Par Ivan Blot, haut fonctionnaire, écrivain ♦ Claude Meunier-Berthelot poursuit son œuvre de démystification des discours éducatifs : d’un côté, la poursuite de l’œuvre de destruction de l’institution scolaire ; de l’autre, la concentration de crédits et le recours à des processus sélectifs en faveur des élèves issus des ZEP, zones d’éducation prioritaire. Nous publions ici la préface d’Ivan Blot au livre de Claude Meunier-Berthelot (*).
Polémia
Madame Meunier-Berthelot montre par une analyse détaillée à quel point notre système d’éducation nationale a été détourné de ses finalités. Selon elle, le système scolaire a pour but de favoriser les minorités immigrées au lieu de former des Français citoyens capables d’être efficaces dans leur milieu professionnel. Il y a détournement de finalité, ce que l’auteur appelle « la haute trahison ».
L’école apporte aux élèves un minimum de savoirs techniques, informatiques, ou en langues étrangères mais néglige la culture générale et l’histoire de France qui permettrait de former de véritables citoyens. On est loin du modèle éducatif de la Russie nouvelle, qui a rétabli l’éducation militaire et patriotique, le respect de l’autorité et notamment celui de l’enseignant, qui a rétabli l’uniforme à l’école, qui maintient le respect du livre et de la littérature, qui cherche à transmettre un héritage de civilisation.
La révolution culturelle de 1968
En France, comme dans une grande partie de l’Occident, la révolution culturelle de mai 1968 a cherché à détruire l’idée de transmission du savoir et des valeurs au profit d’expériences pédagogiques qui se font sur le dos des élèves. Une petite oligarchie des milieux pédagogiques, dont la fameuse Inspection générale de l’éducation nationale, s’est mis en tête de mettre en place son propre programme éducatif sans égard envers les citoyens. Tout ceci est mis en place sans la moindre consultation des contribuables forcés de financer les projets de l’appareil bureaucratique associé aux oligarchies syndicales. L’école qui fut si efficace sous la Troisième République est démantelée par une petite oligarchie autocratique qui poursuit des objectifs idéologiques propres : discrimination positive à l’égard des minorités immigrées, déracinement des jeunes Français en ne leur enseignant plus le « roman national », baisse du niveau pour s’adapter aux éléments les plus primitifs.
L’auteur n’en reste pas à ce constat désolant mais présente des pistes pour sauver l’éducation. Elle montre le rôle utile des écoles privées indépendantes qui échappent partiellement à la dictature du ministère. Elle montre l’importance de remettre au cœur du système éducatif le principe de liberté afin de rechercher la qualité du système éducatif et de meilleurs résultats.
Tout n’est pas perdu dès lors que l’on a conscience du danger et de la nature de la menace. Comme l’écrivait Heidegger : « C’est au cœur du danger qu’émerge ce qui sauve ». Le livre de madame Meunier-Berthelot nous mène vers ce qui peut nous sauver en dénonçant la nature du danger qui fait du système éducatif actuel un instrument de déracinement, de déculturation, de démoralisation et de dénationalisation des nouvelles générations.
L’Éducation nationale actuelle est au service du système dénoncé par le philosophe Heidegger : faire des hommes de simples matières premières du système techno-économique au service de l’oligarchie. L’homme asservi au système utilitariste ne doit pas avoir de racines ; il faut qu’il soit mobilisable et utilisable partout dans le monde : pas de nation, de religion, de culture spécifique, de race ; aucune racine ne doit lui permettre d’échapper à la logique utilitariste du mondialisme économique.
Il ne doit pas non plus être attaché à des normes et à des traditions. Toutes les valeurs sont relatives sauf l’argent qui devient la norme suprême. Comme le dit Gounod dans son opéra Faust, « Le Veau d’or est vainqueur des dieux ». Toute discrimination est interdite au nom de l’égalité, à l’exception d’une seule : la discrimination par l’argent ! La religion doit être mise le plus possible à l’écart car elle empêche l’homme de déifier son propre ego. Ainsi, le jeune pris dans la machine à déshumaniser va apprendre à adorer ses instincts chaotiques, à rejeter les traditions au nom d’une raison abstraite arbitraire, à préférer l’argent au sens de l’honneur, la carrière au sens du sacrifice, l’immersion dans la masse inculte plutôt que l’affirmation d’une personnalité véritable, la « libération » à l’égard de l’héritage de sa propre civilisation. Le programme mis en place est celui d’un retour à la barbarie.
« Oubli de l’être »
Face à ce danger terrifiant, l’auteur a raison de s’indigner et de parler de haute trahison. Mais face à cet « oubli de l’être » qui fait que l’homme en vient à abandonner sa nature pour se soumettre à l’esclavage de l’utilitarisme cosmopolite, il faut un tournant, non seulement politique, mais philosophique. Il faut retrouver nos racines helléno-chrétiennes comme la Russie d’aujourd’hui nous en donne l’exemple. Le système éducatif est le produit d’une politique. Mais cette politique est le produit d’un projet philosophique. Ce projet nous conduit à la déshumanisation de l’homme qui doit nous conduire au néant. La chute démographique de l’Occident et l’immigration de masse sont les conditions mêmes de notre disparition dans le néant.
C’est pourquoi il faut lire le livre de madame Meunier-Berthelot pour comprendre le danger. La compréhension du danger est la première étape qui doit faire surgir « ce qui sauve », comme l’a écrit Martin Heidegger. C’est au milieu du danger que nous comprenons ce qui se passe. Comme l’a écrit le poète tragique grec Sophocle : « C’est par la souffrance que l’homme apprend du nouveau » et qu’il peut trouver la voie du salut !
Ivan Blot
13/11/2017
(*) Claude Meunier Berthelot, École / La haute trahison, Apopsix, 27 juillet 2017, 156 p.
Voir aussi : « C’est l’identité française qu’on assassine » de Claude Meunier-Berthelot/
Correspondance Polémia – 15/11/2017
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