Jean-Yves Le Gallou, homme politique, fondateur et président de la Fondation Polémia
♦ Nous vivons dans une dictature médiatico-judiciaire. Les juges exercent un pouvoir de contrôle considérable sur les lois. Ils pèsent aussi sur le choix des élus en cadençant certaines actions judiciaires sur le calendrier électoral.
Or les juges ne sont pas de « purs esprits » : ils ont des engagements – politiques, syndicaux, associatifs, voire commerciaux – que les justiciables et les citoyens sont en droit de connaître. Ce qui conduit Jean-Yves Le Gallou à proposer la mise en place d’une Haute Autorité de la transparence judiciaire. Voici l’entretien accordé au journal Présent du 12 avril.
Polémia.
Présent : Affaires Fillon, affaires Le Pen… Comment expliquez-vous une telle prédominance du système judiciaire dans cette campagne électorale ? Sommes-nous sous la coupe d’un gouvernement des juges ?
J.-Y. Le Gallou : Le gouvernement des juges existe, sous un nom de comédie, « l’Etat de droit ». Il n’y a plus de séparation des pouvoirs. Les juges ont accaparé le pouvoir législatif en surinterprétant des textes généraux : sur l’immigration ce sont eux qui font les lois, comme l’a d’ailleurs officiellement reconnu en 2013 Vincent Lamanda, à l’époque premier président de la Cour de cassation. Sur l’immigration les juges ont aussi accaparé le pouvoir exécutif en accordant aux étrangers des permis de séjour ou en refusant aux préfectures des décisions d’expulsion. Il n’y a plus de séparation des pouvoirs. Montesquieu doit se retourner dans sa tombe ! Et maintenant les juges s’arrogent le droit de présélectionner les candidats à l’élection présidentielle en organisant un double feuilleton médiatico-judiciaire contre François Fillon et Marine Le Pen. Avant, les juges suspendaient leurs actions contre des candidats pendant les élections ; là, ils les programment. C’est hallucinant.
— Vous avez émis l’idée d’une Haute Autorité de la transparence de la magistrature. En quoi cela consisterait-il ?
Les juges ne sont pas de purs esprits : ils ont un cursus, ils ont un passé, ils ont des engagements. Compte tenu de l’immensité de leurs pouvoirs, ils devraient subir les mêmes exigences de transparence que la classe politique. Les Français ont le droit de savoir qui rend la justice en leur nom.
Une Haute Autorité de la transparence de la magistrature devrait permettre à chaque justiciable de connaître nominativement et sur un simple clic :
-le déroulement de carrière des magistrats ;
-leur appartenance syndicale, politique, philosophique et associative ;
-leurs interventions, gratuites ou rémunérées, dans des écoles, des colloques ou des symposiums.
Cette Haute Autorité devrait aussi permettre à chacun d’accéder sur Internet aux jugements rendus pat les magistrats, à leurs attendus et à leur révision éventuelle en Cour d’appel ou en cassation.
Cette Haute Autorité devrait concerner les magistrats judiciaires comme les juges administratifs.
— Comment expliquez-vous, alors qu’il existe une Haute Autorité pour la transparence de la vie publique suite à l’affaire Cahuzac, que la même chose n’ait pas été envisagée encore pour la justice [surtout depuis le Mur des cons…] ?
Le système politiquement correct repose sur 3 piliers :
-l’abaissement du pouvoir politique, car les élus dépendent plus ou moins du peuple ; ils sont donc potentiellement dangereux pour les oligarchies financières et les lobbys puissants ;
-la sacralisation du pouvoir judiciaire qui interprète à sa guise – et de façon conformiste – des textes généraux ;
-l’immunité des médias, incritiquables par principe.
— Des principaux concernés, quel(s) candidat(s) serai(en)t le mieux à-même de mettre ce système en place ?
Le meilleur, je ne sais pas.
Le pire candidat c’est incontestablement Emmanuel Macron. Il n’a pas de programme mais il a un projet : paraître mais ne rien changer ; parader mais laisser gouverner les mêmes qu’aujourd’hui, les forces économiques et financières et les juges, sous l’œil bienveillant des médias.
Cela étant, si François Fillon ou Marine Le Pen était élu(e), il/elle se heurterait immédiatement à deux pouvoirs hostiles : les juges et les médias. D’autant qu’il n’y a pas grand-chose de consistant dans l’un ou l’autre de leur programme sur ces sujets. En revanche les gouvernements polonais et hongrois se sont donné les moyens d’agir – sans sortir de l’Union européenne – mais en rétablissant le pluralisme médiatique et en révisant leurs mécanismes constitutionnels.
Jean-Yves Le Gallou
Propos recueillis par Louis Lorphelin
12/04/2017
« Les juges ne sont pas de purs esprits », Présent, n° 8840 du 12/04/2017, p. 4.
Voir aussi : https://www.polemia.com/nous-sommes-dans-une-dictature-mediatico-judiciaire/
Image : La Cour de cassation, une audience d’installation
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