Les médias déconcertés et dépités ont pris acte que la France ne pouvait avoir de gouvernement sans l’assentiment du Rassemblement national. Le parti diabolisé et exclu est devenu maître du jeu.
Le RN, devenu incontournable
Comment en est-on arrivé là ? Le président Macron s’attendait à une victoire du RN aux élections européennes. Il ne pensait peut-être pas qu’elle serait d’une telle ampleur. Mais des conseillers lui ont suggéré, dans cette perspective, de dissoudre l’Assemblée nationale pour constater la victoire du RN et appeler Bardella à Matignon afin de le griller, lui et ses idées, dans les trois ans avant la présidentielle. C’était idiot puisque les européennes n’ont aucun impact direct sur les équilibres politiques franco-français. Les dissolutions se passent rarement comme prévu. Le calcul du président a été court-circuité par l’union des gauches, dominée par LFI, et le retour pavlovien du front républicain antifasciste. Résultat : le RN se contente de 143 députés et est immédiatement diabolisé et exclu du jeu républicain et de tout rôle institutionnel au Parlement en dépit des règles. Chassé par la fenêtre, il y retourne par la grande porte. En effet, dans une assemblée divisée en trois blocs, aucun gouvernement n’est possible sauf si le parti de Marine Le Pen adopte une neutralité critique, un soutien sans participation. Pas possible pour un Cazeneuve, impossible pour un Bertrand. Jouable pour un Barnier. Et les médias de constater que l’infréquentable est devenu un interlocuteur incontournable. La gauche est au bord de l’AVC et le bloc central tétanisé. Le système est devenu le serpent qui se mord la queue.
Michel Barnier, une nomination qui enrage la gauche
C’est donc le Savoyard très enraciné Michel Barnier qui devient premier de corvée. Son grand atout, c’est son âge. Contrairement à un Attal né dans la Rome décadente du Bas-Empire, lui a vu et vécu le déclin, pour ne pas dire la décadence, de la république. C’est ce qui explique sans doute son évolution. Il y a des accents souverainistes dans son européisme originel. Sur l’immigration il est parfois proche de propositions du RN. Le Barnier d’aujourd’hui n’est sans doute pas celui d’hier, on peut l’espérer tout en se méfiant que sa nature originelle ne revienne au galop. Sa nomination a envoyé tout de même quelques signes jubilatoires de joie mauvaise mais assumée. Tout d’abord, dès son discours de passation de pouvoir, il a remis le RN dans « l’arc républicain ». Mais pouvait-il faire autrement ? Surtout, il a morniflé le petit jeune ministre. Le discours d’Attal, insupportable par la longueur et la prétention, a été pulvérisé par la courte intervention ironique de Barnier qui n’a peut-être pas d’humour mais qui a un certain esprit de repartie. Il a envoyé Attal à son bilan de huit mois, à ses dossiers et à ses leçons. Le jeune Premier ministre de la macronie, qu’il a quitté comme son mentor quittant Hollande sentant sa fin venir, a été traité comme un petit enfant doué mais malpoli et qu’il fallait remettre à sa place. Le monde d’avant s’est imposé, dans la cour de Matignon, au monde d’après. La fumisterie macroniste vit ses derniers jours. Elle a vécu. Reste les défis de Barnier, et à savoir concrètement si ce qu’il a vu lui aura permis de rompre avec certaines illusions européistes et migratoires. Il paraît donner des signes mais on peut encore en douter. Il aura permis cependant au RN de retrouver son rôle républicain, à Attal d’être humilié et aux Mathilde Panot, Ersilia Soudais et autres furies de l’extrême gauche de s’étouffer dans leurs propres éructations.
Un peu d’air de montagne quand on vit dans un marigot putride, même si le sommet paraît trop haut pour le grimpeur, cela fait du bien.
Pierre Boisguilbert
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