Il y a cinq ans, Polémia, sous la plume de Jean-Henri d’Avirac était le premier média à envisager la victoire d’Emmanuel Macron à la présidentielle de 2017. À contre-courant des commentaires du moment, Jean-Henri d’Avirac récidive sur un pronostic similaire, dans une vision pour l’heure assez iconoclaste et dont chacun mesure, y compris l’auteur, la fragilité compte tenu de l’extrême versatilité de l’électorat et de l’imprévisibilité des événements politiques ou sanitaires pouvant surgir à dix mois du scrutin. Polémia
Pourquoi paradoxalement le résultat des régionales et départementales n’est pas une si mauvaise nouvelle pour la Macronie
Derrière le taux record d’abstention se cache une démobilisation de la protestation, engluée dans une apathie hédonique post-Covid, mélange de résignation et de recentrage individualiste. Va pour un pot en terrasse pour retrouver un minimum de sourire et d’expérience sociale mais le combat politique ne trouve plus un gramme de testostérone, d’envie, d’idée. Tout se passe comme si les confinements successifs avaient stérilisé les cerveaux et avaient eu raison des dernières sentinelles de notre sens critique. Le psychodrame du pass sanitaire ravivera-t-il la rébellion ? Il est permis d’en douter… Dans tous les cas de figure, l’issue ne peut qu’être favorable au pouvoir.
La Macronie avait de toute façon anticipé cette gifle électorale, qui n’est en réalité qu’une petite claque mollassonne administrée à LREM toujours dépourvue de colonne vertébrale.
Rien de très perturbant pour un président sortant qui, pour le scrutin suprême, n’a aucune intention de lier son sort jupitérien à ce fan-club peu fiable… Son programme pour 2022, c’est lui et rien d’autre.
Très excitants pour lui en revanche, ces plateaux télé où les partis du « monde d’avant », PS et LR en tête, se sentent à nouveau pousser des ailes, sur fond de faibles performances écologistes, de déliquescence des représentations populistes… Le bis repetita est à portée de main, l’expérience en plus.
Le plus toxique et le moins ringard des candidats : avec de tels adversaires, Macron n’a pas besoin d’amis
Impopulaire, vous avez dit impopulaire ? Avec 40 % de popularité, notre Emmanuel 2 ferait bien des jaloux chez ses prédécesseurs ou même chez ses concurrents !
Voilà un homme qui aura à peu près tout raté : dès les premiers temps, sa communion de monarque républicain avec le peuple ; ses réformes promises et jamais mises en œuvre ; le cocktail sanitaire calamiteux depuis le début de la crise (masques, tests, tracking, autotests, vaccins…) ; il aura sacrifié la jeunesse sur l’autel des EHPAD et poursuivi le déclassement de la France, dégradé la figure du président, devenu groupie de drag queens ou de McFly, star du « en même temps » et de l’autocontradiction ; il aura enfin laissé s’installer un peu plus encore le Grand Remplacement doublé d’une grande insécurité sur nos territoires. Contre le peuple, il aura favorisé les thématiques sociétales portées par les minorités (LGBT…), fabriqué des comités Théodule contre les islamistes qui en rigolent encore.
Le virus de la mondialisation est bien toujours à l’œuvre dans les stratégies de ce VRP du Système, qui a bien compris qu’il s’adressait à un homo consumens avant de s’adresser à un citoyen !
Le retour de la sacro-sainte croissance (une prévision à plus 5,5 % du PIB dès cette année) fera illusion jusqu’à la présidentielle après laquelle il nous faudra bien débrancher les perfusions d’argent public.
Consommateurs d’images, nos compatriotes auront à choisir entre un Macron pur beurre, pêchu, expert, l’œil clair, capable d’un semblant de clairvoyance, d’envolées lyriques et de promesses insolites, et sa version « monde d’avant » : Xavier Bertrand, le macroniste centre droit en mode nain de jardin avec sa tenue de maçon parti en guerre contre l’extrême droite présentée comme l’enfer sur terre (son « unique ennemi » !), faisant de fait de sa pseudo-droite une sorte de purgatoire nous invitant déjà subliminalement au ralliement à la Macronie.
L’électeur ne devrait pas échapper au spectacle pathétique du tout à l’ego à droite dans un match fratricide Pécresse/Bertrand/Wauquiez/Barnier… qui s’annonce aussi palpitant qu’une compétition de ball-trap.
Autre motif de satisfaction pour la Macronie, l’effondrement (provisoire) des populismes, depuis le RN (non dédiabolisé mais déradicalisé, normalisé, lyophilisé, pasteurisé) jusqu’à LFI (islamo-gaucho-LGBTO-écolo) ; ceux-ci entrent désormais en dormition… avec en prime, pour les promoteurs d’Emmanuel 2, la délicieuse perspective de revivre un débat Macron/Le Pen en version estocade si et seulement si Mister Z ne vient pas troubler le jeu.
Et de réactiver avec moult soutiens le spectre toujours opérationnel de la droite extrême, de la bête immonde et des « heures les plus sombres de notre histoire »… un peu comme si l’OMS lançait aujourd’hui une fatwa contre la peste bubonique… Anecdotique, manipulatoire, anachronique, pathétique !
Toutefois, l’amateurisme des opposants à la fois non crédibles, peu rigoureux et excités devrait suffire à valoriser l’expérience de Jupiter sans usage démesuré d’artifices diabolisateurs.
Scander un pass sanitaire pour faire diversion, instiller au bon moment l’euphorie de la libération, se prévaloir d’une reprise économique jusqu’en 2022… Une stratégie qui pourrait bien s’avérer payante
Le président sortant nous impose déjà ses thèmes et son tempo.
Au moment où s’écrivent ces lignes, nul doute que la fine équipe déjà à la manœuvre en 2016 avec le renfort de la Fondation Jean Jaurès, des équipes élyséennes et des marqueteurs du digital travaillent avec délectation à la stratégie et aux éléments de langage… du billard avec de pareils ennemis : Marine fustigeait une grippette instrumentalisée en janvier 2020, regrettait le peu de mesures mises en place en septembre 2020, avant de rejoindre « philosophiquement » les positions de Francis Lalanne et de Jean-Marie Bigard sur le pass sanitaire, oubliant une fois encore ses combats principaux… On se pince ! Mélenchon, lui aussi en perte de vitesse, cherche toujours une cohérence entre la défense des minorités de tout poil et l’ADN de la gauche qui a désormais oublié le peuple et se raccroche à ses vieilles lunes telle Audrey Pulvar qui fait de Valérie Pécresse une véritable Eva Braun pour avoir osé participer à la Manif pour tous !
Quant aux écolos d’EELV devenus bâtisseurs de mosquées, ils fustigent les sapins de Noël à Bordeaux ou le Tour de France à Lyon. Sans commentaire.
« La maison brûle et on regarde ailleurs », aurait dit le pyromane Chirac. On regarde aujourd’hui une pseudo-« dictature sanitaire » alors que la dictature du marché tisse sa toile, on pointe du doigt le totalitarisme vaccinal du chef de l’État dont il finira par tirer un certain bénéfice politique en oubliant de dénoncer par exemple l’incroyable dissolution du mouvement Génération identitaire, décision digne de la Corée du Nord car sans l’ombre d’un dossier à charge. On crie au loup pour rien, on mélange allègrement opposition à l’idéologie du progrès et archaïsme, sens critique et paranoïa (voir l’excellent article de Mathieu Bock-Côté dans Le Figaro : « Les antivax ou l’esprit critique devenu fou »).
Combien de temps nous faudra-t-il pour comprendre que ceux qui font d’un vaccin (testé depuis un an et inoculé trois milliards de fois avec moins d’effets secondaires qu’un comprimé de Doliprane) le plus grand danger de notre époque sont finalement du même tonneau que ceux qui voient dans l’attentat du 11 Septembre un mauvais coup de la CIA, dans les fours crématoires de Dachau des fours à pizza kasher et dans la conquête spatiale un jeu vidéo savamment et secrètement concocté par la NASA.
Emmanuel Macron avec de tels idiots, finalement très utiles à son jeu, va parvenir à nous faire oublier les vrais sujets qui fâchent et dont il n’a vraiment pas envie de parler dans son bilan. Il pourra même s’offrir le luxe d’apparaître comme un véritable chef de guerre dans cette crise pourtant si mal gérée. Une fois l’immunité collective acquise et le retour aux libertés acté, il pourrait bien accessoirement jouir de ce petit supplément d’image du patron qui sait prendre au bon moment de grandes décisions même impopulaires.
La nature a horreur du vide, le vide par trop-plein de candidats, le vide des candidats eux-mêmes. Dès avril 2020 nous évoquions dans les colonnes de l’Iliade la possibilité pour un président zombie d’être élu sur un champ de ruines… Ruinés, les capacités cognitives de nos concitoyens et leur sens critique, résignés, fatalistes, désactivés jusque dans leur instinct de survie et leur sentiment d’appartenance, tétanisés par l’idée de la mort jusqu’à s’empêcher de vivre. Emmanuel 2 sera peut-être notre ultime contribution à l’effondrement de notre civilisation et nous serons tous coupables de ne pas avoir su forger face à ce péril une opposition crédible, et la perspective d’une véritable renaissance.
Jean-Henri d’Avirac
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