Dans ces quatre États, les avocats de Trump ont lancé des actions judiciaires pour faire invalider les résultats sur la base de toute une série de déclarations et d’observations de fraude électorale.
Une liste de cas de fraudes observées
Nos amis de l’Antipresse de Slobdan Despot ont publié ce dimanche matin une liste assez longue, et sans doute non exhaustive, des exemples de fraudes et autres tricheries observées dans différents États. J’ai joint la liste ci-dessous en espérant que les liens seront fonctionnels. Ils le sont sur le site de l’Antipresse.
200 000 bulletins de vote envoyés à de mauvaises adresses au Nevada (Etat pivot).)
À Detroit, dans le Michigan, il y a eu 32519 votes de plus que la population éligible pour voter.
23 000 bulletins de vote jetés dans le Wisconsin.
Des démocrates se vantent d’avoir triché et nous expliquent comment.
50 000 bulletins de vote dans l’Ohio envoyés à de mauvaises adresses.
Les électeurs du Queens reçoivent des bulletins de vote militaires.
Sur Twitter, des centaines de vidéos apparaissent montrant des compteurs en train de tricher.
25 263 bulletins de vote rejetés lors des primaires du Colorado.
Des voleurs volent le courrier de deux camions de l’USPS dans le sud de Chicago.
En Pennsylvanie, le comté pro-Trump de Butler perd un nombre incalculable de bulletins de vote.
Des bulletins de vote postaux trouvés dans un fossé routier dans le Wisconsin (Etat pivot)
Orono, Maine. Une femme est accusée d’avoir voté pour ses colocataires.
Un homme arrêté dans le comté de Lucerne pour avoir tenté de voter pour sa femme décédée.
Un employé d’un bureau de vote de Germantown, dans le Maryland, a été pris en train de remplir et de fixer des bulletins de vote — Vidéo.
Urne contenant des bulletins de vote enflammée de l’intérieur à Baldwin Park en Californie.
6 boîtes postales de l’USPS falsifiées à Richmond VA.
2 100 habitants des collines boisées reçoivent des bulletins de vote erronés.
1 500 bulletins de vote au Kansas non comptés dans les primaires.
Des bulletins de vote endommagés et vandalisés à Billings Montana. (MAJ : lien bloqué par FB)
60 000 bulletins de vote en Pennsylvanie manquants.
Une vidéo de Tiktok montrant une personne remplissant plusieurs bulletins de vote en Californie.
Un homme de l’Utah trouve des bulletins de vote dans une benne à ordures.
29 000 bulletins de vote erronés envoyés à Philadelphie en raison d’une erreur de cartographie.
Les bulletins de vote des électeurs décédés suscitent des inquiétudes dans le comté de L.A.
Un électeur du pays de Kern reçoit 3 bulletins de vote.
1000 duplicata de bulletins de vote envoyés dans le comté de Fairfax.
Certains habitants de l’Ohio disent avoir reçu des bulletins endommagés.
Un voleur filmé en train de voler des bulletins de vote dans des boîtes aux lettres.
Hall County, Nebraska. 21 résidents reçoivent des doubles des bulletins de vote.
39 comtés du Colorado ont plus d’électeurs que d’habitants, poursuites en cours.
Un employé de l’USPS arrêté pour avoir jeté du courrier comprenant 99 bulletins de vote.
1000 personnes ont voté deux fois en Géorgie.
Un camion postal prend feu, détruisant des milliers de bulletins de vote.
L’ensemble des élections au sein du NJ ont été annulées pour cause de fraude électorale.
Cet homme du New Jersey vote 3 fois.
Républicain du Kansas + 4 autres personnes accusées de fraude électorale.
200 000 personnes biffées des listes à New York en 2016.
Un chat mort reçoit un bulletin de vote.
L.A. Un homme accusé d’avoir voté lors de 3 élections en utilisant sa mère décédée.
Des dizaines de milliers de bulletins de vote jetés en primaire
Une fraude électorale systématique ?
Tous ces exemples de fraude potentielle s’inscrivent dans la déclaration de Joe Biden que je dénonçais déjà dans mon article du 2 novembre : « Nous sommes dans une situation où nous avons mis en place, et vous l’aviez déjà fait pour le Président Obama, nous avons mis en place, l’organisation la plus importante et la plus systématique de fraude électorale de toute l’histoire politique américaine », déclaration uniquement reprise par Slobodan Despot, dans son Antipresse du 15 novembre[2]., et en aucun cas par la « grande » presse, qui pourtant aurait dû en faire son miel.
Fraude, émeutes… Une élection présidentielle explosive aux États-Unis
C’est donc fort de toutes ces « preuves » que les équipes juridiques de Donald Trump ont commencé à attaquer en justice les résultats électoraux, dans le but d’empêcher la validation des résultats par les chambres des États avant le 14 décembre, date à laquelle les Grands Électeurs se réunissent pour élire le Président des États-Unis. Si les résultats des États ne sont pas certifiés à cette date, ou si aucun des deux candidats n’atteint 270 Grands Électeurs, alors ce ne sont plus les Grands Électeurs qui élisent le Président américain, mais la chambre des représentants (c.f., mon article du 10 novembre).
Premières plaintes
En Pennsylvanie, une première plainte déposée le mardi 10 novembre, a été rejetée en première instance, puis en appel ce vendredi 20 par un juge nommé à son poste de Cour d’appel par Obama. La plainte va donc pouvoir être soumise à la Cour Suprême. Mais la Cour Suprême doit accepter de statuer sur le dossier, ce que son Président, le « Suprême Justice » John Roberts, a tout fait pour éviter à ce stade. Avec 5 ou 6 conservateurs à la Cour Suprême, il y a peu de chances, que les appels soient rejetés comme celui de Pennsylvanie le fut fin octobre. Ou un « Associate Justice » peut décider de s’auto saisir du dossier comme le fit le « Justice » Alito le 6 novembre, quand il ordonna que les votes par correspondance de l’État de Pennsylvanie soient comptés séparément des votes « en personne »[3].
Trois des quatre États suscités dépendent de « Justice » Conservateurs : La Pennsylvanie, le « Justice » Alito, Le Wisconsin, la « Justice » Coney Barrett récemment élue, et la Géorgie, le « Justice Thomas. Mais il y a peu de chances (ou de risques, au choix) que la Cour Suprême s’auto-saisisse.
De même, la probabilité est faible que la Cour Suprême tranche sur le fond la question de la fraude électorale. En revanche, elle ne manquera pas d’intervenir, si les lois électorales d’un État ont été changées pendant la période électorale, ce qui est le cas en Pennsylvanie. C’est d’ailleurs bien l’opinion de l’un des plus éminents juristes des États Unis, l’avocat Alan Dershowitz[4], qui se fonde en l’espèce sur le précédent des élections de 2000 Bush v. Gore en Floride. Si une telle décision devait avoir lieu, alors la Pennsylvanie deviendrait « Rouge[5] » et Donald Trump arriverait à 243 Grands Électeurs, à quasi égalité avec Joe Biden (248). La dynamique post-électorale en serait bouleversée. En fait, tout dépend du résultat de cette action en justice, ce qui explique que les actions judiciaires soient plus calmes dans les autres États.
En Géorgie, après un recomptage qui a réduit l’avantage de Joe Biden à 12 670 voix, le camp républicain a demandé un second recomptage, en insistant sur le fait que les signatures des enveloppes de vote par correspondance devaient être vérifiées. Or il semble que pour garantir le secret du vote, elles aient étés séparées des bulletins, ce qui rend impossible toute vérification sérieuse. En effet, pour le vote par correspondance, l’électeur signe au dos d’une première enveloppe qui contient son vote, cette signature est vérifiée (ou pas) de manière informatique, sur la base des signatures déposées préalablement auprès des services officiels, puis après confirmation, l’enveloppe est mise de côté, et le bulletin de vote, contenu dans une seconde enveloppe, est alors enregistré dans la machine à compter les votes…. Le vote ne peut plus être tracé à son expéditeur, et devient donc invérifiable. Pourtant, en Géorgie, ce sont 118 000 votes par correspondance qui seraient frauduleux et une nouvelle plainte doit être déposée lundi ou mardi par Maître Sekulow, avocat du fils de Donald Trump sur une ligne d’accusation encore non dévoilée.
Wisconsin : un recomptage commence ce lundi et devra être terminé pour le 1er décembre. Il est amusant de noter que les partis doivent payer ces opérations et que si, en 2016, un recompte partiel avait été facturé 2 M$ à la campagne Clinton, le même recompte, cette année, a été facturé 6 M$ à l’équipe Trump.
Arizona : les cours ont rejeté les premiers recours légaux, et il semble que les républicains locaux sont en retrait. En fait l’Arizona n’aura d’importance que si la Pennsylvanie bascule du « bleu » au « rouge ».
Mais il s’agit jusque-là de « tricherie à la papa », comme le déclara Edgar P. Jacobs en parlant de la BD quand il vit pour la première fois :« La Guerre des Etoiles ».
Dominion
Car le second élément de l’accusation de fraude électorale, et qui risque de déboucher sur un scandale à plus long terme vient de l’utilisation des machines électorales de la Société Dominion. L’avocat de Donald Trump qui semble s’occuper particulièrement de cette question est Maître Sydney Powell qui ne donne pas l’impression d’être un demi Pit Bull. Elle a défendu avec succès le général de corps d’Armée Michael Flynn, premier National Security Advisor de Donald Trump, et obligé de démissionner après une manipulation du FBI.
Sa plainte, dont elle annonce qu’elle va être d’ampleur « biblique » doit être déposée cette semaine devant la commission électorale dont le Directeur, Trey Trevor a annoncé, vendredi dernier, dans une Interview au Media : « Just the News AM » qu’il y avait bien eu des fraudes lors de ces élections.
Les éléments de la plainte de Maître Powell ne sont pas encore connus en dehors de ce qu’elle annonce lors de conférences de presse, et sur les chaines de télévision proches de Donald Trump comme NewsMax TV[6].
Les accusations contre Dominion sont :
- Cette société a été portée sur les fonts baptismaux par des ingénieurs vénézuéliens, et financée par la dictature chaviste. C’est donc une société proche de la Chine qui gère les élections américaines.
- Les liens entre Dominion (et sociétés associées comme Smartmatic) et le parti Démocrate sont très nombreux : le Directeur commercial de Dominion serait l’ancien Dir Cab de Nancy Pelosi, le mari de Diane Fenstein serait actionnaire de Dominion, l’Amiral Peter Neffenger, membre du Board de Dominion, serait au comité de transition de Joe Biden[7]…
- Le logiciel permet tous types de manipulation soit automatiquement (l’algorithme de fraude ferait parti du logiciel), soit via des « back doors », ce qui expliquerait l’arrêt du dépouillement dans la nuit du 3 au 4 novembre.
Soyons clair, seul l’accès au code source du logiciel par des experts en programmation permettra de trancher ces points.
Il convient de noter, que les dirigeants de la société Dominion ont refusé de se rendre à l’invitation des représentants de l’État de Pennsylvanie (majorité républicaine) la semaine dernière. Ont-ils des choses à cacher ? Dans l’ambiance actuelle, c’est ce que vont penser les Américains trumpistes.
Donc rendez-vous en fin de semaine !
Frédéric Éparvier
23/11/2020
[1] De vous à moi, qu’un État plus petit que la Belgique ne sache pas comptabiliser la totalité de ses votes en trois semaines laisse rêveur sur les déficiences du système américain. Que dirait-on si il s’agissait de la Russie ?
[2] Roborative lecture du dimanche matin. Je vous la recommande. 50€ / an à Antipresse.net
[3] “All county boards of election are hereby ordered, pending further order of the Court, to comply with the following guidance provided by the Secretary of the Commonwealth on October 28 and November 1, namely, (1) that all ballots received by mail after 8:00 p.m. on November 3 be segregated and kept ‘in a secure, safe and sealed container separate from other voted ballots,’ and (2) that all such ballots, if counted, be counted separately,” Associate Supreme Court Justice Samuel Alito wrote in the Order. “Pa. Dep’t of State, Pennsylvania Guidance for Mail-in and Absentee Ballots Received From the United States Postal Service After 8:00 p.m. on Tuesday, November 3, 2020 (Oct. 28, 2020); Pa. Dep’t of State, Canvassing Segregated Mail-in and Civilian Absentee Ballots Received by Mail After 8:00 p .m. on Tuesday, November 3, 2020 and Before 5:00 p .m. on Friday, November 6, 2020 (Nov. 1, 2020).”
[4] Professeur à Harvard Law School
[5] La couleur symbole des Républicains est le rouge, et donc, un État majoritairement Républicain, est représenté en Rouge sur une carte. Inversement, les Démocrates sont en bleu.
[6] FOX ayant viré sa cuti voit ses taux d’audience s’effondrer depuis une semaine : entre moins 35 et moins 45% selon les animateurs.
[7] Dans un communiqué de Presse, Dominion a nié la plupart de ces allégations.
- Donald Trump ou Kamala Harris ? Un scrutin extrêmement serré - 31 octobre 2024
- Donald Trump en route vers la victoire ? Analyse électorale et pronostic - 17 octobre 2024
- Occident go home ! Cuisine et géopolitique avec Michel Geoffroy - 1 octobre 2024