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Panique à Strasbourg : comment empêcher Orbán de présider l’UE en 2024 ?

Panique à Strasbourg : comment empêcher Orbán de présider l’UE en 2024 ?

par | 5 juin 2023 | Europe, Politique

Panique à Strasbourg : comment empêcher Orbán de présider l’UE en 2024 ?

Par Marc Baudriller, directeur adjoint de la rédaction de Boulevard Voltaire ♦ Comme toujours avec les gardiens du camp du bien, leurs grands discours sur la tolérance, l’ouverture et la diversité s’effondrent lorsqu’ils se retrouvent confrontés à une vision politique alternative. Cet article de Boulevard Voltaire, que nous reprenons pour nos lecteurs, nous donne un énième exemple de ce comportement incohérent avec les manœuvres anti-Orbán de la gauche européenne.
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La gauche européenne légaliste et donneuse de leçons, si à cheval sur le respect des institutions, surtout vis-à-vis de la droite nationale, a aujourd’hui des vapeurs. En cause, la présidence tournante de l’Union européenne : elle doit échoir, au second semestre de 2024, à… la Hongrie de Victor Orbán. Fureur, angoisse et tremblement ! Car le pays qui préside l’UE exerce un rôle de coordination majeur et influence les priorités. Orbán à la baguette de l’UE ? Ce sont les règles européennes, les institutions… Normalement, on n’y touche pas. Sauf quand ça dérange le camp du bien.

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Ainsi, le vertueux Parti socialiste européen – celui des députés européens Éva Kaïlí et Marc Tarabella, des anciens députés Pier Antonio Panzeri et Andrea Cozzolino, tous présumés innocents mais tout de même incarcérés ou assignés à résidence pour soupçon de corruption après la découverte de l’énorme système de fraude découvert par la Justice belge au Parlement européen -, ce sympathique parti s’est allié aux macronistes de Renew Europe, aux Verts, à la gauche radicale où siègent les mélenchonistes et même au PPE (droite) pour empêcher le fonctionnement normal de l’institution menant Orbán à la présidence de l’UE. Jamais aucune exception n’avait été faite à la rotation des pays à cette présidence de l’UE, sauf pour le Royaume-Uni en 2017, par cohérence, après le référendum britannique du non à l’Europe en 2016.

Le ministre de la Justice hongrois Judit Varga a beau fustiger la « pression politique » du Parlement et défendre la capacité de son pays à organiser des débats « de bonne foi », comme il l’a fait en 2011, personne ne l’écoute. Ces députés ont ainsi largement adopté en séance plénière, le 1er juin, par 442 voix pour, 144 contre et 33 abstentions, une résolution hostile au fonctionnement normal de l’institution. Ils se demandent comment Viktor Orbán « pourra remplir sa tâche de manière crédible au vu de son non-respect du droit et des valeurs de l’UE » et réclament au Conseil de « trouver une solution dès que possible » pour éjecter la Hongrie.

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Mais voilà, on est en Europe. La résolution votée à grand bruit est dite… « non contraignante ». Le texte n’a aucune portée législative. Les innombrables griefs reprochés au régime hongrois, tous contestés par Orbán – liens avec le Kremlin, corruption systémique (sic), menaces contre les droits LGBT, concentration du pouvoir, etc. -, ne suffisent pas. Orbán n’est sûrement pas irréprochable en tous points mais les règles de fonctionnement de l’UE sont ce qu’elles sont, difficile de les tordre ou de s’en affranchir. « L’idée, c’est de faire pression au maximum, explique à BV le magistrat député européen RN Jean-Paul Garraud (groupe Identité et Démocratie). Les députés hostiles à la présidence hongroise ne peuvent pas violer les traités, mais s’ils le pouvaient, ils le feraient parce qu’ils estiment qu’ils ont la morale avec eux ». À ce stade, la présidence tournante de la Hongrie n’a donc aucune raison de lui échapper.

Derrière cette nouvelle initiative anti-Orbán, la guérilla menée par la gauche européenne franchit néanmoins une nouvelle étape. En décembre 2022, l’UE a réussi à bloquer le versement de 13,3 milliards d’euros du plan de relance européen destinés à la Hongrie. Des fonds gelés tant que le pays d’Orbán n’est pas passé sous les fourches Caudines de « 27 super jalons » imposés par l’Europe, soit autant de réformes. « L’État de droit, c’est pour eux l’état de ceux qui font le droit, c’est-à-dire eux-mêmes », tacle Jean-Paul Garraud. Que le dirigeant hongrois ait été réélu très largement dans son pays avec 53,3 % des voix en avril 2022 ne trouble pas les députés.

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Ce 31 mai, devant le Parlement européen, le même Garraud s’en est donc donné à cœur joie. Il a stigmatisé ce que cette résolution manifeste de mépris des nations : « Nous sommes habitués au chantage financier de Bruxelles vis-à-vis des États refusant ses politiques immigrationnistes, sociétales et va-t-en-guerre, mais cette nouvelle initiative consiste littéralement à bafouer l’esprit des traités et à humilier la Hongrie et son peuple », a-t-il lancé dans l’hémicycle européen, avant d’enfoncer le clou : « L’UE qui s’autoproclame défenseur des traités se prépare à ne pas les respecter quand l’orientation du pays en cause ne lui convient pas. » L’Europe est encore dominée par les partis ennemis des vieilles nations. Jusqu’à quand ? « Ce comportement de type totalitaire n’est plus supportable et les Européens l’ont encore fait savoir en Espagne, a poursuivi Garraud. Bruxelles devrait faire son propre examen de conscience : nous allons l’y aider en 2024 avec les futures élections européennes. » Rendez-vous pris.

Marc Baudriller
05/06/2023

Source : Boulevard Voltaire

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