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« Menteurs et affabulateurs de la Shoah » de Anne Kling

« Menteurs et affabulateurs de la Shoah » de Anne Kling

par | 16 juin 2013 | Médiathèque

« Menteurs et affabulateurs de la Shoah » de Anne Kling

Anne Kling n’aborde jamais de front les interdits de la loi Gayssot mais le thème aussi bien que le titre de son livre risquent fort de lui attirer les foudres de la « police juive de la pensée » dénoncée en avril 1990 par Annie Kriegel dans les colonnes du « Figaro » et décrite dans le film récemment consacré à Hannah Arendt. C.G.

Il est vrai que l’auteur aime s’attaquer aux sujets qui fâchent. Publiée en 2006, la première étude de Mme Kling décrivait La France LICRAtisée. Deux ans plus tard, la deuxième s’intitulait Révolutionnaires juifs / Les principaux auteurs des révolutions bolcheviques en Europe et, en 2010, son troisième livre, paru comme les deux précédents aux éditions Mithra, traitait du CRIF, un lobby au cœur de la République.

Elle a ainsi été conduite tout naturellement à s’intéresser à ceux qui ont permis la « LICRAtisation » de notre pays et la transformation du CRIF en puissant lobby : les « passeurs d’Holocauste ». Ces derniers, par leurs dramatiques écrits autobiographiques (aussitôt traduits en de très nombreuses langues), ont, à partir des années 1960 de l’autre siècle, éveillé le monde à l’ « indicible » et lui ont instillé une durable mauvaise conscience pour tout ce qui concerne les persécutions antijuives, désormais regroupées sous l’appellation magique de « Shoah ». Résultat : une confortable rente est assurée aux survivants et continue d’être versée à ce jour puisque, le 13 février dernier, Tel Aviv se disait « scandalisé » par la décision prise par l’Allemagne (qui a déjà déboursé en réparations quelque 70 milliards de dollars) de « différer les indemnités dues aux juifs qui ont travaillé [dans les camps] pendant la Deuxième Guerre mondiale ».

Passeurs de Shoah, créateurs d’illusions

Or, ces « passeurs », en commençant par les plus illustres d’entre eux tels les Polonais Jerzy Kosinski et Mietek Grajevski dit Martin Gray ou le Roumain Elie Wiesel, ont avant tout été des affabulateurs, quand ils n’ont pas carrément pratiqué le mensonge le plus cynique. Confrontant leurs écrits ou leurs propos successifs, l’auteur énumère les approximations, les invraisemblances géographiques ou historiques et surtout les contradictions entachant ces monuments fondateurs de la Mémoire.

Comment, publié comme roman lors de sa parution en France chez Flammarion en 1966, l’ébouriffant Oiseau bariolé de Kosinski, abondant en scènes grand-guignolesques dans des lieux jamais précisés, est-il devenu au fil du temps témoignage irrécusable ?

Comment, tout aussi échevelé et mélodramatique, La Nuit de Elie Wiesel, a-t-il pu être considéré, lui aussi, comme un document incontestable ?

Comment le Journal d’Anne Frank peut-il être enseigné dans les écoles de la terre entière comme parole d’Evangile alors qu’il fut récrit après-guerre par son père qui, pour mieux séduire le public, y ajouta maintes scènes et réflexions de son cru ?

Comment, rédigé en réalité par Max Gallo accumulant les coups de théâtre et le mélo à la manière d’Eugène Sue, le délirant Au nom de tous les miens, signé par Martin Gray, a-t-il connu un succès fulgurant alors qu’en matière professionnelle (le commerce d’antiquités), le pseudo-mémorialiste avait déjà une solide réputation de faussaire ?

Comment le Treblinka de Jean-François Steiner put-il être encensé par Françoise Giroud, François Mauriac et Philippe Labro (qui y voyait « l’un des livres les plus importants écrits sur l’univers concentrationnaire ») alors que ses invraisemblances historiques sautent aux yeux ? Par exemple quand il écrit froidement que « huit cent mille juifs ont été gazés en dix mois » à Treblinka ; soit, écrit Anne Kling, « une hécatombe de plus de 2.600 par jour sans aucune interruption », une hécatombe dont les victimes, ou plutôt leurs restes, n’ont jamais été localisés bien que ce camp n’eût pas compté de crématoires où les faire disparaître.

Comment l’inepte Survivre avec les loups commis par la prétendue juive Misha Defonseca (en réalité Monique De Wael, une catholique belge) a pu être distribué aux écoliers puis tourné à l’écran alors qu’avec son émouvante petite héroïne, adoptée par une meute de loups en transhumance dans toute l’Europe orientale, on nage tout du long dans le conte de sorcières ?

Et ne parlons pas d’autres cas moins médiatisés comme celui du syndicaliste catalan Enric Marco, soi-disant rescapé du mouroir de Flossenbürg et multipliant les conférences sur son « martyr » alors qu’il avait bien séjourné en Allemagne mais… comme travailleur volontaire ! Parfait mythomane aussi, le Suisse chrétien Bruno Grosjean s’inventant une nouvelle identité, Binjamin Wilkomirski, et de terrifiantes épreuves dans le camp de Majdanek ; son récit fit pleurer et se repentir toute l’Allemagne où avait été publiée la première édition de son livre.

Lobbies communautaires et tyrannie médiatique

Anne Kling pointe l’activisme des « lobbies communautaires » sévissant dans la presse internationale, l’édition, la télévision ou le cinéma, acharnés à donner des « heures les plus sombres » la vision la plus horrifique, comme si la seule réalité des camps n’était pas suffisante à leurs yeux. Elle incrimine aussi la jobardise de tant de journalistes, ignorantins dépourvus de tout bon sens, avant tout friands de sensationnel… et refusant de brûler ce et ceux qu’ils ont adorés, même quand leur est apportée la preuve formelle des manipulations. Mais on sait que, prompte à imposer ses diktats, la tyrannie médiatique répugne à reconnaître ses torts.

École révisionniste

Ce fut tout de même à l’honneur de certains confrères de démonter les mythes. Le Britannique Guy Walters, par exemple, s’attaqua au « géant » Simon Wiesenthal qui se présentait comme le plus grand chasseur de nazis in the world : il en affichait 1100 à son tableau, quand il n’y en aurait eu qu’une dizaine.

Mais le mérite du défrichage revient essentiellement aux chercheurs révisionnistes. C’est l’Américain Bradley Smith, fondateur du CODOH (Comité pour un débat public sur l’Holocauste), qui déboulonne la statue du nobélisé Elie Wiesel, le sommant – en vain jusqu’ici – de montrer enfin le matricule d’Auschwitz censé orner son bras. Et c’est le professeur Robert Faurisson qui, dès 1978, établit la vérité sur le Journal d’Anne Frank, ce qui lui valut deux ans plus tard cet hommage aigre-doux de son ancien condisciple de khâgne au lycée Henri IV Pierre Vidal-Naquet, qui l’avait pourtant traité d’ « assassin de la mémoire » : « Il arrive d’ailleurs à Faurisson d’avoir raison. J’ai dit publiquement et je répète ici, que lorsqu’il montre que le Journal d’Anne Frank est un texte trafiqué, il n’a peut-être pas raison dans tous les détails, il a certainement raison en gros et une expertise du Tribunal de Hambourg vient de montrer qu’effectivement ce texte avait été pour le moins remanié après la guerre, puisque utilisant des stylos à bille qui n’ont fait leur apparition qu’en 1951. »

Anne Kling ne cite pas Bradley Smith, comme elle ne mentionne pas dans sa bibliographie les ouvrages publiés par la maison d’édition Akribeia, pourtant pionnière en la matière. On comprend d’ailleurs cette précaution, que dément pourtant son titre : peut-être trop provocateur pour le remarquable travail de vulgarisation que constitue ce livre, un tel titre risque, du coup, de ne pas attirer un public aussi large qu’il le mériterait. Il s’agit pourtant d’une salutaire entreprise de démythification, menée, de plus, ce qui est toujours agréable, d’une plume vive et teintée d’humour.

Camille Galic
21/05/2013

Anne Kling, Menteurs et affabulateurs de la Shoah, 18 €. Editions Mithra, 13 mars 2013, 251 pages (sans index).

Camille Galic

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