« J’ai changé, je vous ai compris. J’ai fait des erreurs…»
Nicolas Sarkozy est de retour en politique. Il a d’abord fait courir le bruit, puis a publié un « statut » sur Facebook, expliquant les raisons de son come-back dans le style des films à suite hollywoodiens. Un plan média bien rodé pour concourir à la présidence d’une UMP qu’il entend rénover de fond en comble. Il se présente en homme neuf ; pire, il se pense homme providentiel, sauveur de la France (et des journaux) !
Dans la lignée de son premier message de vendredi, Nicolas Sarkozy est intervenu au journal de 20 heures de France 2 ce dimanche. Une tribune de roi pour un homme retiré depuis déjà deux ans. Comme attendu, l’ancien président a tenu une ligne incompréhensible, piochant du centre au FN. Il s’est grimé en rassembleur et a proposé de changer le nom de l’UMP, en tenant son fameux couplet : « J’ai changé, je vous ai compris. J’ai fait des erreurs…» Moi. Je.
Nicolas Sarkozy n’a pas de colonne vertébrale idéologique. Un jour, il invoquera le pays réel, un autre, la nécessité pour la France de se faire aux «réalités de la mondialisation». Libéral, social ou patriote, l’homme du passif se contredit sans rougir, peut-être même s’en amuse-t-il. Comment peut-il imaginer qu’il apaisera et incarnera la France historique ? Il est probablement aveuglé par son immodestie.
Qu’a fait Sarkozy en cinq ans de présidence ? Des effets d’annonce, des déclarations ; mais au-delà de ça, pas grand-chose, à part des idioties que nous payons encore. La dette publique a augmenté de 600 milliards d’euros, 1 million d’immigrés légaux sont entrés entre 2007 et 2012, et au bas mot 1 million supplémentaire d’immigrés clandestins, le traité constitutionnel européen passé en force sans respect pour la parole du peuple, l’armée française est allée se battre en Libye sur les conseils de Bernard-Henri Lévy…
Pire fut l’attitude. Nicolas Sarkozy a personnalisé le pouvoir et a « peopolisé » la fonction présidentielle, tout obnubilé par les spotlights qu’il était. L’homme de la méritocratie affichée en étendard a même essayé de placer son fils, qui n’était alors même pas licencié en droit, à la tête de l’Établissement public pour l’aménagement de la région de la Défense (EPAD), démontrant par là que sous l’enveloppe populaire se cachait un bourgeois post-moderne enclin au népotisme !
François Hollande et Nicolas Sarkozy sont des jumeaux politiques : sur le fond, ils ont le même programme fait de soumission aux intérêts bruxellois et américains. Leur vision de la France est celle d’un petit pays plongé dans un grand tout uniforme et gris. La présentation est néanmoins bien différente. En 2007, l’homme aux Ray-Ban était allé au mont Saint-Michel, sur les conseils de Patrick Buisson, pour donner un atour « barrésien » à sa campagne. Mais sa colline ne fut pas inspirée, et jamais il ne gravit l’échelon qui sépare le politicien de l’homme d’État car il n’aime pas la France, comme il l’avait confessé à Philippe de Villiers en 1999.
Depuis lors, Nicolas Sarkozy n’a pas changé, il reste un histrion.
Gabriel Robin
Source : Boulevard Voltaire
21/09/2014
Photo : Nicolas Sarkozy en décembre 2006. Source : Wikimédia Commons. Auteur : European People’s Party