Ils ont donc réussi ce qui était, paraît-il, impossible. Ils étaient méconnaissables, mais les Ukrainiens aussi. Cette victoire tombe décidément bien pour tout le monde. Certains diront trop bien pour un pouvoir qui tente de combattre le pessimisme et qui essaye de reconquérir l’opinion par sa dernière carte : l’antiracisme idéologique.
La suspicion peut-elle aller jusqu’à envisager un match trop bon pour être honnête ? On ne peut totalement l’écarter. Mais on ne peut pas le prouver et l’essentiel, de toute façon, est ailleurs, dans l’hystérie disproportionnée des réactions médiatico-politiques. On est passé en quelques jours du mépris de « racailles » du ballon rond à l’adulation de nouveaux héros nationaux. Les mêmes qui leur crachaient dessus leur lèchent les crampons.
Et puis, il y a les messages subliminaux, ceux de l’esprit de 1998. En gros, la France de la diversité serait de retour et aurait marqué 3 à 0 contre le FN et l’esprit xénophobe. Il faudrait tout de même se souvenir de ce qu’il est advenu de l’exploitation politique de la victoire de la Coupe du monde. Une exploitation similaire en 2013 pour ce qui n’est pour le moment qu’une simple qualification.
Comme par hasard les médias ont amalgamé cette sélection à celle de l’Algérie dont les drapeaux étaient présents sur les Champs et les supporters violents sur le Vieux Port de Marseille. La propagande politique n’a jamais quitté les commentaires sur une victoire inespérée confirmant que nos médias sont des propagandistes politisés.
Cela peut-il marcher ?
On peut le penser en regardant les images de foules en liesse et de supporters déchaînés. On peut le penser en regardant les visages de benêts satisfaits des commentateurs. On peut le penser en écoutant les analyses des politiciens. Le président qui ne devait pas y aller s’est rendu au stade au dernier moment. Quel flair tout de même !
Alors si l’on dit que ce n’est que du foot et rien d’autre et pas un titre mais une simple qualification, ce qui pour un pays comme la France n’est pas un exploit, on prend le risque de se ranger du côté des xénophobes et des factieux qui en veulent à notre magnifique République de la diversité retrouvée.
Eh bien on en prendra le risque.
Jean Ansar
Source : metamag.fr
21/11/2013