Laurence Maugest, philosophe, essayiste.
♦ L’élection de Donald Trump, avec son mur en ligne de mire, est un point de freinage au « droitdelhommisme ». Religion sans Dieu qui prêche l’amour de tous, essentiellement des plus lointains, au détriment des solidarités de voisinage. Religion « très théoriquement » généreuse qui est, en définitive, un amour de l’autre par jumelles interposées. Une charité lointaine capturée dans une distance optique que l’on peut identifier comme « idéologique ».
Aseptisée de tout contact humain, cette idéologie « des bobos » de tous les continents assure que les frontières doivent s’ouvrir à « tous » et offrir à ce « tous » les mêmes droits qu’aux indigènes qui ont fait leur pays. Le « droitdelhommisme », religion séculière occidentale et maintenant soubrette du cosmopolitisme financier, est en définitive une secte qui n’a pas su s’imposer comme une religion majoritaire aux Etats-Unis. La classe politico-médiatique, toute concentrée qu’elle fût par son rôle de prédicatrice, constate avec effroi qu’elle n’a rien senti, rien vu venir. Son agitation
et ses réactions presque candides ne sont pas sans rappeler les soubresauts dans les parties de chasse ou les clubs de thé des colons d’Afrique ou d’Asie. Les similitudes sont évidentes : les colons réalisèrent, le plus souvent, le mal-être des peuples indigènes au moment ultime des révolutions qui allaient les renvoyer chez eux plus ou moins brutalement. A l’identique, les oligarques mondialisés découvrent aujourd’hui, étonnés, la persistance du sentiment patriotique et souverainiste au sein des peuples. Les « prêtres » et les adeptes du « droitdelhommisme » sont atteints par les pathologies sectaires habituelles : ils transforment la réalité afin qu’elle puisse accréditer leurs dogmes et se bercent d’illusions. Tout à leur endoctrinement, ils sont dans l’incapacité de comprendre qu’aux Etats-Unis, en Angleterre, en France… nombreux sont les réfractaires à leurs messages mondialistes, pro-migratoires, qui dans le monde réel favorisent la prolifération d’une injustice criante.
Un mal profond
La repentance exprimée par certains journalistes risque fort de n’être que très superficielle. Eloignés du monde réel comme ils le sont depuis des décennies, leur idéologie, nous pouvons le redouter, s’est substituée à leur conscience. Ils regrettent le fait de n’avoir pas été capables de repérer les mouvements « nationalistes » afin de pouvoir les contrer. Mais ils sont bien loin de faire l’hypothèse d’un certain « bon sens » du peuple qui les amènerait aux véritables raisons de ce choix électoral. Nous constatons d’ailleurs que leur endoctrinement persiste et que leur regret de ne pas avoir compris les électeurs de Donald Trump se métamorphose déjà en irrespect de ces mêmes électeurs. En effet, la réaction des journalistes est éloquente au sujet des manifestations contre l’élection de Donald Trump qui sont de la même teneur que celles qui se déroulèrent après le Brexit en Grande-Bretagne : un déni de démocratie accepté, au bas mot, par la classe médiatique pourtant si prompte à s’exprimer. En effet, leur aversion pour Donald Trump, pour le Brexit et encore pour Vladimir Poutine est aussi évidente que leur atonie face à ces manifestations qui remettent en cause le choix du peuple. La ligne rouge des cosmopolites n’a donc aucun lien avec celle de la vraie démocratie qui est intrinsèquement la souveraineté du peuple.
Un mal dangereux
Les despotes politico-médiatiques ont en horreur toutes formes de discrimination car elles desservent, entre autres, l’immigration massive. « Les peuples n’existent pas » dans le monde de leur illusion où l’égalitarisme règne en maître. La religion séculière des droits de l’homme est une religion sans Dieu, sans aucune transcendance, car seul l’homme est divinisé (1). Les réactions des peuples auxquelles nous assistons sont encourageantes. Elles devraient, en s’inscrivant dans l’histoire, être plus fortes que le diktat désincarné des droits de l’homme tels qu’ils sont imposés par l’oligarchie financière. Mais pour éviter toute dérive du retour du balancier, sans âme et destructeur, de vrais politiques devraient être les murs porteurs de cet élan s’ils n’étaient pas aussi occupés par leur simple carrière. Il est temps de s’écarter « du tout à l’ego » (2) et de se concentrer sur l’importance et les charmes de l’humanité qui vient.
Du temps et de la réflexion : une liste d’union pour la souveraineté de la France
En France, les élections approchent. Il serait bien que les politiques patriotes s’unissent autour de sa souveraineté : une union atypique sur des points fondamentaux « très loin des murs » afin qu’ils ne fassent pas d’ombre sur les axes essentiels à défendre. Les sentiments et les ressentiments du peuple pourraient être intégrés dans une réflexion collective avant que l’individualisme, bien contemporain, n’en fasse de la revendication agressive, voire une ségrégation assassine en réponse à la dictature de l’égalitarisme. Il faut profondément se méfier des réactions de défense contre cet égalitarisme despotique qui vient depuis des années, en effraction, éradiquer races, cultures et identités sexuelles. Si tout cela n’est pas compris, si nous ne travaillons pas particulièrement avec la Russie qui a su sauvegarder l’essentiel dans sa traversée du communisme, si nous réagissons en situation de survie contre l’islam, la réaction pourra être sanglante, raciste, sexiste et homophobe, cette fois pour de vrai. Si, tétanisés, nous ne réagissons pas, c’est l’islamisme sanglant, sexiste, raciste et homophobe qui nous fera définitivement sortir de l’histoire, donc de la vie.
Il y a une troisième voie : la défense de la souveraineté de la France maintenant, tout de suite. Aux politiques d’être visionnaires et de savoir prévenir les douleurs du peuple et veiller à son avenir.
Le Brexit et l’élection de Donald Trump disent à nos politiques « le peuple n’attend que cela ». Le peuple est peut-être mûr pour redevenir le peuple de France mais les politiques sont-ils assez amoureux de leur pays pour tenter l’aventure ?
Laurence Maugest
10/11/16
Notes :
- Jean Louis Harouel, Le Vrai Génie du christianisme, Jean-Cyrille Godefroy, 2012.
- Lu, malheureusement je ne sais plus où. Ce n’est pas une formule c’est une souffrance. C’est le problème fondamental.
Correspondance Polémia – 13/11/2016
Image : Un mur gris, des panneaux d’avertissement jaunes, des barbelés, des drapeaux américains et Donald Trump en sûreté au milieu… L’artiste de rue et plaisantin Plastic Jesus a réalisé le mur dont rêve Donald Trump, mais au lieu de l’ériger le long de la frontière mexicaine, il l’a bâti autour de son étoile sur le Hollywood Walk of Fame.