Par Laurence Maugest, philosophe, essayiste ♦ Alors qu’Emmanuel Macron s’inscrit pleinement dans un contexte global de haine du passé et de glorification de l’« homme nouveau » égalitaire, Laurence Maugest lance un appel à la résistance.
« L’ancien monde » n’est pas un Atlantide
Il n’est pas anodin que M. Macron ironise « l’ancien monde ». Il tient là les propos d’un Philippe Egalité avec cette même haine assassine du passé qui anéantit toute chance d’évolution saine et naturelle à notre société. Une nation, comme un individu, aura de profonds soucis d’identité si elle se bâtit contre ce qui l’a construite au lieu de grandir par et avec son histoire réelle et complexe.
Ce terme « d’ancien monde » est une bombe de destruction massive des racines nourricières de notre avenir. Il est usité et répété à l’envie dans le seul but de se débarrasser de la continuité historique de notre pays pour bâtir une France calibrée à la communauté économique européenne avant, sans doute, qu’elle ne s’inscrive dans un projet géographiquement plus ambitieux.
Maltraiter le passé pour mettre à mal le patriotisme
Nous le savons que notre France perd le fil de son histoire sous le joug de ses détracteurs dont la cible de prédilection est le patriotisme de ses enfants. En effet, il en va de la guerre comme du développement d’un pays, le patriotisme est ce qui permet d’avancer et d’atteindre la victoire. M. Macron et ses adeptes cherchent, en détachant la France de son évolution charnelle et spirituelle, à figer le passé, le rendre inactif, le désamorcer pour faire des français orphelins et fragiles. L’objectif est de s’assurer de l’atonie des français face à la révolution des mœurs imposée aussi bien par l’immigration massive que par le cosmopolitisme étouffant.
La haine portée au passé s’exprime particulièrement clairement dans l’exécration du terme « français de souche » dans l’univers médiatico-politiquo bruyant. Ici, il semble que le « français » soit aussi honni que la souche pétrie de terre et de sève.
La détestation de ce passé est portée par la prétention de témoigner de son inutilité, dans le monde moderne qui ne doit répondre qu’aux enjeux économiques globalisés du temps T qui est celui de l’homme, hors sol, de l’instant, autodéterminé et tout puissant.
« L’homme nouveau » enfant désiré des utopies porteuses de totalitarisme
Si l’on rapproche ce constat de maltraitance faite à l’histoire aux progrès des neurosciences et de la robotique qui agitent l’étendard du transhumanisme, l’homme tend ainsi à s’écarter autant de sa lignée philosophique, politique et spirituelle inhérente à la recherche de son passé que de son lignage biologique. Oui, l’éclosion du « nouvel homme » semble imminente. Dégringolé du temps long, il s’auto suffit. Son histoire lui importe peu, d’ailleurs il peut la modeler à sa guise, la transformer, la déformer, la caricaturer, la falsifier (nos ancêtres les Sarrasins), elle n’est plus qu’un gadget à obsolescence programmée.
Il s’agit bien là de « l’homme nouveau » qui réfute toute influence, ne supporte pas l’idée d’un Dieu ou d’un ordre naturel. Cet être parfait auto-créé par l’homme lui-même serait l’aboutissement d’un vœu porté depuis la nuit des temps par ceux qui réfutent un sens à la vie dépassant l’homme, qui vaquent dans un abyssal nihilisme où la notion même de création est niée. Le nombre d’avortements, l’avancée de l’euthanasie et bientôt du suicide assisté, tout cela montre que l’homme se destine à être le Dieu de son univers.
Nous connaissons pourtant les effets de la toute-puissance de l’homme qui ne sont jamais aussi dangereux que lorsque celui-ci se destine à bâtir un paradis sur terre. Tous les totalitarismes, par leurs enfers, en témoignent.
« Le monde nouveau » enfant du progressisme tyrannique
L’état d’esprit progressiste que nous subissons actuellement avec une violence qui va en s’accroissant est un véritable dictateur qui nous oblige à nier la réalité, les évidences (Des petites filles sont des petits garçons, l’inverse peut être vrai aussi). Il va jusqu’à s’immiscer dans nos vies amoureuses et dans nos assiettes et nous distraire sans cesse de l’essentiel par des scandales qui s’enchainent.
La nature niée, seul un monde parfaitement artificiel, construit de l’unique volonté de l’homme est reconnu. Un monde fait de codes sociaux où la morale a disparu. Un monde de l’instant où l’on fait briller sa générosité dans l’accueil insensé de milliers de migrants en se moquant totalement de l’avenir à long terme des populations en jeu, un monde obsédé par l’humanisme où l’humanité n’existe plus, un monde où l’on se croit enfant du monde en ignorant tout de la culture des pays en commençant par le sien. Ce « nouveau monde » où l’on se gargarise d’égalité en jetant « l’ancien monde » et tout ce qui en découle dans la fange sans ménagement aucun.
« L’ancien monde » porte l’avenir de la France, il suffit de l’entendre
Il nous faut donc braver les assertions régulières des possesseurs d’oliphants que l’on entend évidemment d’avantage que l’ancien monde qui continue pourtant à vivre et à évoluer dans ce que l’on nomme la France périphérique qui doit être le centre de nos préoccupations.
Le taux d’abstention le montre clairement, ainsi que de nombreuses études, cette France-là n’aime pas le « nouveau-monde ». Il suffit simplement de lui donner la parole, de mettre en place en quelque sorte une démocratie directe (informelle pour l’instant) qui doit être entendue (vue que les urnes lui sont refusées ou vidées dans les bennes).
Nous savons ce que les français veulent : la sécurité physique et culturelle, une priorité nationale pour les entreprises, les agriculteurs, les salariés, les chômeurs, les retraités, les malades – Une école où l’on apprend à lire, à compter, à comprendre, à respecter les valeurs de la France réelle, …
De la réflexion à l’action, les seules chances pour la France :
– L’union autour d’un projet commun des acteurs associatifs, politiques et culturels
– L’éveil des français qui actuellement souffrent ou dorment
Seul, le peuple de France peut sauver la France réelle s’il retrouve la confiance qui peut le sortir de sa léthargie ou de sa peur.
Seuls de vrais patriotes peuvent favoriser cette réaction du peuple, s’ils s’unissent sur le plus petit dénominateur commun de la vraie droite en assumant ses valeurs, sa nature profondément populaire et son caractère conservateur capable de laisser libre cours à la continuité historique de notre France.
Les associations de résistance sont nombreuses, nous sommes riches d’intellectuels et d’experts clairvoyants, les points de vue convergent sur les raisons de l’état dramatique de notre pays, nous en connaissons les causes.
Les acteurs politiques et associatifs qui portent les valeurs enracinées de notre histoire doivent être conscients que renoncer à cette union c’est donner en pâture la France à des pouvoirs insensés.
Tomber dans le fatalisme ou le pessimisme c’est tout simplement border ce « nouveau monde ».
C’est un devoir de tenter l’union des résistances pour la France.
Laurence Maugest
20/02/2019
Bibliographie
Jean-Louis HAROUEL Droite-gauche : ce n’est pas fini, Paris, Desclée de Brouwer, 2017,
Bérénice LEVET Le Crépuscule des idoles progressistes, Paris, Stock, 2017, 300 p.
Guillaume BERNARD La guerre à droite aura bien lieu : Le mouvement dextrogyre, Paris, Desclée De Brouwer, 2016.
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