Par Étienne Tarride, avocat ♦ Dans ce court texte humoristique, Étienne Tarride souligne avec beaucoup d’ironie les dangers de l’archivage intégral de notre existence virtuelle et les exploitations douteuses qui pourraient en découler en cas d’une perquisition. Un texte drôle mais qui, en ces temps troublés de radicalisation autoritaire du pouvoir en place et de traque des propos politiquement incorrects, laisse à réfléchir…
Polémia
Amis, Compagnons Camarades et Confrères
A la suite d’un délit qui m’est reproché et dont je vous assure que je suis innocent, j’ai fait l’objet d’une perquisition ordonnée par le parquet et validée sans que j’en sache rien par un Juge des Libertés et de la Détention qui ne m’a évidemment pas entendu.
Si je vous parle de cette perquisition, c’est parce qu’elle vous concerne puisque le disque dur de mon ordinateur a été saisi, que je n’ai plus la moindre idée de ce qui a pu être effacé et de ce qui est toujours lisible, et que le parquet ne m’a pas proposé de signer une liste des courriels saisis.
J’ai écrit à l’un d’entre vous que mon voisin de palier était cocu. Je le remercie de rester très discret si la police lui demande comment j’ai pu le savoir.
Ma femme m’a un jour envoyé un courriel depuis la rue du marché pour me demander si je préférais qu’elle prenne du raisin blanc ou du raisin noir. Je lui ait bêtement répondu : « J’ai toujours préféré le blanc, le noir me fait vomir. » Chacun d’entre vous pourrait être interrogé sur sa complicité de provocation à la haine raciale.
Enfin, et c’est plus grave, l’un de mes correspondants habituels m’a un jour écrit : « Macron c’est tout de même pas Napoléon. » S’il est poursuivi pour outrage au chef de l’Etat, qu’il me pardonne.
Etienne Tarride
27/10/2018
Source : Correspondance Polémia
Crédit photo : Domaine public, via PixaBay