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La mention d’un « retour aux années 30 » est une expression souvent employée à gauche pour décrire une situation pré-insurrectionnelle qui verrait des milices d’extrême-droite, armées jusqu’aux dents et animées d’intentions mauvaises, aux portes du pouvoir. Plus précisément, c’est une référence à l’agitation politique qui suivit la crise de 1929 et à la constitution de ligues nationalistes dans différents pays d’Europe. En France, la manifestation patriotique du 6 février 1934 contre la corruption du Cartel des gauches, très durement réprimée par le pouvoir en place, a marqué les esprits. Le « retour aux années 30 » ou à « la crise des années 30 » est depuis régulièrement agité comme un épouvantail par différents militants de gauche, souvent à la veille d’élections (évoquant la menace fantasmagorique d’un « péril fasciste » si la droite revenait au pouvoir).

Quelques exemples :

« La thèse d’un retour aux années 1930 est insoutenable » (Serge Bernstein, lemonde.fr, 10 novembre 2018) : D’inquiétantes similitudes existent bien avec la situation de l’entre-deux-guerres, mais rien ne permet aujourd’hui de dire que l’Europe est entrée dans le même engrenage mortifère, estime l’historien Serge Bernstein dans une tribune au « Monde ».
Retour des années 30 : l’impossible déni (Alain Duhamel, liberation.fr, 7 septembre 2016) : Comme dans l’entre-deux-guerres, la poussée du populisme en Europe déconstruit le consensus démocratique…
Le parfum aigre des années 30 (Alain Duhamel, liberation.fr, 20 mars 2014) : Depuis que l’on observe une montée incontestable des populismes et de l’extrême droite en Europe, la comparaison avec les années 30 suscite un débat…
Existe aussi dans sa version « L’aigre parfum des années 30 », même logorrhée (Alain Duhamel, liberation.fr, 27 mars 2013) : La soudaine radicalisation du débat politique français n’est pas une surprise mais ressemble à un fracassant tir de semonce. C’est l’aigre parfum des années 30 qui ressurgit brusquement…
Les années 1930 ne sont pas de retour… à moins que (lexpress.fr, 6 décembre 2022) : Les nazis sont parmi nous. La crise revient. Les nationalismes gagnent du terrain…
La Grande Peur des juifs de France (Bernard-Henri Lévy, laregledujeu.org, 16 septembre 2014) : Et ce « sifflement inaudible à l’oreille commune » dont parlait Levinas dans un texte sur le climat des années 30 que je n’ai jamais pu lire sans un frémissement d’effroi rétrospectif, ce « vent glacial »…
Retour des années 1930 ? (France Inter, 30 mars 2019) : Agité par Emmanuel Macron puis largement relayé par les médias, le spectre des années 30 qui pèserait sur notre époque…
Les années 30 sont de retour (Claude Askolovitch, Pascal Blanchard, Renaud Dély, éd. Flammarion, coll. Documents, témoignages, 15 octobre 2014) : Les haine et les peurs de notre temps ont un parfum de redite, celui des années 30…

Etc…

En ce sens, la référence aux années 30 est une sorte de « point Godwin » (référence systématique au nazisme, au fascisme, à Hitler etc… auxquels sont associées les idées d’un adversaire pour les décrédibiliser). Dans le même esprit, le philosophe Leo Strauss a inventé dès 1953 l’expression ironique de « Reductio ad Hitlerum ».

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