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Pourquoi et comment l’Amérique a confisqué la liberté d’expression

Pourquoi et comment l’Amérique a confisqué la liberté d’expression

par | 26 février 2015 | Géopolitique

Pourquoi et comment l’Amérique a confisqué la liberté d’expression

Rétablir la liberté d’expression, XXXe Université annuelle du Club de l’Horloge les 15 et 16 novembre 2014. Texte n°10 : Pourquoi et comment l’Amérique a confisqué la liberté d’expression, par Ivan Blot, homme politique, essayiste, écrivain.

La raison pour laquelle l’Amérique a confisqué la liberté d’expression et la manière adoptée peuvent être analysées dans toute leur ampleur en ayant recours aux outils de pensée forgés par Aristote et Heidegger.

Les outils

Pour Aristote l’existence de toute institution humaine peut être expliquée par quatre causes : la cause finale, qui est la plus importante, la cause motrice (les hommes), la cause formelle (les normes) et la cause matérielle (la technique et l’économie). Heidegger a repris cette clé d’analyse en observant, par un approfondissement de l’œuvre d’Hölderlin, que l’homme se situait dans un « quadriparti » (Geviert) composé de quatre puissances élémentaires : la Divinité, les Mortels, le Ciel et la Terre. Il ajoute à cela une notion nouvelle, le « Gestell » ou arraisonnement utilitaire. Il soutient la thèse selon laquelle l’homme occidental est aux prises avec un système qui le déshumanise, produit par le rationalisme scientiste. Seules comptent, dans ce système, les procédures juridiques et économiques. L’homme, alors, ne présente plus d’intérêt dans son humanité mais devient un rouage du système utilitaire. Celui-ci subvertit les quatre valeurs du quadriparti pour lui substituer quatre idoles : l’ego qui détrône Dieu, les masses qui supplantent la personne humaine, l’argent qui tient lieu d’éthique et la technique et l’économie qui substituent leur logique au respect des racines qui inscrivent l’homme dans une lignée. Ceci afin d’obtenir des individus interchangeables d’où l’intérêt de l’égalitarisme : l’éradication des racines, de l’idéal, des personnalités indépendantes et de la divinité.

Les trois formes du Gestell au XXe siècle

Pour Heidegger, le « Gestell » a pris, au XXe siècle, trois formes concurrentes : le fascisme, le communisme et le système occidental. Les deux premières, l’une centrée sur le IIIe Reich, l’autre sur l’URSS se sont effondrées. Il demeure la troisième forme, arrimée aux États-Unis. Cette dernière figure suscite de nombreuses protestations, beaucoup considérant qu’il n’est pas possible de mettre sur un même plan politique le IIIe Reich, l’URSS et ce qui est aujourd’hui l’Occident. À cela, Heidegger a répondu que si l’objection était politiquement légitime, elle n’était pas juste d’un point de vue métaphysique, les trois systèmes étant, sous cet angle, analogues. Dans les trois cas, l’homme est soumis à l’arraisonnement utilitaire : la technique et l’économie sont devenues des idoles ; les masses sont mises en avant ; les normes sont matérialistes (argent ou pouvoir) ; l’ego remplace Dieu. Parce qu’il a besoin d’asseoir son pouvoir sur les hommes réduits à l’état de rouages, le système utilitaire, le Gestell, est un adversaire de la liberté d’expression. Mais il peut se servir de l’apparence de celle-ci pour ses fins propres. C’est le pouvoir d’influence (« soft power »), concept développé par l’homme politique américain, Joseph Nye. Dans cette approche, la puissance de persuasion joue le rôle majeur. Il s’agit, pour contrôler les esprits sans coercition directe et asseoir ainsi une domination durable, d’utiliser toutes les capacités de communication offertes par nos sociétés et de décider du calendrier médiatique. Les adversaires sont conduits à penser comme vous.

Les acteurs centraux constituent une oligarchie qui s’est emparé du pouvoir aux USA

Tocqueville a écrit « De la démocratie en Amérique » en remarquant que la démocratie, par son égalitarisme et son conformisme, pouvait menacer la liberté. À vrai dire, l’Amérique a toujours été plus une oligarchie, centrée sur la fonction marchande, qu’une vraie démocratie. Quelques repères illustrent ce caractère formel de la démocratie aux États-Unis. Ainsi, ceux-ci ont longtemps toléré l’esclavage. De manière plus anecdotique, les conditions dans lesquelles fut inaugurée la statue de la Liberté à New York, le 28 octobre 1886, par le président Grover Cleveland méritent d’être rappelées. Les Noirs et les femmes ont été exclus de la cérémonie (sauf l’épouse de Bartholdi et la petite-fille de Ferdinand de Lesseps). En revanche, les francs-maçons étaient en nombre. Curieuse liberté réservée à certains et pas à d’autres ! Déjà bien avant, les Pères de la constitution américaine dont plusieurs étaient des propriétaires d’esclaves, se méfiaient du peuple d’où l’élection du président au suffrage indirect et la création d’un organe aristocratique de membres nommés à vie, la Cour Suprême.

Néanmoins, au XIXe siècle, un conflit opposa les démocrates authentiques, partisans d’instaurer une démocratie directe et l’oligarchie au pouvoir, campant sur les positions acquises, incarnée notamment par les puissantes compagnies de chemins de fer. Ce conflit se produisit dans l’Ouest, ce qui explique la raison pour laquelle le système de la démocratie directe fut adopté par la plupart des États de l’ouest, sur le modèle suisse de la démocratie directe (voir le livre d’Ivan Blot : La démocratie directeEditions Economica).

L’événement qui fut à la source de cette évolution institutionnelle remonte à l’année 1900. En Californie, la compagnie « Southern Pacific » acheta des politiciens et des juges dont les décisions furent prises, notamment, au détriment des agriculteurs. Mais, un procureur, Hiram W. Johnson (1866-1945), fit condamner le président du Congrès de Californie et le président de la Southern Pacific pour collusion. Devenu un héros national il fut élu gouverneur (1911-1917) et il fit réformer la constitution de l’État pour établir la démocratie directe.

Toutefois, ce mouvement populiste (c’était leur nom !), s’il s’imposa à l’échelon d’un certain nombre d’États, ne put jamais l’emporter au niveau fédéral. En effet, la politique nationale conduite aux États-Unis est devenue plus que jamais oligarchique. Seuls des milliardaires peuvent devenir présidents. Sur les risques inhérents à un pouvoir oligarchique, Eisenhower avait exprimé ses craintes dans son discours d’adieu du 17 janvier 1961 : « cette conjonction d’une immense institution militaire et d’une grande industrie de l’armement est nouvelle dans l’expérience américaine. Son influence totale, économique, politique, spirituelle même, est ressentie dans chaque ville, dans chaque parlement d’État, dans chaque bureau du gouvernement fédéral, (…) dans les assemblées du gouvernement, nous devons nous garder de toute influence injustifiée, qu’elle ait été ou non sollicitée ou exercée par le complexe militaro-industriel. Le risque potentiel d’une désastreuse ascension d’un pouvoir illégitime existe et persistera. Nous ne devons jamais laisser le poids de cette combinaison mettre en danger nos libertés et nos processus démocratiques ».

Au-delà des deux pouvoirs dénoncés par l’ancien général Eisenhower, le pouvoir oligarchique américain comprend d’autres acteurs. Figurent ainsi les banques dont le rôle politique international est immense (Goldman Sachs ou Morgan), les grands media et de puissants groupes de pression universitaires. Ces différents protagonistes ont tout avantage à s’opposer à la liberté d’expression à chaque fois que leurs intérêts sont en jeu.

À l’issue de cet ensemble d’observations, il convient d’examiner ce que sont les normes juridiques et morales aux États-Unis.

Les règles et les valeurs dans un pays de plus en plus divisé

Juridiquement, la liberté d’expression repose sur le premier amendement à la constitution, inscrit dans le « bill of rights » (déclaration des droits) de 1789. « Le Congrès ne fera aucune loi relative à l’établissement d’une religion ou à l’interdiction de son libre exercice, ou pour limiter la liberté d’expression de la presse ou le droit des citoyens de se réunir pacifiquement ou d’adresser à l’État des pétitions pour obtenir réparation ».

Un exemple relativement récent et assez extrême du point de vue de l’exercice de la liberté d’expression est l’arrêt Texas contre Johnson rendu par la Cour suprême en 1989, relatif à l’outrage au drapeau. En l’occurrence, brûler l’emblème national a été considéré comme une manifestation de la liberté d’expression en vertu du Premier amendement. Toute réglementation visant à réprimer ce type d’offense était donc contraire à la Constitution. À la suite de la décision de la Cour suprême, le Congrès adopta la même année le Flag Protection Act, mais la Cour par un nouvel arrêt du 11 juin 1990 maintint sa décision initiale.

Cette tolérance face à la libre expression des opinions est ancrée dans les mentalités. Milton Friedman dit un jour à Ivan Blot, lors d’une rencontre à San Francisco : « Je suis juif et je n’accepte pas vos lois françaises dites antiracistes qui limitent la liberté d’expression. On a le droit de ne pas aimer telle ou telle ethnie. Mais on n’a pas le droit de frapper quelqu’un : pour cela, le code pénal suffit et il n’y a pas besoin de lois spécifiques ». Ivan Blot lui répondit : « Venez dire cela en France à la télévision ! » ; « Ah, non ! répond-il, car je ne veux pas ne plus être invité dans votre pays ». Ce dialogue illustre la pratique de l’autocensure chez un libéral convaincu !

Si ces assises juridiques et intellectuelles sont importantes, elles ne constituent pas, pour autant, un absolu. Certes, la liberté est la première valeur proclamée aux États-Unis mais il peut être accordé à d’autres valeurs une force supérieure. Longtemps, ce fut le cas du droit de propriété invoqué pour maintenir l’esclavage. Ainsi, l’une des raisons de la guerre d’indépendance tient à l’affaire James Sommerset, un esclave fugitif qui avait échappé à son maitre lors d’une escale aux îles britanniques. Lord Mansfield, chief justice, saisi de ce cas donna raison au fugitif en 1772 et proclama sa liberté au nom de la Common Law. Dès lors, il y eut une grande crainte en Amérique de voir cette jurisprudence traverser l’Atlantique. La guerre d’indépendance éclata en 1775.

Aujourd’hui, comme valeur, l’égalité semble plus importante que la liberté. Ainsi la Cour Suprême a interdit les prières à l’école publique. Ainsi également, en 2013, les autorités de l’université publique de Sonoma en Californie demandèrent par deux fois à Audrey Jarvis, une étudiante, de cacher le crucifix qu’elle portait. Mais, dans ce dernier cas, cela échoua. Un arrangement fut conclu par l’intermédiaire du Liberty Institute qui rassemble un groupe d’avocats conservateurs travaillant à « la restauration de la liberté religieuse à travers l’Amérique » et des excuses formelles furent présentées à la jeune fille.

Par ailleurs, il faut souligner que le premier amendement ne s’applique qu’aux autorités publiques, en revanche le secteur privé peut s’opposer à la liberté d’expression.

Gertrud Himmelfarb a montré dans son livre « One nation, two cultures » que le consensus américain autour des traditions chrétiennes et de la liberté s’est brisé dans les années soixante. Il en résulte des évolutions profondes par rapport aux principes qui dominaient jusqu’alors. Un exemple parmi d’autres qui illustre ce mouvement est la décision de la Cour suprême rendue le 27 juin 2005 qui déclare inconstitutionnel l’affichage des dix commandements dans les tribunaux de McCreary et Pulaski (Kentucky). Curieusement, la même Cour Suprême a rendu le même jour une autre décision (Van Orden v. Perry) qui déclare constitutionnelle la présence des dix commandements dans le parc du capitole du Texas.

Dans certaines universités règne une véritable dictature du politiquement correct. Ce terme signifie « linguistiquement correct » au regard des mœurs et des opinions dominantes. Au nom de cette posture intellectuelle, une lutte est menée contre tout ce qui est considéré comme des inégalités, sauf celle due à l’argent. Cette lutte anime les mouvements féministes, homosexuels et multiculturels. Le but est de changer les rapports sociaux. L’idée dérive du marxisme-léninisme et de la révolution bolchevique de 1917. La gauche américaine s’en empara vers 1980. La ligne idéologique suivie par celle-ci s’explique par le caractère essentiel du politiquement correct qui place l’égalité au-dessus de la liberté.

La technique et l’économie au service du Gestell

L’affaire Snowden témoigne de l‘usage fait par les États-Unis de la technique moderne à travers la mise en œuvre d’un système d’espionnage de leurs alliés d’une amplitude jusqu’alors jamais atteinte. Cet espionnage, par toutes ses implications, constitue, à l’évidence, une limite à la liberté d’expression. Plus largement, sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme, l’Amérique a développé un réseau de surveillance mondial.

Quant à l’emprise économique, les pressions qu’exercent les oligopoles américains jouent un rôle considérable. Le domaine du cinéma et la toute-puissance de Hollywood représentent, à cet égard, un bon exemple. Un bon film russe, allemand ou français n’aura jamais la campagne de lancement commerciale d’un film américain, souvent teinté de propagande.

La politique impériale et ses conséquences

En 2013, Chuck Hagel, secrétaire à la Défense, a mis en garde contre un retour de « l’isolationnisme » parmi la population américaine. Selon un sondage du Wall Street Journal, 47% des Américains souhaitaient que l’Amérique s’impliquât moins dans les affaires internationales.

Aujourd’hui, le budget de la défense des États-Unis représente globalement 40% des dépenses militaires mondiales et 400 000 soldats américains sont cantonnés ou interviennent dans près de cent pays.

Les objectifs assignés à la politique extérieure des États-Unis ont été précisément exposés par Zbigniew Brzezinski dans son livre Le grand échiquier publié en 1997. Leur réalisation nécessite d’éradiquer le sentiment patriotique chez les concurrents possibles, de faire disparaître le sens des traditions chez les autres, mais aussi aux États-Unis où les vieilles traditions américaines doivent être idéologiquement rejetées, et d’abattre les valeurs réellement démocratiques, notamment le recours au référendum comme on l’a vu récemment en Ukraine.

La libre expression s’oppose à ces trois axes que fixe Brzezinski. Alors, pour leur aboutissement, on use plutôt de moyens indirects : monopoles financiers, surveillance par les services secrets, tribunaux, media et milieux académiques militants, idéologie des droits de l’homme.

En réalité, nous assistons dans ce cadre impérialiste à une colonisation de l’Europe comme Ivan Blot l’analyse dans son livre L’Europe colonisée.

La colonisation de l’Europe par les États-Unis

Cette colonisation prend quatre formes : l’exploitation économique, l’invasion migratoire, l’inféodation politique et l’aliénation culturelle et spirituelle. La réflexion présente touche principalement à ces deux derniers aspects.

L’inféodation de l’Europe

Elle est menée par le moyen de grandes organisations internationales comme l’Union européenne et l’OTAN.

Elle aboutit, sur le plan politique, à la perte de souveraineté des nations européennes. Lors d’une rencontre entre les présidents Poutine et Hollande au début du mandat de ce dernier, le président russe a expliqué qu’il n’avait pas parlé des missiles anti-missiles avec le président français car celui-ci avait perdu sa liberté de décision au profit de l’OTAN. D’un point de vue théorique rien n’interdirait au président Hollande de défendre une politique différente de celle des États-Unis mais cette politique, dans ce contexte, s’avérerait inopérante. En pratique, le président français ne prononcera aucune parole allant à l’encontre des intérêts américains en la matière. La France est ainsi « satellisée » comme l’était, par exemple, la Pologne du temps du Pacte de Varsovie. Cela vient de ce que les socialistes en France ont pris l’habitude de l’allégeance depuis l’époque de la guerre froide. L’Europe se trouve ainsi soumise aux États-Unis. En témoigne aussi le fait que plusieurs commissaires de la Commission européenne ont fait une carrière dans des banques américaines et sont liés à des intérêts financiers américains puissants.

L’aliénation culturelle

Le plus grave est sans doute l’aliénation culturelle dont le résultat pour les européens est une perte de conscience de leurs intérêts. Il n’y a plus d’éducation patriotique, fleuron de la troisième République. Les media répandent toutes les faces de la pensée du politiquement correct totalement en phase avec le dessein américain de mainmise sur l’Europe. Par exemple, la théorie du genre développée dans certaines universités américaines est enseignée dans des établissements d’enseignement français, notamment à Sciences Po.

Dans son livre, Le temps des décisions, Hillary Clinton, l’épouse de l’ancien président américain, demande que la théorie du genre soit intégrée dans les législations de tous les pays du monde et que toute discrimination des minorités sexuelles soit interdite et même punie au niveau international.

La révolte de mai 68 dont les conséquences culturelles et « sociétales » furent particulièrement importantes émane des États Unis et son inspirateur, le philosophe Herbert Marcuse a vécu et enseigné en Californie. Deux de ses livres ont eu beaucoup d’influence dans le milieu des étudiants : Eros et civilisation qui est une synthèse de Marx et de Freud et L’homme unidimensionnel. Dans ce dernier livre, Marcuse met en avant le rôle des minorités ethniques et sexuelles et celui des intellectuels pour renverser le pouvoir répressif. En ce sens, il est ouvertement antidémocrate. Il s’agit d’obliger la majorité du peuple à adopter les exigences des minorités « libératrices ». Ces minorités, étant par essence minoritaires, ont intérêt à confisquer à leur profit la liberté d’expression. Ainsi, la censure existe mais elle prend une nouvelle forme, la capture de la liberté d’expression par les minorités « émancipatrices ».

Marcuse est reparti en Allemagne où il est mort en 1979, en Bavière. Le transfert, en 2003, de ses cendres à Berlin pour qu’il repose près de la tombe de Hegel est bien le reflet de la colonisation culturelle de l’Allemagne !

La capacité créative des Allemands dans les domaines des sciences humaines et de la philosophie est d’ailleurs aujourd’hui limitée du fait de la domination exercée par cette pensée politiquement correcte venue des États-Unis. Au reste, on a pu dire que l’URSS avait « colonisé » les corps mais que les États-Unis avaient « colonisé » les âmes.

Un autre domaine où s’exerce aussi la censure est celui de l’art. Gabriela, la fille de l‘archiduc Otto de Habsbourg, est sculpteur. Un jour, elle a montré à Ivan Blot une tête de Socrate qu’elle avait sculptée dans sa jeunesse. Brusquement inquiète, elle a alors dit : « Ne dites jamais à personne que j’ai fait des sculptures figuratives autrefois, ou dites que j’étais obligée comme étudiante ! ». Une telle remarque atteste du climat d’autocensure qui prévaut aujourd’hui. L’emprise de l’art contemporain non figuratif est aujourd’hui une illustration de la suprématie exercée par l’Amérique et le centre de la domination mondiale pour cet art réside à New York.

Autre exemple, celui de Daphné du Barry, un sculpteur figuratif chrétien, qui a raconté à Ivan Blot comment elle fut évincée d’un projet touchant la place de Mexico à Paris par l’alliance de Jacques Chirac et de Bertrand Delanoë. Une colonne de métal a été édifiée sur cette place contre la volonté des habitants du quartier !

Aujourd’hui, l’art contemporain non figuratif (ce qui permet d’effacer le visage humain) est devenu l’art officiel dans les cabinets ministériels. Quand on parle d’art officiel, les responsables poussent des hauts cris mais c’est bien de cela qu’il s’agit.

Un autre sculpteur Serge Bloch, disciple du classicisme grec, décrivit à Ivan Blot la terreur qui régna à l’École des Beaux-Arts en mai 68. Le directeur fit envoyer de nombreuses sculptures en banlieue pour éviter qu’elles soient vandalisées. Le comité des étudiants révolutionnaires affronta les camionneurs à qui le déménagement avait été confié ! On voit bien dans cet exemple que ce sont les privilégiés qui imposent leurs normes au peuple : la nouvelle révolution venue d’Amérique est d’essence oligarchique.

Nous sommes donc, dans ce domaine, arraisonnés par le Gestell américain. Un système est en place avec son socle économique spéculatif, ses normes autoritaires (d’origine non étatiques), ses acteurs qui forment un milieu fermé et sectaire et son dessein qui est de faire disparaitre la représentation du monde, notamment de l’homme, au profit d’abstractions censées avoir une valeur universelle. Ce système proche du totalitarisme est beaucoup plus subtil que les vieilles censures d’autrefois. Et il est sans doute plus efficace.

Conclusion : revenir à la démocratie directe

On est parti du Gestell et on y revient. En effet, le processus de colonisation par l’Amérique, et notamment de la colonisation des esprits qui évite l’usage d’une censure externe, relève d’un système tout entier. Les outils du système (interventions d’ambassadeurs, espionnage de la CIA, pressions économiques comme celles exercées sur la BNP, etc.) peuvent être variés. Les élites européennes sont largement sous l’emprise américaine et elles ont intérêt à favoriser l’oligarchie au pouvoir. On le voit bien dans le cas de la Suisse. Ce petit pays est soumis à des pressions juridico-financières de la part des États-Unis qui veulent donner des ordres aux banquiers suisses ou affaiblir la concurrence qu’ils représentent. Il faut noter que l’image de la Suisse est très mauvaise du fait de la pratique de la démocratie directe qui lui permet de sauver l’essentiel de sa souveraineté.

L’oligarchie politique suisse cherche à calmer les Américains, ce qu’elle fait par ses déclarations ou ses actes défavorables aux Russes. Ainsi, elle a décidé de limiter le placement des titres de cinq principales banques russes. Ce genre de mesures ne peut pas faire l’objet de référendums.

Dans les phénomènes de colonisation, les élites du pays colonisé collaborent beaucoup avec le colonisateur. C’est ce que nous voyons ici. C’est pourquoi pour défendre la liberté d’expression, il faut commencer par permettre au peuple de s’exprimer librement par les référendums d’initiative populaire.

Ivan Blot

Ivan Blot

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