L’événement des municipales de mars 2014 c’est avant tout la percée du Front national : « Le Front national est devenu une grande force autonome, plus seulement nationale mais aussi locale. » (Marine Le Pen, présidente du FN, 23/03/2014).
1. Chiffres
- 597 listes présentes ;
- 7% des suffrages exprimés en ne présentant des listes qu’à un tiers des Français ;
- 330 listes qualifiées au second tour (au lieu de 115 en 1995, record précédent) ;
- 114 triangulaires, 77 quadrangulaires, 22 pentagulaires dans les villes de plus de 30.000 habitants, ;
- 1 ville déjà conquise : Hénin-Beaumont ;
- en tête dans 17 communes de plus de 10.000 habitants (y compris Avignon, « ville de culture et de métissage » selon le Dauphiné libéré) et 7 communes de moindre taille ;
- 5 à 10 victoires possibles supplémentaires ;
- un quasi-raz de marée – 45% pour Robert Ménard – à Béziers, ville de 77.000 habitants.
2. La fin du théâtre de la bipolarisation
Marine Le Pen a raison d’affirmer : « C’est la fin de la bipolarisation de la vie politique en France ». Les électeurs comprennent progressivement que l’alternance UMP/PS est une fausse alternance théâtralisée : les plus lucides des électeurs (lorsqu’ils en ont la possibilité, là où le FN a pu aligner des candidats crédibles) se portent alors vers l’offre politique nouvelle. Ce n’est que le début d’un processus : celui de la découverte que le système UMPS est clos et qu’il ne peut changer rien de fondamental.
3. L’émancipation transgressive des électeurs des canons du politiquement correct
Hors la présence de Marion Maréchal Le Pen, le Front national a été relativement discret lors des manifestations anti-loi Taubira. Mais celles-ci ont beaucoup décomplexé l’opinion tant par le fond que par la forme prise par les protestations contre le pouvoir. Les comportements transgressifs des manifestants ont ouvert la voie au comportement transgressif des électeurs. Localement de nombreuses têtes de liste RBM ont signé la charte de la Manif pour tous, s’ouvrant ainsi les faveurs d’un électorat nouveau.
4. L’usure des procédés de diabolisation
Le processus de diabolisation fonctionne moins bien : d’abord, parce que la ligne Marine/Philippot le rend plus difficile à mettre en œuvre ; mais aussi, et surtout, parce que l’antinazisme quotidien (à travers les documentaires et surtout les fictions) finit par lasser 70 ans après la fin de la seconde guerre mondiale – et qu’il est malgré tout difficile de faire croire que c’est Hitler qui est responsable du chômage en France en 2014. L’affaire Dieudonné – qui n’a pas touché que les milieux de l’immigration – a aussi contribué à décomplexer de nombreux jeunes électeurs. En défendant, non le fond des propos de l’humoriste, mais le principe central de la liberté d’expression, les dirigeants du FN ont fait un choix courageux et utile sur le long terme.
Quant à la forme, les vieilles recettes des diabolisateurs peinent à se renouveler : le bus des jeunes socialistes, de l’UEJF et de SOS-Racisme qui va visiter les villes susceptibles de basculer vers le FN a un fort parfum des années 1980 : l’imagination n’est plus au pouvoir chez les socialistes et les communautaristes !
Le refus du front républicain par l’UMP révèle d’ailleurs les limites du processus de diabolisation. Tout comme l’affirmation, dimanche 23 mars sur France 3, de Bruno Lemaire à Marine Le Pen : « Vous êtes dans le jeu démocratique ».
5. La décrédibilisation des médias
Libération (de moins en moins de lecteurs !) titre le 24 mars : « Peur sur les villes » mais cela n’effraye plus grand monde… Sur France 3, lors de la soirée électorale, les présentateurs interrogeaient leurs invités en boucle : « FN, à qui la faute ? ». Seulement voilà : les électeurs savent de plus en plus qu’il s’agit non de médias d’information mais de médias de propagande. Selon un sondage IPSOS, 72% des sondés estiment que les journalistes sont « coupés des réalités et ne parlent pas des vrais problèmes des Français », 73% pensent qu’ « ils ne sont pas indépendants » et « ont tendance à céder aux pressions du pouvoir politique », et 58% considèrent qu’ « ils font mal leur travail ». https://www.polemia.com/comment-abattre-la-tyrannie-mediatique/
Bref, on peut compter sur les médias de l’oligarchie pour effectuer leur travail de désinformation et de mésinformation mais celui-ci est de moins en moins efficace.
6. L’effort d’enracinement
La percée FN n’a été possible que parce qu’un travail d’implantation a été conduit notamment par le secrétaire général, Steeve Briois, et son adjoint Nicolas Bay. Ils se sont appuyés sur la remobilisation de vieux briscards implantés comme Philippe Eymery à Dunkerque, Jean-Luc Mayennobe à Franconville ou Pierre Chassin aux Mureaux et sur de jeunes pousses talentueuses comme David Rachline, 26 ans, en passe d’emporter Fréjus ou Julien Rochedy, élu à Montélimar. Dans ce dispositif l’Ile-de-France reste un point de faiblesse. Raisons ethniques (le « grand remplacement ») et sociologiques (la « boboïsation ») en sont les causes principales, aggravées sans doute par des problèmes de leadership régional. On observera à cet égard l’écart entre Lyon (12%) et Paris (6%, malgré l’espace à droite laissé disponible par NKM). En Ile-de-France, on notera toutefois le très beau score de Dominique Joly (26%) à Villeneuve Saint-Georges, fruit, lui aussi, d’un long travail d’implantation.
7. L’effort d’ouverture
Le RBM s’est aussi élargi à de nombreux candidats venus d’ailleurs. La solution la plus intelligente a été trouvée à Béziers où Robert Ménard, issu de Reporters sans frontières, a conduit une liste de large union sans concurrence et avec le soutien du FN – une situation qu’il a résumée ainsi : « Je n’ai que 5 FN sur ma liste mais je suis fier de leur soutien ». Une attitude sans complexe qui a porté ses fruits.
Conclusions
Le deuxième tour des municipales se présente donc bien pour le FN malgré la campagne de haine et de dénigrement que les médias de propagande ne manqueront pas d’entretenir. Les élections qui suivront sont aussi prometteuses pour le RBM. Pour autant, il ne faut pas sous-estimer les capacités de défense du Système sur lesquelles Polémia reviendra dès la semaine prochaine. En donnant aussi des pistes de riposte…
Jean-Yves Le Gallou
Polémia
24/03/2014
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