Par Michel Geoffroy, auteur de : Le Crépuscule des Lumières, Immigration de masse. L’assimilation impossible, La Super-classe mondiale contre les peuples et La Nouvelle guerre des mondes ♦ Ils étaient venus. Ils étaient tous là au premier rang… enfin presque tous ; sauf Nicolas Sarkozy, le fils maudit… Hélas, c’était pour voir mourir la mamma, comme dans la chanson de Charles Aznavour. Une jeune mamma nommée Valérie Pécresse.
Je me voyais déjà
Les spécialistes de la communication avaient pourtant tout bien préparé.
Ils avaient décidé un super meeting, prenant ce qu’il y avait de mieux chez chacun des autres candidats. Le meeting allait relancer une campagne atone. Valérie s’y voyait déjà, comme dans cette autre chanson d’Aznavour.
Une grande salle pour mener la candidate à son zénith avec des jeux de lumière tricolores. Un public nombreux. Des petits drapeaux que l’on agite tout le temps et des jeunes motivés qui scandent des slogans devant la caméra, comme dans les réunions d’Éric Zemmour.
Un micro comme celui qu’ont les chanteurs ou les humoristes.
Un petit finale intimiste comme chez Marine Le Pen, avec en plus des enfants « très émus ». Valérie allait faire pleurer dans les chaumières, coco !
Il y avait même quelques perturbatrices, mais, Dieu merci, les black blocs étaient invisibles. On leur avait confié une autre mission d’intérêt public, sans doute.
Hélas, on a vu
On allait voir ce qu’on allait voir. Las, on a vu.
On a vu d’abord que Valérie avait un peu de mal avec les discours et les prompteurs.
Elle a haché son texte laborieusement, enfilant les perles (dont le classique « nous sommes à la croisée des chemins » digne de feu l’humoriste Pierre Dac[1]). Manifestement Valérie n’est pas un orateur. Certes ce n’est pas indispensable quand on est président de la République, mais c’est handicapant quand on fait campagne pour le devenir…
Ses intonations pénibles, son sourire qui ressemble à un rictus et ses grands gestes, tout sonnait faux.
Sa détermination, sans cesse rappelée comme si elle n’allait pas de soi, avait du mal à convaincre, malgré les applaudissements de circonstance. Et les zooms sur le premier rang des soutiens politiques républicains montraient une certaine gêne : il n’y avait pas que Rachida Dati qui faisait la tête !
Un remake ou un pastiche ?
Sur le fond, le discours de Valérie semblait un remake ou plus exactement un pastiche de celui des autres candidats. Ne manquait que le programme de Mélenchon.
Son plaidoyer pour la Nouvelle France ressemblait au croisement monstrueux entre la « société bloquée » de Chaban-Delmas – un autre naufragé de la présidentielle, soit dit en passant –, la « fracture sociale » de Jacques Chirac, et « le changement, c’est maintenant » de François Hollande.
Valérie Pécresse a en effet promis de réinventer la France, la « France des cathédrales, celle des satellites, de Charles Péguy et celle de Marie Curie », qui voisine avec celle du « pavé de charolais » ! Quelle originalité, non ?
Pour le reste, un zeste de social sarkozien : travailler plus pour gagner plus et des retraites dignes. Un zeste d’immigration (« Je veux des quotas, le renvoi des clandestins, et, si un pays refuse de reprendre ses clandestins, ce sera, avec moi, zéro visa. »), un zeste de défense des familles et des héritiers, un zeste d’hôpital.
Bref, un zeste de tout.
Après le meeting le calvaire continue pour Valérie Pécresse
Malheureusement l’addition des zestes ne fait pas nécessairement une bonne cuisine. À vouloir contenter tout le monde un peu, on finit par tenir un discours inaudible à beaucoup. C’est le drame permanent des républicains, ces modérés qui trouvent toujours que l’eau du Rubicon n’est pas assez chaude à leur goût.
Ainsi se prétendre « patriote et européenne » à la fois ou affirmer vouloir « une France souveraine, une puissance d’équilibre, écoutée, respectée », tout en réclamant des sanctions contre la Russie, comme le reste de l’Otan, ne semble pas très convaincant.
À l’évidence, Valérie n’est pas non plus une virtuose de l’en-même-temps !
Mais le calvaire n’a pas cessé après le meeting. Les commentaires négatifs se sont multipliés et pas seulement sur les réseaux sociaux. Pour beaucoup, l’envol ressemble à un naufrage. Valérie a douché les espoirs politico-médiatiques placés en elle.
N’est pas Jeanne d’Arc qui veut
Certains attendaient la nouvelle Jeanne d’Arc qui, sous son armure républicaine, irait bouter le Macron hors de l’Élysée. Mais dimanche, sainte Valérie n’a pas accompli de miracle. À vrai dire, on s’y attendait un peu. L’élection présidentielle n’est pas une élection régionale.
Et, au surplus, sommée de se justifier pour avoir vaguement évoqué dimanche un remplacement migratoire, voilà que Valérie Pécresse s’en défend le lendemain ! On l’a mal comprise.
La dame de fer française qui prétend affronter les défis français avec courage et détermination recule déjà devant quelques journalistes.
Cela augure mal de la suite, d’autant que son espace politique est des plus réduits, entre Emmanuel Macron, Éric Zemmour ou Marine Le Pen.
Michel Geoffroy
15/02/2022
[1] Qui affirmait dans le même genre : « Nous sommes à la veille des jours prochains » !
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