Dans une tribune parue dans Le Monde, le président de la Licra, Mario Stasi (un nom qui ne s’invente pas), affirme que la suppression du mot « race » de notre Constitution est un impératif moral. Répondons-lui par une simple information, trop peu connue : en dépit du nazisme, l’ONU n’a pas abrogé le concept de race. Il en propose même une définition !
Quatre définitions successives des races par l’ONU
En voici la première, formulée par l’Unesco (organe de l’ONU dédié à l’éducation, la science et la culture), en juillet 1950 :
« Du point de vue biologique, l’espèce Homo sapiens se compose d’un certain nombre de groupes, qui diffèrent les uns des autres par la fréquence d’un ou de plusieurs gènes particuliers. […] Une race, biologiquement parlant, peut donc se définir « comme un groupe parmi ceux qui constituent l’espèce Homo sapiens. »
Puis, en juin 1951 :
« Les anthropologues sont tous d’accord pour considérer la notion de race comme permettant de classer les différents groupes humains dans un cadre zoologique propre à faciliter l’étude des phénomènes d’évolution. Au sens anthropologique, le terme « race » ne doit être appliqué qu’aux groupes humains qui se distinguent par des traits physiques nettement caractérisés et essentiellement transmissibles. »
En août 1964 (quatrième et dernière déclaration à ce sujet), l’Unesco reconnaît toujours « diverses subdivisions de l’humanité en grand-races » – tout en affirmant le caractère mouvant et imprécis des frontières raciales.
Enfin, la dernière déclaration remonte à 1967. Elle se fait plus hésitante et hypocrite, mais sans aller jusqu’à abolir la notion de race : « De nombreux anthropologues soulignent l’importance de la variabilité humaine mais pensent que les divisions « raciales » ont un intérêt scientifique limité et qu’elles risquent même de conduire à une généralisation abusive. »
Mais si l’ONU reconnaît – de moins en moins explicitement – l’existence des races, sa priorité est d’abattre les « théories racistes ».
L’impact du traumatisme de la seconde guerre mondiale
Selon André Pichot, épistémologue au CNRS et auteur du livre La société pure, de Darwin à Hitler, l’Unesco s’est bornée « à réunir d’éminents spécialistes, et à leur demander de déclarer que ce qui était scientifique en matière de races avant la guerre ne l’était plus après ».
Oril souligne qu’« il n’y avait aucune étude nouvelle pour justifier ce retournement : du point de vue scientifique, la race d’après guerre était exactement la même que celle d’avant guerre. Ce n’est donc pas la science qui a imposé le changement de discours, c’est Auschwitz. »
Ainsi, lorsque l’Unesco déclare, en 1950, que les races sont intellectuellement égales entre elles, les plus courageux des biologistes font remarquer qu’une telle affirmation ne se fonde sur aucune étude scientifique.
Relevons par ailleurs le caractère bancal de la stratégie antiraciste onusienne, qui l’expose à un effet boomerang : il suffirait de démontrer – ce qui, par ailleurs, a déjà été fait – que les capacités intellectuelles sont variables d’une race à l’autre pour que le racisme retrouve toute sa légitimité. Il aurait été plus habile de se contenter d’affirmer que les races sont égales en dignité.
Romain d’Aspremont
01/07/2018
Source : Correspondance Polémia
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