À la Porte Dorée, François Hollande a relancé la rengaine de l’immigration heureuse et redonné la migraine à notre identité malheureuse. La France a mal à sa mémoire. Les immigrés, une chance pour la France ; le maintien de la passoire Schengen ; le vote des étrangers, François Hollande a sorti le drapeau rouge, façon de rallier les siens, et d’exciter les autres. Par Christian Vanneste
Ce discours illustre la décadence intellectuelle et morale accélérée de notre pays. D’une part, l’idéologie de la haine de soi exerce sur les débats une pression quasi totalitaire qui proscrit toute référence à l’identité nationale au profit de l’adulation des différences, c’est-à-dire de l’identité des autres. D’autre part, le sujet fait l’objet d’une manipulation politicienne d’un niveau qui ne relève pas celui du pays.
Donc « notre » président a inauguré la Cité nationale de l’histoire de l’immigration. Curieuse inauguration d’un musée ouvert depuis 2007 ! Sa genèse en dit long sur l’inconscient chargé de notre nation.
À la Porte Dorée, à Paris, il y avait un lieu consacré à valoriser la mission colonisatrice et civilisatrice de la France, qui avait (quelle horreur !) abrité l’Exposition coloniale de 1931. Comme il avait été vidé des collections transportées au Quai Branly, la pyramide de Chirac, on a pensé à une autre destination. Suggérée à Lionel Jospin par l’Association pour un musée de l’immigration, regroupant des historiens et des militants puisque, paraît-il, la distinction s’impose, l’idée d’un remplacement du culte du rayonnement français par son contraire, la repentance coloniale et la richesse des apports de l’immigration, s’est imposée.
Son aménagement a coûté 20 millions d’euros, son coût de fonctionnement est de 7 millions. Il n’accueille que 100.000 visiteurs par an dont 80% bénéficient de la gratuité, et dont une grande partie est constituée par le public captif des écoles. C’est peu à côté du 1,3 million du Quai Branly, des 9 millions du Louvre et des 7 millions de Versailles.
Un Groupement d’intérêt scientifique lui est adjoint pour la recherche, qui est financé lui aussi par l’État à hauteur de 1,15 million. Si la Cité affiche parfois 365.000 fréquentations, c’est grâce à l’Aquarium du sous-sol, survivance du premier occupant. « Un musée fantôme à la dérive », a pu juger un observateur. Pendant ce temps, la Maison de l’histoire de France était mise au placard. La peu regrettée Aurélie Filippetti annonçait son abandon en août 2012.
Ce double échec du maintien d’un équipement inutile, coûteux et boudé par le public et du renoncement à un beau projet national est un symptôme alarmant de la maladie idéologique qui mine notre pays. Celle-ci se traduit par une inversion des valeurs, une stigmatisation de tout ce qui peut exprimer son unité, son identité et sa grandeur et, au rebours, une valorisation de ce qui peut l’incliner à la repentance et à la haine de soi.
Le choix d’un musée et le rejet de l’autre, c’est la victoire de l’idéologie suicidaire sur l’idéologie conservatrice. Que l’on puisse qualifier de « dangereux » ou de « trouble identitaire » un musée consacré à l’histoire de France relève évidemment du contresens. Un jeune immigré voudra davantage s’intégrer à un pays auquel il sera fier d’appartenir en visitant Versailles, qu’en lui opposant sa culture d’origine redécouverte à la Porte Dorée lors de l’exposition « Générations ». Découvrir une « identité collective », fonder la citoyenneté sur « l’altérité réciproque » sont des formules creuses, voire contradictoires et absurdes.
« La peur s’est installée en France sur la question de l’immigration. Il faut inverser le courant », disait Benjamin Stora, président du conseil d’orientation de l’institution et ex-trotskiste. On retrouve dans cette formule deux marques de l’idéologie dominante : l’opposition à certains phénomènes sociaux relève du préjugé, du sentiment, du fantasme. Il faut redresser, remettre dans le droit chemin, imposer la « vérité ». Bref, le peuple se trompe, il faut le rééduquer… La démocratie, au contraire, écoute le peuple et tient compte des élans qui, chez lui, correspondent à un vouloir-vivre naturel. L’identité, la fierté nationales ne sont pas des obstacles à l’assimilation, mais au contraire des moyens efficaces qu’on a eu le grand tort d’abandonner.
Christian Vanneste
Source : Boulevard Voltaire
16/12/2014